Le Hamas a donné jeudi une « première confirmation positive » à une proposition de pause humanitaire à Gaza et de libération d’otages, solution « approuvée » aussi par Israël, selon le médiateur qatari, alors que les combats font rage dans le territoire palestinien.

Une source proche du Hamas à Gaza a toutefois déclaré à l’AFP qu’il n’y avait toujours pas de consensus sur la proposition et que « la déclaration du Qatar (était) précipitée et fausse ».

Jeudi, le président américain, Joe Biden, a adopté une mesure sans précédent, visant à sanctionner des colons israéliens accusés de violences à l’encontre de Palestiniens en Cisjordanie occupée, où les violences se sont accrues en marge de la guerre à Gaza pour atteindre selon lui « des niveaux intolérables ».

Israël a rétorqué qu’il n’y avait « pas de place pour des mesures exceptionnelles » contre les colons.

À Gaza, où les combats et les raids israéliens se poursuivent, aggravant la situation humanitaire déjà désastreuse, des témoins ont fait état de frappes israéliennes à proximité de l’hôpital Nasser de Khan Younès (sud), où se cachent, selon Israël, des dirigeants du mouvement islamiste palestinien.

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Vue sur la bande de Gaza à partir du sud d’Israël

« Le Hamas compte 10 000 terroristes morts et 10 000 autres blessés qui sont hors de combat, un coup dur porté à leur capacité », a affirmé le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant.

Le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, qui vit en exil au Qatar, est attendu en Égypte jeudi ou vendredi pour discuter d’un nouvel arrêt des combats, près de quatre mois après le début de la guerre déclenchée par l’attaque sanglante de son mouvement contre Israël.

Ces pourparlers doivent porter sur une proposition de trêve et d’échange d’otages contre des prisonniers palestiniens faite à l’issue d’une récente réunion à Paris entre le chef de la CIA, William Burns, et des responsables égyptiens, israéliens et qataris.

« Bonnes nouvelles dans deux semaines »

Cette proposition a été « approuvée par la partie israélienne », selon le porte-parole de la diplomatie du Qatar, Majed al-Ansari. « Nous avons maintenant une première confirmation positive de la part du Hamas », a-t-il affirmé, espérant que « dans les deux prochaines semaines, nous serons en mesure de partager de bonnes nouvelles à ce sujet ».

Auparavant, une source du Hamas avait indiqué que la proposition porte sur trois phases, dont la première prévoit une trêve de six semaines durant laquelle Israël devra libérer entre 200 et 300 prisonniers palestiniens en échange de 35 à 40 otages détenus à Gaza, et 200 à 300 camions d’aide pourront entrer chaque jour dans le territoire palestinien.

Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, va retourner « dans les prochains jours » au Moyen-Orient pour appuyer les efforts pour parvenir à cette deuxième trêve.

Quelque 250 personnes ont été enlevées et emmenées dans la bande de Gaza le jour de l’attaque du Hamas, dont une centaine ont été libérées fin novembre lors d’une première trêve, en échange de prisonniers palestiniens détenus par Israël. Selon les autorités israéliennes, 132 otages restent détenus à Gaza. Parmi eux, 27 ont été déclarés morts par l’armée.

Le Hamas, considéré comme une organisation terroriste par Israël, les États-Unis et l’Union européenne notamment, a réclamé un cessez-le-feu total en préalable à tout accord.

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Un camp de réfugiés à Rafah, le 1er février 2024

Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, évoquait lui une possible trêve mais a affirmé qu’il ne mettra fin à l’offensive qu’une fois le Hamas éliminé, les otages libérés, et après avoir reçu des garanties sur la sécurité future d’Israël.

M. Nétanyahou se trouve sous pression à la fois des familles d’otages pour une libération et de membres de son gouvernement, hostiles à un accord qui serait trop généreux, selon eux, pour les Palestiniens.  

La guerre a éclaté le 7 octobre lorsque des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza ont mené une attaque sans précédent sur le sol israélien, qui a fait environ 1163 morts, majoritairement des civils, selon un nouveau décompte de l’AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.

En riposte, Israël a juré d’« anéantir » le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, et lancé une offensive militaire qui a fait 27 019 morts, en grande majorité des civils, selon le ministère de la Santé du mouvement palestinien.

« Inhabitable »

Dans la bande de Gaza devenue « inhabitable », d’après l’ONU, la population « meurt de faim » et « est poussée au bord du gouffre », selon l’Organisation mondiale de la santé.

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Rafah, le 1er février 2024

L’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), qui a dit jeudi redouter de devoir cesser ses activités « d’ici fin février », s’est vue cependant proposée par un élu norvégien pour le Nobel de la paix, « pour son travail de longue haleine visant à fournir un soutien vital à la Palestine et à la région ».

Treize pays donateurs ont suspendu leur contribution à cette agence après des accusations d’Israël à l’encontre de 12 de ses employés soupçonnés d’implication dans l’attaque du 7 octobre. L’Unrwa avait annoncé avoir licencié la plupart des salariés concernés.

La guerre a poussé 1,7 million d’habitants de Gaza, selon l’ONU, sur un total de 2,4 millions, à fuir leur foyer.

À mesure que les combats s’étendaient, plus d’1,3 million de déplacés, d’après l’ONU, se retrouvent entassés à présent à Rafah, piégés contre la frontière fermée avec l’Égypte.

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Des Palestiniens fuient Khan Younès, le 30 janvier 2024.

Des Palestiniens arrêtés par l’armée israélienne dans la bande de Gaza, actuellement soignés dans un hôpital de Rafah après avoir été libérés jeudi, ont raconté à l’AFP avoir été victimes de violences et de privations en détention.

« Au cours des 72 premières heures, boire, manger ou aller aux toilettes était interdit. On était menottés et on avait les yeux bandés pendant les sept jours » qu’a duré la détention, a dit Khaled al-Nabrisse, 48 ans, habitant de Khan Younès.

Interrogée par l’AFP sur ces allégations, l’armée israélienne a déclaré avoir arrêté « des individus soupçonnés d’être impliqués dans des activités terroristes » et assuré qu’ils avaient été traités « en conformité avec le droit international ».