La tenue des Jeux olympiques de Tokyo en pleine pandémie l’été dernier aura constitué un défi de taille pour les organisateurs et obligé les athlètes à faire preuve comme jamais de résilience. Et malgré le contexte inédit de ces Jeux présentés principalement à huis clos sur les sites olympiques, les performances sont restées impressionnantes, avec notamment 20 records du monde.

Le succès relatif de Tokyo 2020, avec un nombre limité de cas de COVID-19 dans la « bulle olympique », est une source d’enseignement précieux à quelques semaines des Jeux d’hiver de Pékin, où les mesures de restrictions sanitaires s’annoncent encore plus serrées.

Voici un regard sur quelques faits saillants des Jeux de Tokyo et un aperçu sur ceux de Pékin :

Sources de fierté

Si la pandémie de coronavirus a mis à mal les préparatifs de l’ensemble des athlètes et brisé les rêves olympiques de certains d’entre eux, les Canadiens ont particulièrement souffert des sévères mesures sanitaires au pays.

Dans ces circonstances, le Comité olympique canadien (COC) n’avait fixé aucun objectif pour le nombre de médailles à Tokyo. Les très bons résultats de la délégation canadienne sont d’autant plus satisfaisants.

Avec une récolte de 24 médailles (7-6-11), les athlètes canadiens ont établi un record pour des Jeux d’été non boycottés et les sept médailles d’or ont égalé la marque établie aux Jeux de Barcelone en 1992.

Plus encore, aucun membre de la délégation canadienne n’a subi de contrôle positif au coronavirus pendant le séjour au Japon, preuve que le plan élaboré par le COC a fonctionné.

« Ce qui m’a rendu le plus fier, c’est l’unité et la discipline démontrées par toute l’équipe », estime Eric Myles, le chef des sports au COC, en faisant allusion au fait que tout le monde a adhéré aux mesures sanitaires strictes mises de l’avant dans les mois qui ont précédé les Jeux.

« Je crois que fondamentalement cela a contribué à nos bons résultats. En arrivant à Tokyo, le Canada était assurément l’un des pays les plus disciplinés dans ce domaine. Et cette ouverture à s’adapter aux conditions changeantes nous a bien servis. »

Comme ce plan a fait ses preuves à Tokyo, la même recette est appliquée en vue de Pékin et Myles se montre « assez confiant » même si ce virus nous a appris à faire preuve d’humilité et de prudence.

Les femmes à l’avant-scène

Comme à Rio de Janeiro en 2016, les athlètes féminines du pays ont brillé à Tokyo. Non seulement elles étaient majoritaires – 225 sur un total de 371 athlètes – mais elles ont aussi remporté 18 des 24 médailles, que ce soit en solo ou en équipe.

« Le comité olympique canadien est l’un des comités nationaux les plus ouverts au niveau de l’inclusion et des enjeux sociaux, constate Myles. Quand on parvient à des réussites comme ça auprès des femmes, nous en sommes très fiers. »

Si les nageuses Penny Oleksiak, qui avec trois autres médailles est devenue l’Olympienne canadienne la plus décorée de l’histoire, et Margaret Mac Neil, sacrée championne au 100 m papillon, ont donné le ton à cette belle réussite, c’est une sympathique haltérophile de Rimouski qui a fait vibrer le Québec avec sa médaille d’or dans la catégorie des moins de 64 kg.

La vie de Maude Charron a été un véritable tourbillon depuis ce soir du 27 juillet où elle est devenue la deuxième Canadienne dans sa discipline à remporter l’or olympique.

« Encore hier, je regardais les vidéos de ma victoire et on dirait que ça fait des années que c’est arrivé, a admis Charron en entrevue téléphonique il y a quelques jours. Pourtant, ça fait seulement quelques mois.

« Mais j’ai vécu tellement d’émotions, j’ai mis tellement de travail pour me rendre là-bas. Je trouve que tout s’est passé beaucoup trop vite. »

Pour réaliser son rêve, il lui a fallu relever de nombreux défis. Et la pandémie n’a rien arrangé.

« Même une fois à Tokyo, il y a eu beaucoup d’incertitude, beaucoup d’anxiété. Un matin, je pouvais me réveiller au village olympique et me faire dire que je ne peux pas aller compétitionner parce que mon test de la veille était positif. »

Heureusement, tout a bien tourné pour elle et sa persévérance a été récompensée par la plus belle des récompenses.

La future policière est présentement en train d’évaluer ses options pour le prochain cycle olympique.

« Je regarde pour aller aux Jeux du Commonwealth cet été à Birmingham. Ensuite, on verra ce qui en est avec le prochain processus de qualification olympique pour les Jeux de Paris. On vient de recevoir les nouvelles catégories et ils coupent encore les quotas pour l’haltérophilie. Au lieu de huit, on va tomber à cinq catégories avec 12 athlètes par catégorie au lieu de 14. Et ma catégorie n’est pas là. »

Un champion d’exception

Parmi les autres coups de cœur de Tokyo, on ne peut passer sous silence la performance inspirée de Damian Warner. En plus d’établir un record olympique, le décathlonien s’est aussi fait une place dans la liste des meilleurs athlètes de l’histoire en réalisant le cinquième plus haut pointage.

Le sprinter Andre De Grasse a pour sa part ajouté trois autres médailles olympiques à son palmarès, dont l’or au 200 m, prouvant qu’il est à son mieux lors des grandes occasions. En six finales étalées sur deux olympiades, il n’est jamais passé à côté d’un podium.

Impossible également d’oublier le débordement de joie des joueuses de l’équipe de soccer après le but de Julia Grosso en tirs de barrage contre la Suède en finale, la médaille d’or de l’équipage féminin du huit de pointe ou encore le triomphe de la cycliste Kelsey Mitchell la dernière journée des Jeux lors de l’épreuve individuelle de vitesse.

Tokyo a également permis à la Trifluvienne Laurence Vincent-Lapointe de réaliser l’objectif qu’elle s’était fixé lorsque le canoë de vitesse féminin a été ajouté au programme olympique en 2017. Elle a remporté l’argent en C-1 et ajouté le bronze avec sa coéquipière Katie Vincent.

Comme à chaque fois, ces Jeux ont donné lieu à quelques moments déchirants. Qu’on pense à la huitième place de la plongeuse Jennifer Abel à sa dernière finale olympique individuelle, à sa coéquipière Meaghan Benfeito incapable de franchir la demi-finale à la tour de 10 m ou encore à la 5e place de l’Ottavien Michael Woods lors de la course cycliste sur route.

Mais pour eux comme pour tous les autres athlètes, une présence à Tokyo était déjà à elle seule une victoire.

Prêt à tout

Le spectre de la COVID-19 plane toujours sur les prochains Jeux de Pékin et les autorités chinoises demeurent lucides, avouant que l’évènement présente un risque très élevé de transmission surtout avec la présence du variant Omicron plus contagieux. Mais elles assurent avoir tout prévu pour y faire face, notamment avec des hôpitaux désignés pour les athlètes testés positifs.

Comme à Tokyo, l’équipe canadienne se rendra à Pékin sans un objectif précis pour le nombre de médailles, mais les espoirs sont élevés.

« Avec l’annulation de Coupes du monde, ça devient tellement imprécis de le faire, note Eric Myles. Mais en regardant les bons résultats des dernières semaines et d’autres athlètes qui sont moins visibles parce qu’ils sont déjà qualifiés, nous sommes confiants.

« Le focus pour nos athlètes, c’est de rester en santé et de réussir à se qualifier. À Tokyo, nous avons vu des athlètes plus reposés, moins blessés, et ç’a permis des performances extraordinaires. On va se souhaiter la même chose cet hiver. »

Lors de sa dernière projection, la compagnie d’analyse de données Gracenote prédit au Canada une récolte de 23 médailles, ce qui lui conférerait le cinquième rang au classement.

Elle prédit des médailles d’or au Canada en hockey masculin – c’était avant le forfait des joueurs de la LNH – et féminin, au spécialiste des bosses Mikaël Kingsbury, au planchiste Maxence Parrot, ainsi qu’au patineur de vitesse Laurent Dubreuil.

Le Canada était revenu des Jeux de PyeongChang, en 2018, avec 29 médailles (11-8-10), un record à des Jeux d’hiver.