La maladie a été foudroyante. Billie s’est mise à vomir, à bouder son bol de croquettes, à avoir de la difficulté à respirer. Au bout de quelques heures, l’épagneule française est morte, probablement d’une mystérieuse maladie qui touche des dizaines de chiens depuis le début de l’automne, surtout aux États-Unis.

Billie, 17 mois, était enjouée, pleine d’énergie et adorait les câlins. Un soir de la fin du mois d’octobre, le toutou brun et blanc s’est mis à vomir et à avoir le regard hagard. Une première visite à l’urgence vétérinaire a à peine amélioré son état de santé.

Deux jours plus tard, Marie-Ève Langlais a compris qu’elle était en train de perdre son chien qu’elle considérait comme un bébé vu son jeune âge. « Elle ne buvait plus d’eau, elle n’était plus capable de se coucher parce qu’elle avait de la difficulté à respirer. Elle restait assise. Elle était en détresse respiratoire », raconte Mme Langlais, qui vit à Mont-Royal.

Les maîtres de Billie ont de nouveau amené le chien à l’hôpital vétérinaire. On a alors constaté que le taux d’oxygène dans son sang était extrêmement faible, sa tension était basse, ses poumons étaient affectés par une pneumonie. Surtout, aucun traitement habituel ne donnait de résultats. L’animal est mort le 2 novembre, au petit matin.

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Marie-Ève Langlais et sa chienne Billie, avant que cette dernière ne tombe malade

Ils ont essayé plein de choses pour la ranimer, pour la ramener, mais ils ont finalement dû l’euthanasier parce que les soins ne donnaient rien.

Marie-Ève Langlais

Ce deuil inattendu a été particulièrement difficile à vivre pour sa famille, ajoute Mme Langlais.

Les vétérinaires s’expliquent mal ce qui a causé la détérioration aussi rapide de l’état de santé de Billie et pourquoi les traitements normaux n’ont pas fonctionné. Une hypothèse : le chien a peut-être contracté une maladie canine qui se répand aux États-Unis et qui n’a pas encore été identifiée par les chercheurs.

Des centaines de chiens ont montré des symptômes similaires, cet automne, en Californie, au Colorado, au Rhode Island, en Oregon, au New Hampshire et au Massachusetts. Certains d’entre eux sont morts après quelques jours, d’autres au bout de semaines de toux.

« Là, ce qui est spécial, ce qui est bizarre, c’est que les animaux sont malades avec des signes qu’on reconnaît comme la toux, la fièvre, ils deviennent amorphes et mangent moins. Mais la différence, c’est qu’ils ne répondent pas aux traitements classiques et lorsqu’on fait nos tests pour les virus et bactéries habituels, ça sort négatif », explique la Dre Ève-Lyne Bouchard, présidente de l’Association des médecins vétérinaires du Québec.

Difficile de recenser les cas

Les maladies respiratoires canines n’ont rien d’inhabituel et circulent de façon cyclique, chaque année. Les vétérinaires traitent les chiens malades avec des médicaments pour réduire leur toux et pour stimuler leur hydratation et leur appétit. Des anti-inflammatoires sont parfois nécessaires en cas de fièvre et des antibiotiques si les symptômes se poursuivent.

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Le président de l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec, le Dr Gaston Rioux, mercredi

Pour le moment, les informations sont très parcellaires parce que les chercheurs américains n’ont pas encore découvert l’agent causal. Est-ce une bactérie ? Est-ce un virus ? Est-ce un champignon ? On ne le sait pas. Tout ce qu’on sait, c’est que ça ne répond pas aux antibiotiques.

Le DGaston Rioux, président de l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec

Comme la maladie n’a pas encore été identifiée avec précision, le DRioux affirme qu’il est difficile de dire si des chiens ont été atteints ici, au Québec.

« Ce qu’on peut dire, c’est que la frontière canado-américaine n’est pas très loin et pas si étanche que ça. Si on n’a pas de cas en ce moment, on peut penser qu’on en aura éventuellement », dit-il.

Il n’y a toutefois pas lieu de céder à la panique, insiste le DRioux. La maladie se transmet entre les chiens, mais pas aux autres animaux de compagnie ou aux humains. Elle affecte plus sérieusement les chiots, les chiens âgés et ceux qui ont une santé fragile. Les taux de mortalité restent bas, explique le médecin vétérinaire.

Pour limiter la transmission, la Dre Bouchard suggère quant à elle de tenir le carnet de vaccins de son chien à jour, de limiter les visites dans les parcs à chiens aux heures de pointe et d’éviter les voyages, avec son animal, dans les États américains touchés par la maladie.

Elle recommande aussi la distanciation sociale entre chiens. « C’est probablement une bonne idée de pratiquer des bulles avec des chiens que l’on connaît et qui sont vaccinés, quoiqu’il ne faut surtout pas arrêter de socialiser les chiens. Ils ont besoin de dépenser de l’énergie », nuance-t-elle.