(Wimbledon) Novak Djokovic, 2e mondial, a fait un pas de plus vers un 24e titre du Grand Chelem en battant le Polonais Hubert Hurkacz (18e) 7-6 (8/6), 7-6 (8/6), 5-7, 6-4, lundi au terme d’un match interrompu la veille par le couvre-feu.

« Il a fait un match incroyable. Je ne me souviens pas de la dernière fois où je me suis senti si impuissant en retour de service », a commenté le Serbe de 36 ans qui affrontera le Russe Andrey Rublev (7e) pour une place en demi-finales.

Dimanche soir, Djokovic venait de remporter le second jeu décisif de la partie lorsque le superviseur a décidé de suspendre la partie vers 22 h 35, soit 25 minutes avant l’entrée en vigueur du couvre-feu sur le tournoi.

« J’ai été mené 3/6 dans le bris d’égalité de la première manche et le match aurait pu être tout autre s’il avait remporté cette première manche », a reconnu Djokovic, invaincu sur le Court central de Wimbledon depuis dix ans et sa défaite en finale contre Andy Murray le 7 juillet 2013.

À la reprise lundi, les joueurs ont très tranquillement conservé leurs mises en jeu jusqu’à 6-5 pour le Polonais qui s’est offert alors deux balles de manche sur le service de Djokovic et a transformé la seconde.

Face au meilleur relanceur du circuit, Hurkacz a tenu grâce à une régularité exceptionnelle de son gros service : 33 as, 85 % de premières balles réussies à la troisième manche (et 73 % sur l’ensemble de la partie) et une moyenne sur le match de 207 km/h sur les premières balles.

Mais dans la quatrième manche, le Polonais a concédé son tout premier bris du tournoi : Djokovic s’est détaché 4-3 puis 5-3 et s’est imposé en remportant son service suivant blanc.

Le Serbe devient le troisième joueur de l’histoire à avoir joué 100 matchs à Wimbledon, après Jimmy Connors (102) et Roger Federer (119).

Il jouera dès mardi son 14e quart de finale à Wimbledon, comme Connors. Seul Federer a fait mieux (18). Au total, ce sera son 56e quart de finale majeur, à deux longueurs du record de Federer (58).

Avec cette 32e victoire d’affilée à Wimbledon, où il est invaincu depuis sa défaite en quarts en 2017 (avec 4 titres au passage), Djokovic fait mieux que les 31 de Pete Sampras et n’a plus en ligne de mire que les 40 de Federer et les 41 de Björn Borg.

Alors qu’il était l’un des seuls joueurs à avoir atteint les huitièmes de finale sans être touché par les perturbations du programme liées à la pluie des trois premiers jours, Djokovic devra cette fois enchaîner avec son quart dès mardi.

Rublev, qu’il a largement dominé déjà en quarts de finale des Internationaux d’Australie en janvier, est un joueur « très différent » de Hurkacz, a souligné Djokovic.

« Il a l’un des plus gros coups droits du circuit, il aime diriger l’échange… mais je ne vais pas entrer dans les détails tactiques », a lancé le Serbe, en quête d’un 24e titre du Grand Chelem pour égaler le record absolu de Margaret Court et d’un huitième sacre à Wimbledon pour égaler le record masculin de Roger Federer.

Alcaraz passe haut la main en quarts

Le N.1 mondial Carlos Alcaraz a passé haut la main lundi le test promis par le finaliste 2021 Matteo Berrettini (38e) qu’il a battu 3-6, 6-3, 6-3, 6-3, se hissant ainsi pour la première fois en quarts de finale de Wimbledon.

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Carlos Alcaraz

« Je savais que ce serait dur, mais que j’aurais mes chances à condition de rester concentré », a expliqué Alcaraz.

« Je voulais vraiment arriver en quarts après avoir perdu en 8es l’an dernier. Mais maintenant, j’en veux plus ! », a-t-il lancé. Son prochain adversaire sera le Danois Holger Rune (6e).

Preuve de la supériorité de l’Espagnol sur Berrettini, il n’a perdu son service qu’une fois, dans la première manche, puis n’a eu à défendre qu’une seule balle de bris, dans le deuxième. Au contraire, il a obtenu 16 balles de bris sur le service de Berrettini, pourtant l’une de ses principales armes, et en a concrétisé quatre.

L’an dernier, pour sa deuxième participation au Majeur sur gazon, Alcaraz avait été éliminé en huitièmes de finale par l’Italien Jannik Sinner au terme d’un match époustouflant.

Cette année, après avoir remporté au Queen’s son premier titre sur gazon juste avant de venir à Wimbledon, il affirme viser un deuxième titre du Grand Chelem après les Internationaux des États-Unis l’an dernier.

Il a désormais atteint au moins les quarts dans trois des Majeurs. Aux Internationaux d’Australie, il n’a pas encore dépassé le troisième tour, mais il était absent sur blessure cette année.

Lundi, dans la première manche, Berrettini a commencé par sauver trois balles de bris et, sans en avoir eu une seule jusque-là en sa faveur, a réussi le premier à prendre le service adverse, pour mener 5-3 et conclure la manche sur son service.

Quatre balles de match

Dans la deuxième manche, Alcaraz a haussé son niveau de jeu. Et il a petit à petit maîtrisé de mieux en mieux la puissance du service et du coup droit de Berrettini, ainsi que son redoutable slice de revers. S’il avait commis sept coups gagnants pour autant de fautes directes dans la première manche, le ratio d’Alcaraz a été de 13 pour trois dans ce deuxième acte et de 35 pour 23 sur l’ensemble de la partie.

À 1-1 et 15/15, il a notamment réussi une série de onze points remportés sur douze joués pour prendre l’avantage 4-1 et le conserver jusqu’à l’égalisation à une manche partout.

L’Espagnol a ensuite concrétisé sa sixième balle de break dans le troisième jeu de la troisième manche pour se détacher 2-1. Et il a encore pris le service adverse pour conclure la manche sur une faute directe de Berrettini, perpétuellement sous pression.

À 2-2 dans la quatrième manche et à 20 h 20 à l’horloge, le match a été brièvement interrompu, le temps de fermer le toit pour permettre l’éclairage du Centre Court.

À la reprise, Alcaraz a repris sa marche en avant avec un jeu blanc sur son service pour mener 3-2, puis un autre pour 4-3. Dans la foulée, il a réussi un dernier break pour mener 5-3 avec son service à suivre pour assurer sa qualification.

Berrettini a bien sauvé trois balles de match, dont une en bénéficiant d’une grossière erreur d’Alcaraz à la volée alors que le court était ouvert et une autre sur une double faute de l’Espagnol, mais il s’est inévitablement incliné sur la quatrième.

Medvedev qualifié après un abandon

Daniil Medvedev, 3e mondial, a profité de l’abandon de son adversaire tchèque Jiri Lehecka (37e) à la fin de la deuxième manche pour se qualifier pour la première fois en quarts de finale à Wimbledon.

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Daniil Medvedev

Lehecka, qui s’était fait soigner le pied droit pour des ampoules à la fin de la première manche, a jeté l’éponge alors que le Russe menait deux manches à rien (6-4, 6-2).

« Je ne savais même pas qu’il était blessé avant qu’il abandonne. J’avais remarqué qu’il ne bougeait pas complètement bien, mais il frappait fort ! C’est quand il a abandonné qu’avec le recul j’ai compris », a commenté le Russe de 27 ans.

Il n’avait encore jamais dépassé les 8es de finale à Wimbledon et affrontera l’Américain Christopher Eubanks (43e) pour une place dans le dernier carré.

« C’est mon cinquième Wimbledon et je n’ai encore jamais perdu sur le court N.1. Alors je vais demander à continuer ici ! », a-t-il lancé avec humour.

« Je ne suis pas à fond sur les statistiques, mais Wimbledon est de loin mon pire tournoi du Grand Chelem en termes de tours. J’espère maintenant faire mieux qu’à Roland-Garros », a-t-il lancé.

Sur la terre battue parisienne, une surface qu’il exècre, Medvedev a pour meilleur résultat un quart de finale en 2021. Sur sa surface préférée, le dur, il a remporté les Internationaux des États-Unis 2021 et joué deux finales aux Internationaux d’Australie en 2021 et 2022.

Il avait atteint les 8es de finale à Wimbledon en 2021 et avait été interdit de tournoi en 2022, comme tous les joueurs russes et biélorusses en raison de l’invasion armée de l’Ukraine par la Russie.

Eubanks prive Tsitsipas de quart de finale

L’Américain Chris Eubanks a réalisé un exploit en sortant le numéro 5 mondial, Stefanos Tsitsipas après cinq manches superbes 3-6, 7-6 (7/4), 3-6, 6-4, 6-4.

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Stefanos Tsitsipas et Christopher Eubanks

C’est une nouvelle déception pour le Grec qui n’a jamais franchi les huitièmes sur le gazon londonien et qui a disputé un troisième match en cinq manches, après ses victoires déjà très spectaculaires contre Dominik Thiem au premier tour et Andy Murray au deuxième.

Eubanks poursuit en revanche son ascension fulgurante à 27 ans.

Lui qui n’avait jamais franchi un deuxième tour en Grand Chelem, jamais battu un joueur du top 10 et qui n’a intégré le top 100 qu’en avril, a savouré comme il se doit ce moment très particulier.

« J’ai l’impression de vivre un rêve, c’est dingue […] C’est surréaliste, je n’arrive pas à y croire », a admis le 43e joueur mondial après son exploit.

« Ce qui est bizarre au tennis, c’est qu’on ne joue jamais son meilleur tennis tout le match, mais on joue du mieux possible autant que possible et sur les moments importants, j’ai bien joué. J’ai eu des hauts et des bas, mais vous m’avez tellement poussé pour réaliser des trucs incroyables », a-t-il ajouté en s’adressant au public conquis.

Récent vainqueur sur gazon à Majorque, son premier titre et son sésame pour rentrer dans le top 50 mondial, le géant (2,01 m) américain a fait le dos rond pendant trois manches et demi avant de profiter d’une petite baisse de régime du Grec sur son service.

Jusqu’à 3-3 à la quatrième manche, Tsitsipas avait été littéralement injouable sur son engagement, passant 65 % de premières balles et remportant 88 % des points sur son premier service et 72 % sur le deuxième.

Il n’avait concédé aucune balle de bris tout en s’en procurant dix sur le service adverse, s’adjugeant les premier et troisième manches sur le score de 6-3.

Malheureusement pour lui, Eubanks avait remporté le jeu décisif de la deuxième manche, son cinquième sur cinq dans ce tournoi.

Et dès que Tsitsipas a un peu baissé de niveau sur son service, Eubanks, qui jouait sans complexe et n’hésitait pas à réclamer le soutien du public à grand renfort de gestes, s’est engouffré dans la brèche.

Il a fait le bris à 4-4 à la quatrième manche sur une double faute de Tsitsipas pour l’emporter 6-4 et dans le cinquième, il a toujours fait la course en tête pour conclure par un coup droit croisé canon qui a laissé Tsitsipas sur place.

Rune franchit l’obstacle Dimitrov

Le numéro 6 mondial, le Danois Holger Rune, s’est qualifié mardi pour les quarts de finale du tournoi de Wimbledon en écartant au forceps le Bulgare Grigor Dimitrov 3-6, 7-6 (8/6), 7-6 (7/4), 6-X.

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Holger Rune

Double quart de finaliste à Roland-Garros, Rune a confirmé les progrès sur gazon entrevus au tournoi du Queen’s, où il avait remporté ses trois premiers matchs sur la surface de sa carrière pour atteindre la demi-finale.

« C’était un match fou, il m’a poussé dans mes retranchements », a reconnu le Danois après le match.

Face à la puissance de Dimitrov (21e), son adversaire le plus relevé sur gazon depuis le début du tournoi, puisqu’il avait intégré le dernier carré à Wimbledon en 2014, Rune a d’abord peiné, concédant la première manche 6-3 et un bris dans la seconde manche pour être mené 3-1.

Mais avec la variété de ses coups, son excellent jeu de jambes et en n’hésitant pas à venir conclure au filet – 23 points gagnés sur 33 montées –, il a progressivement trouvé la solution pour faire déjouer son aîné de 12 ans.

Intraitable sur son service à partir de là, il a réussi à reprendre le bris pour égaliser à 4-4 et remporter les deuxièmes et troisièmes manches au bris d’égalité.

Dans une quatrième manche où les deux joueurs assuraient leur mise en jeu, il a été opportuniste en brisant sur sa première occasion à 3-2 pour lui et conclure aussi sur sa première balle de match, sur un revers dans le couloir de Dimitrov.

Au prochain tour, le niveau de l’adversité sera encore plus élevé puisqu’il aura sur sa route le numéro un mondial Carlos Alcaraz.