À défaut de voyager « en vrai », on peut partir à l’étranger en lisant les récits de voyage du journaliste et écrivain Gabriel Anctil. Sillonner les chemins du monde est un recueil de reportages touristiques parus essentiellement dans les pages du Devoir, mais aussi dans les magazines Espaces et Évasion. La Presse en a profité pour parler voyages avec l’auteur.

La pandémie nous a tous forcés à mettre de côté les voyages à l’étranger. Avez-vous eu un petit pincement au cœur en colligeant ces récits de voyage ?

D’un côté, c’était un peu comme voir défiler les cinq dernières années de ma vie. C’était impressionnant de voir tous les endroits où je suis allé, tout ce que j’ai absorbé en termes de bouffe, de nature, de culture. Mais en même temps, ça m’a fait réaliser que j’ai besoin de recommencer à voyager. Tout le monde est en manque de voyages. Ce que j’espère, c’est que ce livre fasse voyager les gens mentalement, à travers leur imaginaire, que chaque petit texte soit comme un minivoyage.

En revoyant ces textes, avez-vous eu un coup de cœur pour certains d’entre eux ?

Ce sont les textes où j’ai senti qu’il y avait le plus d’émotion, soit les textes qui parlent des voyages que j’ai faits avec mes garçons. Je pense notamment au texte où je raconte l’ascension du mont Cascades, dans les Adirondacks, avec un de mes fils. Ça s’intitule « Marcher pour mieux se rapprocher ». C’était la première montagne qu’on montait ensemble. C’était l’été entre son école primaire et le secondaire. C’était une époque charnière de sa vie et de la mienne aussi. J’avais l’impression que je montais la montagne avec un petit gars et, qu’à la descente, c’était devenu un adolescent. Nos vies vont tellement vite, c’est souvent difficile de capter des moments comme ça.

PHOTO FOURNIE PAR GABRIEL ANCTIL

Une scène de rue à Taipei

Est-ce que d’autres textes vous ont frappé quand vous les avez relus ?

Il y a le texte sur Taipei : je suis allé aux marchés de nuit, une expérience que j’ai adorée. Ce sont des lieux où on est entassé, épaule contre épaule, avec des centaines et des milliers de personnes. C’était particulier de lire ça dans un contexte de pandémie. J’espère revivre ça dans un avenir rapproché.

Justement, comment avez-vous vécu la pandémie, cette absence de voyages ?

Il y a un côté positif et négatif à la pandémie. Je suis écrivain aussi. Quand on voyage beaucoup, c’est difficile de faire aboutir des projets à long terme, comme un roman : il faut une concentration constante pendant des mois. La pandémie m’a permis ça : comme beaucoup, j’ai écrit énormément. J’ai quatre ou cinq livres qui s’en viennent dans la prochaine année. La pandémie a aussi permis de réaliser que les voyages sont importants. On tenait ça pour acquis. Je pense que je vais apprécier encore plus les prochains voyages que je vais faire.

PHOTO FOURNIE PAR GABRIEL ANCTIL

Une scène typique d’Amsterdam

Quand on parle de voyages, qu’est-ce qui vous manque le plus ?

Il y a comme une ouverture sur le monde, super large, qui s’est complètement refermée. Il y a un truc qui est impossible à retrouver, un état d’esprit qu’on a uniquement en voyage : une stimulation maximale de tous les sens en même temps. Dans une nouvelle ville, on goûte de nouvelles choses, on regarde, on écoute, on sent, on touche. C’est quelque chose qu’on a complètement perdu pendant la pandémie parce que même à l’intérieur des villes, on était enfermé, on ne voyait plus personne.

Où voulez-vous aller lorsque les restrictions qui s’appliquent au voyage s’atténueront ?

Je rêve d’aller à la ville de Mexico. Je n’y suis jamais allé. C’est une ville qui me semble posséder tellement de choses que j’adore. J’irais voir un match de soccer dans le plus grand stade au monde. Du côté culturel, il y a Frida Kahlo, Diego Rivera. Sur le plan de la bouffe, j’ai regardé une série sur les tacos sur Netflix : je veux aller manger des tacos en bouffe de rue. J’aimerais également voyager au Japon, mais il est plutôt question que j’aille au Grand Canyon. Ce serait peut-être le premier voyage que je ferais, le plus accessible. Je vais évaluer la situation.

Sillonner les chemins du monde

Sillonner les chemins du monde

Éditions Somme toute

256 pages