Prendre des déchets de plastique et leur donner une seconde vie, voilà ce que propose l’Atelier Écodesign du cégep du Vieux Montréal. Entre les murs de l’atelier, des élèves transforment des cassettes en boucles d’oreilles, de vieux boîtiers en abat-jour et des manches de rasoir en œuvres d’art.

Recycler le plastique ne date certainement pas d’hier, mais l’Atelier Écodesign innove en le faisant « à même l’institution, pour essayer de régler le problème de déchets à l’intérieur des murs de l’école », explique Félix Beaudry, coordonnateur de l’atelier, en entrevue avec La Presse.

En plus de revaloriser le plastique qui autrement serait jeté, l’Atelier Écodesign vise à former des designers plus écoresponsables. « Chez les élèves, on voit vraiment un grand intérêt à travailler avec le plastique recyclé, remarque Félix Beaudry. Le but, c’est de donner la confiance aux gens que c’est possible. »

Faire renaître le plastique

L’Atelier Écodesign accueille le collectif Re-Produit, une activité parascolaire organisée par Yolaine Turcotte, enseignante en technique de design industriel. Chaque semaine, les 18 élèves membres du collectif se réunissent à l’atelier pour travailler aux projets de revalorisation du plastique. « Ce sont eux qui conçoivent les produits et qui font vivre l’atelier », explique Félix Beaudry.

Parmi les objets produits par le collectif, on compte des presse-papiers, des pots à fleurs, des boucles d’oreilles et des supports à vinyles.

  • Presse-papier conçu par Re-Produit

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    Presse-papier conçu par Re-Produit

  • Boucles d’oreilles conçues par Re-Produit

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    Boucles d’oreilles conçues par Re-Produit

  • Identificateurs à coupes conçus par Re-Produit

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    Identificateurs à coupes conçus par Re-Produit

  • Yolaine Turcotte, responsable du collectif Re-Produit, pèse du plastique granulé.

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    Yolaine Turcotte, responsable du collectif Re-Produit, pèse du plastique granulé.

  • L’Atelier Écodesign

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    L’Atelier Écodesign

  • L’Atelier trie le plastique granulé par catégories et par provenances.

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    L’Atelier trie le plastique granulé par catégories et par provenances.

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Pour arriver à ces résultats, les membres du collectif trient, granulent et transforment les plastiques en employant l’équipement de l’Atelier Écodesign. Les élèves vendent ensuite leurs produits en ligne et au cégep.

Même si le collectif fait « beaucoup de ventes », Félix Beaudry maintient que l’argent n’est que « la cerise sur le sundae ». Le technicien souligne que les activités de l’atelier aident à réduire l’écoanxiété des élèves. « L’impression d’avoir un impact, ça aide beaucoup dans leurs études », souligne-t-il.

Depuis ses débuts, l’automne dernier, l’Atelier Écodesign suscite un fort engouement auprès des élèves. « Leur engagement est vraiment formidable », souligne Yolaine Turcotte.

Les membres du collectif Re-Produit proviennent surtout du programme de design industriel du cégep, mais l’enseignante remarque une implication grandissante des élèves issus d’autres programmes.

« On essaie de favoriser ça, cette espèce de collaboration interdisciplinaire », renchérit Félix Beaudry.

Boucler la boucle

Pour récolter des déchets de plastique, Félix Beaudry compte sur une étroite collaboration avec les autres instances du cégep du Vieux Montréal. Il récupère entre autres les chaudières de produits nettoyants du centre sportif et les résidus de plastique générés par les autres ateliers de l’établissement.

Une fois qu’on a reçu un item en quantité suffisante, on trouve une manière de le transformer le plus efficacement possible.

Félix Beaudry, coordonnateur de l’Atelier Écodesign

Par exemple, pour concevoir un tableau en l’honneur des donateurs de la fondation du cégep, l’atelier a fondu et remoulé le plastique issu de centaines de masques de protection récoltés dans l’établissement pendant la pandémie de COVID-19. Il s’agit d’une des nombreuses manières dont l’atelier contribue à l’écosystème de l’établissement.

« On est pas mal occupés, il y a beaucoup de demandes », souligne Félix Beaudry.

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Félix Beaudry et Yolaine Turcotte

L’atelier a également conçu des trophées pour les Spartiates, les équipes sportives du cégep du Vieux Montréal, à partir de déchets de plastiques générés par une entreprise locale d’impression 3D.

Le travail de l’atelier est « un minuscule grain de sable dans toute la quantité de déchets qu’on a au Québec », concède Yolaine Turcotte. Mais l’intention première de l’enseignante est de susciter une réflexion sur « notre façon d’utiliser les ressources qu’on a déjà autour de nous ».

L’atelier étant encore jeune, Yolaine Turcotte et Félix Beaudry voient loin. Entre autres, l’acquisition récente d’une presse grand format permettra de concevoir des projets de plus grande envergure, comme du mobilier et de nouveaux plateaux pour la cafétéria du cégep. « On a tellement d’idées de projets ! », s’enthousiasme Yolaine Turcotte.

Félix Beaudry ne rêve toutefois pas d’étendre les activités de l’Atelier Écodesign au-delà des murs du cégep. « C’est sûr que j’aimerais ça, que des gens décident de faire ça à grande échelle, mais ce n’est pas notre but ici », explique-t-il. Cependant, le coordonnateur souhaiterait voir plus d’ateliers comme le sien émerger dans les universités, les centres communautaires et les bibliothèques. « Si quelque chose comme ça était disponible au grand public, je pense que ça pourrait être un grand bénéfice », soutient-il.