La biologiste Pascale Otis poursuit ses aventures en effectuant un arrêt en Nouvelle-Zélande, où elle nous fait découvrir le caractère unique du pays. Les amateurs de sports extrêmes, de randonnée ou de toute autre activité de plein air seront choyés.

Je dois avouer que j'ai toujours eu un grand faible pour la Nouvelle-Zélande. J'en suis à mon sixième séjour. Cette fois, j'ai réussi à faire découvrir la poutine aux Néo-Zélandais en échange d'une dégustation de leur marmite, constituée d'un étrange mélange de levure, de blé, de sel et de sucre. Outre les expériences culinaires qui sortent parfois de l'ordinaire, je suis loin d'avoir tout découvert sur le caractère unique du pays. Les dépliants touristiques vous parleront sans doute du meilleur endroit pour tenter un saut à l'élastique ou de l'adrénaline que vous ressentirez en descendant des rapides à toute vitesse. La Nouvelle-Zélande a en effet la réputation d'être l'un des meilleurs endroits pour vivre une expérience unique en son genre (si vous aimez les émotions fortes). Mais si vous êtes plutôt comme moi et que vous préférez la tranquillité des grands espaces, vous pouvez facilement vous évader dans les parcs où la nature est grandiose.

Un endroit unique

Des plages qui s'étendent sans fin aux montagnes enneigées, la Nouvelle-Zélande compte des habitats uniques et exceptionnels. Pour n'importe quel amateur de plein air, c'est donc un petit paradis que les naturalistes comparent facilement aux îles Galapagos, à Hawaii et à Madagascar. Pourquoi? Tout simplement parce que la plupart de ses espèces sont endémiques, c'est-à-dire qu'elles sont uniques à l'endroit et qu'elles ne sont donc retrouvées nulle part ailleurs. On y trouve 10 000 espèces d'insectes, 2000 types d'araignées et 300 sortes d'escargots qui ne se rencontrent qu'ici.

L'isolation des îles de la Nouvelle-Zélande du reste du monde a forcé plusieurs espèces à adopter certaines stratégies uniques à travers l'évolution. On y remarque quelques curiosités de la nature, par exemple très peu de plantes annuelles, mais une liste particulièrement impressionnante d'insectes aquatiques. L'absence de certains animaux (les souris, par exemple) a aussi offert des niches écologiques qui ont permis l'évolution particulière d'oiseaux comme le kiwi et d'insectes comme le weta. Sur les montagnes, on s'étonne de rencontrer des sauterelles, puisque leurs cousines sont normalement adeptes des champs plutôt que des sommets alpins. On y aperçoit aussi le kéa, un perroquet unique en son genre par le fait qu'il ne vit qu'en haute altitude dans les montagnes.

Plusieurs créatures extraordinaires de la Nouvelle-Zélande ont probablement évolué dès la séparation du supercontinent Gondwana. Il n'y a tout simplement rien de semblable à un kiwi, à un tuatara ou à un moa nulle part ailleurs. Malheureusement, le moa (aussi connu sous le nom de dinornis) s'est éteint vers le XVe siècle, étant une proie facile pour les premiers habitants. Tout de même, imaginez un peu un face-à-face avec ce gigantesque oiseau qui mesurait 3,5 mètres de haut. Il y aurait eu de quoi inspirer un épisode des Pierrafeu.

L'arrivée des humains n'est donc pas passée inaperçue en Nouvelle-Zélande. Les Polynésiens ont été les premiers à atteindre ses îles, entre les années 800 et 1300. Les Européens ont suivi dès le XVIIe siècle, amenant avec eux des armes et d'autres biens qu'ils échangeaient contre de la nourriture, du bois et d'autres ressources. Malheureusement, la déforestation et l'introduction d'espèces exotiques sont rapidement devenues un grave problème. Près de 300 000 espèces végétales ont été introduites, dont 300 qui sont maintenant envahissantes. L'arrivée de prédateurs (chats, chiens, furets) a causé un important déclin chez de nombreuses espèces endémiques. Le problème s'étend aussi aux herbivores qui se sont échappés des élevages (chèvres, lapins, lièvres, etc.) et qui ont détruit plusieurs habitats fragiles.

Il faut comprendre que, mis à part une ou deux exceptions, les espèces natives de la Nouvelle-Zélande s'adaptent très mal aux changements imposés par l'être humain. Le résultat est d'ailleurs assez évident : dans toutes les zones habitées, les espèces introduites dominent. Heureusement, la nature, la vraie, se trouve dans les forêts qui ont été replantées ou celles qui sont protégées de toute exploitation. Loin des zones habitées, ces forêts sont souvent remplies de plantes endémiques ainsi que d'insectes, de geckos et d'autres créatures de petite taille. Même certains oiseaux, dont le fameux kiwi qui est devenu le symbole de la Nouvelle-Zélande, se sont bien adaptés à plusieurs habitats aménagés, ce qui est un signe encourageant pour la survie de cette espèce.

Photo: Pascale Otis, collaboration spéciale

Environ 300 des 30 000 espèces de plantes qui ont été introduites en Nouvelle-Zélande sont devenues envahissantes. Heureusement, on retrouve plusieurs forêts protégées où les espèces natives et endémiques sont en vedette.

Prévoir un séjour

La Nouvelle-Zélande compte deux principales îles séparées par un détroit de 20 km. La superficie du pays n'a rien d'impressionnant et se compare à celle de l'Italie, ce qui est en fait idéal lorsqu'on veut presque tout voir pendant les vacances. Si vous avez l'intention de visiter les deux îles, prévoyez au moins trois semaines. La location de voiture est facile, les routes sont bien entretenues et la signalisation est toujours très claire. Il faut par contre conduire à gauche.

L'île du Sud est divisée sur sa longueur par une région montagneuse qui compte 18 sommets de plus de 3000 mètres. C'est l'endroit idéal pour explorer les nombreux sentiers. L'île du Nord est moins montagneuse, mais est par contre marquée par plusieurs régions volcaniques qui sont vraiment sur la liste de mes arrêts préférés.

Chaque petite ville offre une multitude d'hôtels et d'auberges pour plaire à tous les budgets. Si vous voyagez avec peu de moyens, prévoyez tout le nécessaire de camping et louez une voiture. Les terrains de camping sont nombreux et coûtent rarement plus de 10 ou 15 $ par nuit. Ils sont presque tous bien aménagés, avec des douches chaudes, des machines à laver et une cuisine communautaire. Prévoyez une bonne paire de bottes de marche et le nécessaire de randonnée et partez à la découverte des plus belles régions de la Nouvelle-Zélande. La plupart des parcs nationaux sont gratuits et offrent même la location de chalets pour 15 ou 20 $ par nuit. Petit conseil : avant de prendre l'avion, nettoyez tout votre équipement (tente, manteaux, souliers, etc.). Vous contribuerez ainsi à prévenir l'introduction de nouvelles espèces de plantes et d'insectes.

Pour suivre les aventures de Pascale Otis: www.defiquebecmonde.com