Plus de deux ans après avoir pris le pouvoir en promettant de lutter contre la criminalité, les conservateurs fédéraux s'apprêtent à recycler le même message dans la campagne électorale qui commence. Selon eux, il y a encore beaucoup de travail à faire dans ce domaine.

Pourtant, les plus récentes données de Statistique Canada, rendues publiques en juillet, ont montré que le taux de crimes à l'échelle nationale est en baisse pour une troisième année d'affilée.

Qu'à cela ne tienne, le ministre de la Justice, Rob Nicholson, a déclaré que les conservateurs ne gouvernent pas par sondages, mais en fonction de ce qu'ils ont promis aux Canadiens à la dernière élection et de ce que les Canadiens leur ont dit.

Selon un criminologue de Colombie-Britannique, cette position plaît à leur électorat traditionnel, mais certainement pas à ceux qui votent pour le Parti vert, pour le Nouveau Parti démocratique ou pour les libéraux. Il faudra voir si elle aura un impact en termes de votes, dit Neil Boyd, de l'Université Simon Fraser. En outre, des sondages récents indiquent que la question de la criminalité ne figure nullement parmi les principales préoccupations de la majorité des gens, ajoute l'universitaire.

Mais les conservateurs vont vanter la série de lois qu'ils ont fait adopter, notamment pour freiner le recours aux peines comme l'assignation à résidence pour plusieurs crimes violents, rendre plus difficile l'obtention d'une libération sous caution pour les accusés de crimes impliquant des armes à feu, faciliter la détention pour une durée indéterminée de délinquants violents et sexuels récidivistes, hausser l'âge du consentement sexuel de 14 à 16 ans et resserrer les règles sur la conduite avec facultés affaiblies.

D'autres projets de loi n'ont pu être adoptés avant le déclenchement des élections, dont l'imposition de peines minimales pour trafic de drogues dures, la répression des réseaux de vol de voitures et le durcissement des critères de détermination des peines infligées aux jeunes contrevenants.

Le ministre Nicholson avait promis d'autres mesures destinées à lutter contre la criminalité chez les jeunes pour la session d'automne du Parlement - qui n'aura pas lieu à cause de l'appel aux urnes. De son côté le ministre de la Sécurité publique, Stockwell Day, songeait à des propositions controversées de construction de «super-prisons», et à mettre un terme à la pratique consistant à libérer la plupart des délinquants aux deux tiers de leur peine s'ils ont un bon comportement.

Les critiques de l'opposition disent que ces initiatives pourraient envoyer plus de personnes derrière les barreaux, mais que rien n'assure qu'elles empêcheront réellement la commission des crimes, et qu'elles rendront les rues plus sûres.