L’arrivée du temps plus chaud dans la province rime avec retour des tiques et des maladies qu’elles transmettent. Portrait de la situation et des précautions à prendre.

L’ana… quoi ?

En plus de la maladie de Lyme, largement médiatisée dans les dernières années, une nouvelle infection transmise par les tiques s’installe au Québec : l’anaplasmose. Une étude de l’Agence de la santé publique du Canada et de l’Université de Sherbrooke publiée dimanche a recensé 25 cas de cette infection l’été dernier, le plus gros regroupement de cas observé jusqu’ici au Canada. La situation pourrait se reproduire encore cette année, estime le DAlex Carignan, titulaire de la Chaire de recherche hospitalo-facultaire sur la maladie de Lyme et les infections émergentes à l’Université de Sherbrooke et coauteur de l’étude.

De la fièvre en plein été

L’anaplasmose humaine est une infection bactérienne qui se transmet par la tique à pattes noires, aussi responsable de la maladie de Lyme. Les symptômes de cette infection sont principalement la fièvre, la fatigue, les douleurs musculaires et les maux de tête. « Ça peut ressembler à des symptômes d’allure grippale ou de COVID-19, donc les personnes qui habitent en Estrie et en Montérégie et qui se mettent soudainement à faire de la fièvre en plein été doivent penser à cette possibilité-là », dit le DCarignan. Dans les dernières années, des cas d’anaplasmose avaient été identifiés dans le nord-est des États-Unis. « On se doutait donc que ça s’en venait au Québec », soutient le médecin. Les changements climatiques sont un des grands responsables de son arrivée dans la province, indique-t-il.

À même la cour

Bien des personnes infectées par l’anaplasmose ou la maladie de Lyme ont rapporté l’avoir contractée directement dans leur cour. « Ça défait le mythe que les infections transmises par les tiques s’acquièrent généralement dans les herbes hautes ou en forêt », indique le DCarignan. Bien que la tique se trouve partout au Québec, le risque d’acquisition de la maladie de Lyme est beaucoup plus élevé en Montérégie et en Estrie, selon les informations recensées par l’Institut national de santé publique du Québec. Même son de cloche pour l’anaplasmose, dont les cas étaient concentrés autour de la ville de Bromont.

ILLUSTRATION TIRÉE DU SITE DE L’INSTITUT NATIONAL DE SANTÉ PUBLIQUE DU QUÉBEC

Que faire en cas de morsure ?

D’abord, il ne faut pas céder à la panique, affirme d’emblée Jade Savage, professeure d’entomologie à l’Université Bishop’s. Pour commencer, il faut retirer la bestiole avec une pince en tirant. Il faut éviter de tourner, pour réduire les risques d’arracher la tête de la tique, ce qui pourrait causer un transfert de bactéries, précise la spécialiste. « Une fois qu’elle est retirée, on peut nettoyer la peau avec un peu d’alcool », ajoute-t-elle. Ensuite, les citoyens sont invités à prendre une photo de la tique et à la télécharger sur le site etick.ca. « À l’intérieur d’un jour ouvrable, une personne va identifier son espèce et vous mentionner quelles sont les maladies potentielles et la marche à suivre », indique Mme Savage. La tique est restée sur vous quelques heures seulement ? Rassurez-vous. « Pour que la bactérie de Lyme se transmette de la tique à l’humain, il faut, en général, qu’elle reste accrochée à notre peau plus de 24 heures », précise la spécialiste.

Consultez le site etick.ca

Des précautions possibles

Plusieurs mesures peuvent être prises pour réduire les risques d’être infecté par une tique. « Dans les régions où les tiques sont plus communes, mettre ses pantalons dans ses bas, c’est un excellent départ », dit Mme Savage. Porter des vêtements de couleurs claires permet également de voir les tiques plus facilement, ajoute-t-elle. Finalement, après une journée à l’extérieur, il est suggéré de prendre l’habitude de s’examiner en détail après s’être déshabillé, dit le DCarignan. « On doit regarder au niveau des aisselles, dans le cou, derrière les oreilles, les genoux et les aines », dit-il.

En savoir plus
  • 2851
    Nombre de cas de maladie de Lyme déclarés au Canada en 2021, dont 709 au Québec
    Agence de la santé publique du Canada
    25
    Nombre de cas d’anaplasmose déclarés au Canada en 2021. La totalité se trouvait au Québec.
    Agence de la santé publique du Canada