Le Bloc québécois veut que les autorités fédérales rendent publique leur décision sur l’Association musulmane du Canada (MAC), dans la foulée d’un audit fiscal qui a poussé les fonctionnaires à s’inquiéter des liens possibles entre des dirigeants de l’organisme et un réseau de soutien au Hamas.

Ce qu’il faut savoir

L’Agence du revenu du Canada dit avoir trouvé des liens « troublants » entre des dirigeants de l’Association musulmane du Canada et un réseau de soutien au Hamas.

Le fisc menace de révoquer le statut d’organisme de bienfaisance de l’organisme.

L’association dit être victime d’un processus « islamophobe » et affirme que toutes les allégations vont se dégonfler.

La Presse a rapporté lundi les constats des fonctionnaires de l’équipe antiterroriste de l’Agence du revenu du Canada qui a mené un audit sur la MAC. Le processus est censé être confidentiel, et les autorités ont refusé de le commenter. Mais comme la MAC a tenté de faire invalider l’audit par un tribunal avant sa conclusion, nous avons pu avoir exceptionnellement accès à la preuve déposée par le fisc pour justifier sa démarche.

« L’implication des administrateurs/employés dans un réseau apparent de soutien au Hamas est troublante », affirme une employée du fisc dans une déclaration sous serment datée de décembre 2022 et déposée devant la Cour supérieure de l’Ontario.

Plus généralement, « les résultats préliminaires de l’audit semblent suggérer que [la MAC] est liée à des individus ou des groupes associés à l’extrémisme, la violence et/ou le terrorisme », affirme la preuve.

« La lumière doit être faite »

La MAC a nié vigoureusement tout lien avec le Hamas ou l’extrémisme en général. Elle se dit victime d’un processus biaisé et islamophobe, qui rend l’organisme au complet coupable par association pour les fréquentations, déclarations, contacts de membres individuels pris hors contexte. Elle dit pratiquer un islam « modéré, balancé et constructif », et assure que les allégations des fonctionnaires ne tiendront pas la route.

Le bras de fer se déroule alors que l’organisation reçoit des millions de dollars en fonds publics chaque année, notamment du gouvernement fédéral.

« Les faits rapportés ce matin sont troublants et inquiétants. La lumière doit être faite sur la teneur des liens entre la MAC et ledit réseau de soutien au Hamas », a déclaré Jean-Denis Garon, porte-parole du Bloc québécois en matière de revenu national, lundi.

Même si l’Agence du revenu refuse de discuter du dossier pour l’instant, le Bloc veut qu’elle fasse rapport à la population au terme du processus.

L’organisation étant classée comme organisme de bienfaisance et recevant plusieurs millions en fonds publics, la population est en droit de savoir ce qu’il ressort de cet audit mené depuis 2015. Nous demandons ainsi à ce que la décision finale soit rendue publique.

Jean-Denis Garon, porte-parole du Bloc québécois en matière de revenu national

« L’extrémisme n’a pas sa place dans notre société et nous devons lutter sans relâche contre toute forme de soutien au terrorisme ou à la violence. L’État canadien doit se préparer à intervenir si tel est le cas », a ajouté M. Garon.

Peu d’atomes crochus avec le Bloc

La Presse a compilé les dons politiques effectués par les dirigeants de la MAC dont les noms sont publics. Les résultats montrent que le Bloc québécois est de loin le parti auquel ils donnent le moins. Les rares dons à la formation politique datent de 2010.

Depuis 2004, les dirigeants de l’organisation islamiste ont donné environ :

  • 49 000 $ au Parti libéral du Canada
  • 20 000 $ au Nouveau Parti démocratique
  • 13 000 $ au Parti conservateur du Canada
  • 6000 $ au Bloc québécois

Un porte-parole de la ministre du Revenu national, Marie-Claude Bibeau, a affirmé lundi que le gouvernement ne pouvait pas commenter la situation.

« Les dispositions relatives à la confidentialité des lois que l’Agence du revenu du Canada administre empêchent de divulguer des informations sur les contribuables et, par conséquent, nous ne commentons pas ces sujets », a déclaré Simon Lafortune, attaché de presse de la ministre.

Avec la collaboration de William d’Avignon, La Presse