En seulement deux passages, le Québécois a déjà vécu de grands moments à Wimbledon

En 2016, chez les juniors, Félix Auger-Aliassime a atteint les quarts de finale en simple et la finale en double à Wimbledon. Trois ans plus tard, en tant que professionnel, il y est revenu par la grande porte. Ou plutôt par le grand vestiaire.

Le Québécois a eu le coup de foudre pour l’All England Club.

« Après la première fois où j’y suis allé, c’est devenu mon tournoi favori, a-t-il raconté en entretien avec La Presse, lundi matin, alors qu’il était toujours en Allemagne. C’est un peu le temple du tennis. Il y a tant d’histoire. D’avoir la chance de fouler ces courts où des légendes ont joué, c’est vraiment unique. »

Concentré sur son propre tournoi, il n’avait assisté à aucun match en 2016.

Puis, trois ans plus tard, il était de retour comme professionnel. Parmi les têtes de série, à 18 ans.

« Et de la façon que c’est fait à Wimbledon, il y a un vestiaire pour les têtes de série et un pour les autres joueurs. Donc, j’étais au vestiaire avec tous les grands noms : Federer, Nadal, Djokovic. Ils sont tous là et on est dans un vestiaire – d’un très grand prestige, d’une très grande classe – où il n’y a que 32 joueurs. C’est un feeling assez spécial. C’est un souvenir que je vais garder longtemps, relate le joueur de 20 ans. Et j’espère chaque année retourner dans ce même vestiaire. »

Il y a deux ans, Félix Auger-Aliassime avait atteint la finale et la demi-finale de ses deux tournois préparatoires sur gazon pré-Wimbledon. Exactement comme cette année.

En 2019, il avait ensuite été stoppé au troisième tour par le Français Ugo Humbert à l’All England Club.

Fort de cette première aventure londonienne en tant que professionnel, le Québécois croit être en mesure de faire mieux cette fois.

Mon niveau de confiance est plus élevé qu’il y a deux ans. Et je sens que je suis un meilleur joueur.

Félix Auger-Aliassime

Au premier tour, il affrontera le Brésilien Thiago Monteiro, 81e mondial.

À l’aise sur le gazon

C’est sur le gazon que Félix Auger-Aliassime présente son meilleur ratio victoires-défaites – cette année et à vie – sur le circuit de l’ATP.

Et, bien que l’échantillon soit mince, il figure en ce moment – statistiques des tournois en cours non incluses – dans le top 10 du circuit pour les as, la proportion de points gagnés sur son premier service et la proportion de jeux au service gagnés sur cette surface. À l’évidence, la pelouse lui sied bien.

PHOTO FRISO GENTSCH, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Félix Auger-Aliassime lors de son match contre Roger Federer, à Halle, le 16 juin dernier

« J’adore jouer sur gazon. C’est sûr qu’avec mon service, mon attaque, la surface fait en sorte que mon jeu devient encore plus efficace, je dirais. Je peux récolter beaucoup de points gratuits avec mon service, sans avoir à faire un échange où les choses se compliquent. Donc, c’est une surface où je vais probablement connaître, j’espère bien, beaucoup de succès. »

Le gazon pose des défis qui lui sont propres. Et, étant donné qu’il n’occupe qu’une très courte période du calendrier, la fenêtre pour y retrouver ses marques avant Wimbledon représente un casse-tête au même titre que la surface en soi.

En ce sens, l’élimination précipitée d’Auger-Aliassime à Roland-Garros – dès le premier tour devant l’Italien Andreas Seppi – pourrait se révéler avantageuse pour ses performances à Londres.

Elle lui aura permis de jouer à Stuttgart – avant Halle –, où il s’est rendu dès que les courts ont été ouverts à l’entraînement.

On le sait, le rebond sur gazon n’a rien à voir avec celui sur les autres surfaces.

« Et la façon de se déplacer est très différente. Il y a beaucoup de petits pas d’ajustement, c’est moins des appuis ou des stop and go plus agressifs. C’est vraiment plus des petits ajustements et des décélérations », explique le jeune joueur qui vient de regagner le top 20 mondial, au 19e échelon pour être exact.

Puis, il y a la variété des armes qui doit être au rendez-vous, enchaîne-t-il.

« Je travaille aussi beaucoup mon revers coupé et ma volée parce que ce sont des coups qu’on utilise plus sur gazon. Je vais passer, par exemple, une heure par jour, quand je peux, avant la compétition, à faire des répétitions pour ça », indique le droitier de 6 pi 4 po qui montre une fiche globale de 20-13 cette année.

À Stuttgart, il y a deux semaines, les conditions météorologiques avaient rendu la surface de jeu « très compliquée », signale-t-il.

Mais à Halle, la semaine dernière, où il a notamment éliminé Roger Federer, c’était « très bien ». Plus près de la qualité qu’offre Wimbledon.

« Comme un tapis ou un green de golf », image Félix Auger-Aliassime.

Après huit matchs de rodage, dont la moitié sur une surface de qualité, les sensations devraient être à point sur la pelouse londonienne.

La vie avec Toni Nadal

Il y a deux mois et demi, Toni Nadal s’est joint à Frédéric Fontang, duo qui tâche de pousser Auger-Aliassime vers le sommet. Attirer dans son sillage un entraîneur de renom ne peut qu’être bénéfique, mais cela vient-il avec une certaine pression, une obligation de résultat, en quelque sorte ? La pression, il se la met de toute façon, rétorque le joueur. Quant aux résultats jusqu’à maintenant… « C’est sûr que j’espérais dans les dernières semaines, par exemple sur terre battue, à Monte-Carlo, la première fois que Toni était là physiquement, qu’on connaisse de meilleurs résultats en sa présence, qu’on vive de bons moments ensemble, des victoires. J’étais un peu déçu et je trouvais ça dommage de ne pas avoir encore eu la chance de vivre cela avec lui. Mais je sais que ça va venir. »

Les autres Canadiens

Denis Shapovalov

PHOTO PAUL CHILDS, ARCHIVES REUTERS

Denis Shapovalov

Le gaucher natif de Tel-Aviv a emmagasiné six matchs préparatoires sur gazon, atteignant les quarts de finale, puis les demi-finales dans ses deux tournois. Classé 12e mondial à 22 ans, il a par ailleurs annoncé qu’il ne participerait pas aux Jeux olympiques de Tokyo. Il compte 18 victoires pour 13 défaites en 2021.

ADVERSAIRE AU PREMIER TOUR : Philipp Kohlschreiber, 115e mondial
MEILLEUR WIMBLEDON : 2e tour en 2018 (battu par Benoit Paire)

Bianca Andreescu

PHOTO ANNEGRET HILSE, ARCHIVES REUTERS

Bianca Andreescu

Sa fiche de 12-6 en 2021 n’est pas inintéressante compte tenu de la durée de son absence préalable. La numéro 7 mondiale n’a toutefois remporté qu’un seul de ses trois matchs préparatoires sur gazon. Et il y a l’éternelle question : dans quel état physique se trouve en ce moment l’ex-protégée de Sylvain Bruneau ?

ADVERSAIRE AU PREMIER TOUR : Alizé Cornet, 56e mondiale
MEILLEUR WIMBLEDON : 1er tour en 2017, sa seule présence (battue par Kristina Kucova)

Leylah Annie Fernandez

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Leylah Annie Fernandez

En guise d’échauffement à Birmingham, la Québécoise s’est inclinée au second tour contre Ons Jabeur, éventuelle gagnante du tournoi. L’adversaire de la 68e mondiale au premier tour n’est pas commode. Elle a déjà gagné un Grand Chelem, a fait la demi-finale de Wimbledon en 2018 et vient de connaître une bonne semaine à Eastbourne…

ADVERSAIRE AU PREMIER TOUR : Jelena Ostapenko, 43e mondiale
MEILLEUR WIMBLEDON : première présence

Vasek Pospisil

PHOTO GLYN KIRK, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Vasek Pospisil

Le vétéran de 30 ans vient d’atteindre les quarts de finale à Eastbourne. Il y a six ans, Pospisil, actuel 66e mondial, avait disputé les quarts à Wimbledon. Depuis, il a chaque fois plié bagage d’entrée. Le premier tour lui offre cette fois un joueur très prenable.

ADVERSAIRE AU PREMIER TOUR : Roberto Carballes Baena, 100e mondial
MEILLEUR WIMBLEDON : quart de finale en 2015 (battu par Andy Murray)