(Miami) À sa sortie du paddock après les essais libres, vendredi, Lance Stroll a bonne mine. Quand La Presse lui mentionne qu’il connaît son meilleur début de saison en carrière, le pilote québécois n’affirme ni n’infirme. Il fait plutôt dans l’humilité.

« Je pense qu’on a bien commencé la saison, répond-il. On a marqué de bons points dans la première course, mais il y en a encore beaucoup jusqu’à la fin de la saison. Il faut qu’on reste concentrés et que l’on continue le bon travail. »

Si la modestie de Stroll est tout à son honneur, il nous faut rétablir les faits. Jusqu’ici, le meilleur début de saison en carrière du numéro 18 avait eu lieu en 2020 ; une récolte de 20 points à ses quatre premières courses. En 2021, après autant de Grands Prix, il totalisait cinq points. En 2022 ? Un maigre petit point.

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Lance Stroll lors d’un arrêt aux puits, vendredi

Ce qui nous amène à la saison actuelle. Pour la première course, à Bahreïn, Stroll a réussi à se rétablir in extremis de multiples fractures subies lors d’un accident à vélo. Malgré certaines douleurs, il a pris la sixième place, devant George Russell, de Mercedes. Il a été forcé à l’abandon lors de la course suivante, avant de terminer quatrième en Australie et septième en Azerbaïdjan. Total de points jusqu’ici : 27.

Ces résultats deviennent encore plus intéressants quand on regarde le classement des constructeurs. Aston Martin, après deux saisons à terminer dans le dernier tiers du tableau, se trouve au deuxième rang… devant Mercedes et Ferrari.

« C’est très serré entre nous, Mercedes, Ferrari, nous dit justement le pilote de 24 ans. Je pense que c’est juste important de garder le focus. »

L’effet Alonso

Les succès d’Aston Martin sont aussi grandement attribuables aux résultats du vétéran Fernando Alonso, le pilote qui provoque les cris des amateurs chaque fois qu’il apparaît dans le paddock à Miami. Le double champion du monde, nouvellement arrivé chez Aston Martin, connaît un excellent début de campagne, avec trois podiums aux quatre premières courses.

Depuis le début de la saison, le pilote de 41 ans mentionne son jeune coéquipier dans ses entrevues dès qu’il en a l’occasion. Les deux coéquipiers, qui se connaissent depuis de nombreuses années, semblent entretenir une relation privilégiée.

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Lance Stroll lors d’un évènement à Miami, jeudi

« Il a beaucoup d’expérience, il est très rapide, il est très fort, dit Stroll à La Presse. C’est sûr qu’on parle beaucoup de la voiture, on a les mêmes idées en termes de ce qu’on veut retirer de la voiture, comment on veut l’améliorer. Pour le moment, c’est sûr qu’on a une bonne relation. »

Selon le promoteur du Grand Prix du Canada, François Dumontier, Alonso offre à Stroll l’accompagnement qu’aurait dû lui offrir Sebastian Vettel ces deux dernières saisons.

Lawrence Stroll avait une vision quand il a embauché Sebastian Vettel. Mais Vettel aurait pu mieux faire son travail de mentor. Le mandat que Lawrence avait donné à Sebastian était d’accompagner Lance dans la voiture, à l’extérieur de la voiture et dans le public.

François Dumontier, promoteur du Grand Prix du Canada

« Quand Fernando s’est retrouvé sans volant, Lawrence lui a tout de suite fait une offre : ton job, c’est d’aider Lance, de l’éduquer, de l’aider en compétition. Partage tes réglages, dis tes opinions, mais aide-le aussi quand il fait des entrevues, aide-le à se comporter comme un vrai pilote professionnel. »

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Fernando Alonso lors d’une conférence de presse à Miami, jeudi

Cette saison, les amateurs de Formule 1 ont droit à un nouveau Stroll. Plus en confiance, plus à l’aise. Le Québécois, qui a souvent été critiqué par les amateurs ces dernières années, « est meilleur que ce qu’il a démontré depuis le début de sa carrière », croit Dumontier.

« Je pense que Lance va bien performer cette année. [Aston Martin] a une bonne voiture, mais il est à surveiller dans le futur. »

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La voiture de Lance Stroll rentre au garage après la deuxième séance d’essais libres à Miami, vendredi.

À l’approche du Grand Prix du Canada, qui aura lieu du 16 au 18 juin prochain, le promoteur se réjouit des résultats d’Aston Martin.

« Nous, on ne peut pas être plus heureux en ce moment. Aston Martin, c’est comme une équipe canadienne. […] Si [Stroll et Alonso] peuvent bien performer comme ça à Montréal, peut-être que la perception du monde va changer sur Lance. »