Les émissions d’arsenic de la Fonderie Horne, à Rouyn-Noranda, ont fait couler beaucoup d’encre dans les dernières semaines. La multinationale Glencore, propriétaire de la fonderie, n’en est pas à sa première controverse.

Lundi, le bureau du premier ministre Legault a déclaré que la Fonderie Horne devait réduire ses émissions d’arsenic, un cancérigène reconnu, à la suite de dénonciations de dizaines de professionnels de la santé, entre autres.

Plus tôt au printemps, le gouvernement avait cependant décidé d’aller de l’avant avec un rehaussement des normes de concentration de nickel dans l’air – contre l’opposition unanime des santés publiques régionales – à la demande de sociétés minières, dont Glencore, qui possède des installations dans le port de Québec.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

L’affinerie CCR, dans l’est de Montréal

En 2019, c’est la pollution de l’air de l’est de Montréal qui inquiétait les résidants et responsables locaux. L’affinerie CCR, appartenant également à Glencore, était parmi les entreprises montrées du doigt pour leurs émissions d’arsenic dépassant les normes.

Classée 34e au classement de Fortune des 500 plus grandes entreprises du monde, Glencore est un géant des activités minières, métallurgiques, énergétiques et agricoles, notamment. La multinationale, dont le siège social est situé à Baar, en Suisse, a généré des revenus de 142 milliards américains (environ 185 milliards canadiens) en 2020, ce qui ne l’a pas empêchée de subir des pertes de 1,9 milliard (environ 2,5 milliards canadiens).

Activités au Canada

Active dans plus de 35 pays, Glencore emploie 7900 personnes au Canada, d’après son site web. Outre la Fonderie Horne et l’affinerie CCR, ses sites industriels incluent la mine de nickel et de cuivre Raglan, au Nunavik, et la mine de zinc Matagami, dans le Nord-du-Québec, qui a cessé ses activités le mois dernier. Glencore exploite aussi la Sudbury Integrated Nickel Operations (INO), en Ontario, et planche sur un projet de mine de charbon à ciel ouvert en Colombie-Britannique. La mine proposée est au cœur de l’habitat essentiel du caribou – une espèce menacée – d’après le site The Narwhal. Le projet « fait actuellement l’objet d’études d’exploration et d’évaluation », selon le site web de Glencore.

Lisez l’article du Narwhal (en anglais)

Selon une étude commandée par l’entreprise, les activités de Glencore au Québec ajoutent 1,7 milliard de dollars à l’économie de la province, et contribuent à plus de 8800 emplois directs et indirects. Ces activités ne se font toutefois pas sans heurt ; l’entreprise a été blâmée par le Tribunal administratif du travail en juin pour avoir voulu entraver des activités syndicales et avoir négocié de mauvaise foi à la mine Raglan. Les 630 travailleurs syndiqués de la mine sont en grève depuis le 27 mai.

Consultez l’étude commandée par Glencore

Toujours au Québec, Glencore emploie une vingtaine de lobbyistes pour 14 mandats actifs auprès de divers ministères portant notamment sur la tarification du carbone ainsi que sur les normes liées au nickel et à l’arsenic.

Coupable de corruption

Ailleurs dans le monde, une filiale de la multinationale a plaidé coupable à des accusations de corruption portées contre elle par l’agence gouvernementale de répression des fraudes du Royaume-Uni (Serious Fraud Office) en juin.

Lisez « Glencore reconnaît s’être livrée à de la corruption liée à ses activités en Afrique »

L’enquête de l’agence a démontré que Glencore Energy (UK) avait versé plus de 28 millions de dollars américains (environ 36 millions canadiens) en pots-de-vin afin d’obtenir un accès préférentiel à des actifs pétroliers au Nigeria, au Cameroun, en Côte d’Ivoire, en Guinée équatoriale et au Soudan du Sud.

En mai dernier, la multinationale a été condamnée aux États-Unis dans le même dossier à verser près de 1,2 milliard US (environ 1,6 milliard canadien). Et 40 millions US (environ 52 millions canadiens) de plus doivent aussi être versés aux autorités brésiliennes, toujours pour des accusations de corruption.

Des enquêtes pour corruption sont toujours en cours aux Pays-Bas et en Suisse relativement aux activités minières de Glencore en République démocratique du Congo.

Avec La Presse Canadienne