(Tokyo) Les athlètes canadiens ont obtenu des résultats inespérés au cours des 17 derniers jours aux Jeux olympiques de Tokyo. Ils ont non seulement amélioré le record du pays pour le total de médailles à des Jeux d’été non boycottés, avec 24, ils ont également mis la main sur sept médailles d’or, un sommet depuis Barcelone en 1992. Et tout ça malgré les conditions adverses dans lesquelles plusieurs d’entre eux ont dû s’entraîner ces 16 derniers mois dans la foulée de la pandémie de COVID-19.

Et comme aux Jeux de Rio, les femmes y ont joué les premiers rôles puisqu’elles ont contribué à 18 des 24 médailles du Canada. Voici les 10 coups de cœur de La Presse Canadienne à ces Jeux reportés qui passeront à l’histoire à plus d’un titre.

Le champion émérite

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Damian Warner

Personne n’incarne mieux le sens du mot résilience que Damian Warner. Contraint de s’entraîner l’hiver dernier dans un aréna vétuste et mal chauffé en raison des restrictions sanitaires, le décathlète a consenti à tous les sacrifices pour réaliser l’objectif ultime : devenir champion olympique. Ses efforts ont été récompensés lorsque l’Ontarien de 31 ans est devenu le premier Canadien médaillé d’or de la discipline. Et avec quel panache ! En plus d’établir un nouveau record olympique, Warner s’est aussi fait une place dans la liste des meilleurs athlètes de l’histoire du sport en réalisant le cinquième meilleur pointage. Comme l’un de ses entraîneurs l’a si bien souligné au sujet de sa performance : « On parle d’un niveau d’excellence à la Wayne Gretzky. La crème de la crème, le petit groupe des meilleurs au monde. »

Penny et compagnie

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Penny Oleksiak

Après avoir été le pôle d’attraction à Rio en 2016 avec une récolte de quatre médailles, les projecteurs étaient braqués sur Penny Oleksiak à Tokyo. Avec la pression qui vient avec. La nageuse devenue adulte n’a peut-être pas créé le même effet « Wow ! », elle n’en est pas moins devenue l’olympienne la plus décorée de l’histoire au Canada, ajoutant trois autres breloques à son palmarès.

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Margaret Mac Neil

Comme à Rio, les nageuses ont donné le ton en remportant les six médailles canadiennes (1-3-2) au Centre aquatique de Tokyo. Margaret Mac Neil a créé la plus agréable surprise en décrochant l’or au 100 m papillon après une remontée inspirée – elle était septième après une longueur – sur le dernier 50 mètres. Et n’oublions pas Kylie Masse, double médaillée d’argent au dos en plus de sa contribution au relais 4 x 100 m quatre nages.

L’homme des grandes occasions

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Andre De Grasse

Après Rio, le sprinter ontarien Andre De Grasse était considéré comme le successeur désigné du « grand » Usain Bolt. Tout ne s’est pas déroulé comme prévu dans l’intervalle. Une blessure l’a privé d’un dernier rendez-vous avec Bolt aux Mondiaux de 2017 et la pandémie de COVID-19 l’a forcé à s’entraîner sur un terrain de soccer en Floride l’été dernier. Mais le grand rendez-vous olympique l’allume. S’il est resté sur son appétit en terminant troisième du 100 m, il a connu la consécration avec une course victorieuse qui passera à l’histoire au 200 m. Et il n’a pas voulu en rester là. Dernier relayeur du Canada au 4 x 100 m, il est remonté de la cinquième place pour s’offrir une sixième médaille olympique. En six finales étalées sur deux olympiades, De Grasse n’est jamais passé à côté d’un podium. Il s’agit vraiment de l’homme des grandes occasions.

Maude Charron : une femme forte

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Maude Charron

La Rimouskoise en est une autre qui n’a pu s’entraîner dans des conditions optimales en raison des restrictions sanitaires. Déjà que l’haltérophile a fait le choix de demeurer en région dans son parcours vers les JO, elle a poursuivi sa préparation pour Tokyo pendant des mois dans un gymnase de fortune que son père lui a aménagé dans son garage. Mais sa grande détermination a fait abstraction de tout ça et elle est devenue la première championne olympique canadienne en haltérophilie à recevoir sa médaille d’or sur le podium des Jeux. Christine Girard, qui n’a pu goûter à ce plaisir, a bien raison quand elle décrit Charron « d’athlète exceptionnelle non seulement physiquement, mais mentalement aussi. »

Au sommet du monde

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Beverly Priestman et l’équipe canadienne de soccer

Dès le moment où Beverly Priestman a accepté le poste d’entraîneuse-chef de l’équipe canadienne de soccer féminin l’automne dernier, elle a affiché ses couleurs pour Tokyo : la première marche du podium. Après deux médailles de bronze consécutives, il était légitime d’espérer mieux. Misant à la fois sur l’expérience et la jeunesse, l’équipe a d’abord écarté les Américaines en demi-finale, une première victoire en plus de 20 ans contre leurs grandes rivales. Et la consécration ultime est venue avec une victoire en tirs de barrage contre la Suède en finale. La capitaine Christine Sinclair, le cœur et l’âme du programme féminin depuis plus de 20 ans, pourra éventuellement accrocher ses crampons avec le sentiment d’avoir contribué à mener l’équipe au sommet.

Deux agréables surprises

PHOTO CHRISTOPHE ENA, ASSOCIATED PRESS

Kelsey Mitchell

La cycliste sur piste Kelsey Mitchell ne pouvait choisir plus belle façon de conclure les Jeux pour le Canada. Son triomphe en deux manches en finale de l’épreuve individuelle de vitesse au vélodrome d’Izu couronne son ascension fulgurante, elle qui a commencé le sport il y a quatre ans seulement. À Tokyo, elle a vraiment démontré qu’elle est la cycliste sur piste la plus rapide du monde après avoir éclipsé l’Ukrainienne Olena Starikova en finale.

PHOTO CHRISTIAN HARTMANN, REUTERS

Lauriane Genest

Notons aussi la médaille de bronze de la Lévisienne Lauriane Genest en keirin à ses premiers Jeux olympiques. Difficile de ne pas compatir avec le Madelinot Hugo Barrette, privé d’une chance de médaille à la suite d’une élimination dans des circonstances nébuleuses au keirin.

Un dénouement heureux

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Laurence Vincent-Lapointe

Quand le CIO a ajouté le canoë féminin au programme olympique en 2017, Laurence Vincent-Lapointe y a vu l’occasion d’écrire une page d’histoire de son sport, elle qui dominait sa discipline depuis des années. On connaît la suite. Une suspension provisoire pour un contrôle antidopage positif en août 2019 dont elle a ensuite été innocentée et la pandémie de COVID-19 l’ont privée de compétitions pendant presque deux ans. Dans les circonstances, revenir de Tokyo avec deux médailles, l’argent en C-1 et le bronze en C-2 avec Katie Vincent, est un dénouement heureux.

Souvenir d’un passé glorieux

PHOTO NATHAN DENETTE, LA PRESSE CANADIENNE

Caileigh Filmer et Hillary Janssens

L’aviron ne suscite pas l’engouement des épreuves d’athlétisme ou de natation. Ce qui explique sans doute que la médaille d’or de l’équipage féminin du huit de pointe n’a pas obtenu toute l’attention voulue. Elle n’en est pas moins méritoire après une course menée de bout en bout. Et n’oublions pas la médaille de bronze de Caileigh Filmer et de Hillary Janssens au deux de pointe. Les nostalgiques se sont rappelé les jours glorieux de l’aviron canadien dans les années 1990, avec Kathleen Heddle et l’actuelle chef de mission Marnie McBean, triples médaillées d’or.

Une longue attente récompensée

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Catherine Beauchemin-Pinard

La jukoka Catherine Beauchemin-Pinard a dû patienter cinq ans pour effacer le douloureux souvenir de Rio. Mais l’attente aura valu la peine. L’athlète de 27 ans l’a finalement eue sa médaille olympique, le bronze, chez les 63 kg Le Canada a par ailleurs connu les meilleurs Jeux de son histoire avec deux médailles de bronze et deux cinquièmes places. Certes, les attentes étaient plus grandes pour Jessica Klimkait, championne du monde en titre. Mais elle peut toujours se consoler en se disant qu’elle a fait l’histoire en devenant la première Canadienne à monter sur le podium olympique en judo.

Un athlète comblé

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Evan Dunfee

Cette fois, Evan Dunfee n’a pas raté son coup. Une belle remontée en fin d’épreuve lui a permis de grimper sur la troisième marche du podium au 50 km marche. Le Britanno-Colombien de 30 ans avait dû se contenter d’une frustrante quatrième place à Rio en 2016.