(Bruxelles) L’Union européenne a réclamé lundi un audit sur le fonctionnement de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), après les accusations sur la possible implication de certains de ses employés dans l’attaque du 7 octobre en Israël.

« Nous leur demandons (à l’UNRWA) d’accepter qu’un audit soit mené par des experts indépendants, choisis par la Commission européenne », a affirmé son porte-parole Eric Mamer.

La Commission a par ailleurs précisé qu’elle déciderait ou non de suspendre son financement à l’UNRWA, en fonction des résultats de l’enquête ouverte par l’ONU. Elle a ajouté qu’aucun paiement n’était prévu jusqu’à fin février.

« La Commission va examiner ce sujet à la lumière de l’issue de l’enquête annoncée par l’ONU et les actions qu’elle prendra », a-t-elle précisé dans communiqué.

« Il est absolument normal que nous réclamions que ces allégations soient clarifiées et fassent l’objet d’une enquête alors que nous sommes l’un des principaux donateurs » d’aide humanitaire et au développement pour les Palestiniens, a ajouté M. Mamer.

L’Australie et le Canada ont annoncé ce week-end la suspension de leurs financements à l’UNRWA, après des accusations des autorités israéliennes selon lesquelles des employés pourraient avoir été impliqués dans l’attaque du Hamas le 7 octobre. D’autres pays ont fait depuis de même.

Les États-Unis avaient annoncé vendredi « suspendre temporairement » tout futur financement de l’agence onusienne au cœur de la distribution de l’aide aux civils de la bande de Gaza et sous le feu des combats entre Israël et le mouvement islamiste palestinien.

L’attaque du 7 octobre a entraîné la mort d’environ 1140 personnes en Israël, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.

En riposte, Israël a juré « d’anéantir » le Hamas, qui gouverne Gaza depuis 2007, et lancé une vaste opération militaire ayant fait 26 422 morts, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du mouvement islamiste.

Plusieurs pays suspendent l’aide

Onze pays ont jusqu’ici suspendu tout financement futur à l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).

Japon

Le Japon, « extrêmement préoccupé », a décidé de « suspendre tout financement supplémentaire à l’UNRWA pour le moment », le temps que l’agence « mène une enquête » et « envisage des mesures pour répondre aux accusations », a indiqué dimanche le ministère japonais des Affaires étrangères.  

Tokyo précise qu’« il continuera ses efforts diplomatiques pour améliorer la situation en fournissant un soutien à d’autres organisations internationales ».

États-Unis

 « Les États-Unis sont extrêmement préoccupés par les accusations selon lesquelles 12 employés de l’UNRWA pourraient avoir été impliqués dans l’attaque terroriste du Hamas contre Israël le 7 octobre », a indiqué le porte-parole du Département d’État, Matthew Miller.

Tout en rappelant le « rôle essentiel » de l’UNRWA dans l’aide aux Palestiniens, le département d’État insiste sur l’importance que cette agence de l’ONU « réponde à ces accusations et prenne toute mesure corrective appropriée ».

Canada

Le ministre canadien du Développement international, Ahmed Hussen, a annoncé vendredi que « le Canada a temporairement suspendu tout financement additionnel à l’UNRWA pendant qu’elle entreprend une enquête approfondie sur ces accusations ».

 « Le Canada prend ces accusations extrêmement au sérieux et s’implique étroitement avec l’UNRWA et d’autres donateurs sur cette question », a-t-il ajouté, stipulant aussi qu’Ottawa restait « profondément préoccupé par la crise humanitaire à Gaza ».

Australie

La ministre australienne des Affaires étrangères, Penny Wong, s’est dite samedi « profondément préoccupée » par les accusations portées contre l’agence onusienne.

« Nous saluons la réponse immédiate de l’UNRWA, y compris la résiliation de contrats (de membres du personnel, NDLR) ainsi que l’annonce d’une enquête sur les accusations envers l’organisation », a-t-elle ajouté tout en notant l’impact du « travail vital » de l’agence pour les habitants de Gaza et « les plus de 1,4 million de Palestiniens qui s’abritent actuellement dans ses installations ».

Italie

« Le gouvernement italien a suspendu le financement de l’UNRWA après l’atroce attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre », a annoncé le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani.

« L’antisémitisme et le Hamas sont les nouveaux SS, la nouvelle Gestapo, parce que la chasse au juif a été menée de manière scientifique », a en outre commenté M. Tajani, samedi jour du Souvenir de la Shoah.  

Royaume-Uni

Le Royaume-Uni « est consterné par les accusations selon lesquelles des employés de l’UNRWA ont participé à l’attaque du 7 octobre contre Israël », a écrit samedi le ministère des Affaires étrangères.

« Le Royaume-Uni suspend temporairement tout financement futur de l’UNRWA pendant que nous examinons ces accusations préoccupantes », a-t-il ajouté.

Finlande

Jugeant « sérieuses » les allégations contre les employés de l’UNRWA, le ministère finlandais des Affaires étrangères a appelé samedi à « une enquête indépendante et approfondie ».  

« Nous devons nous assurer que pas un seul euro d’argent finlandais ne parvienne au Hamas ou à d’autres terroristes. Le soupçon que des employés d’une organisation recevant de l’aide humanitaire sont impliqués dans une attaque terroriste est la raison de la suspension des paiements », a commenté Ville Tavio, ministre du Commerce extérieur et du Développement.

Pays-Bas

« Nous sommes extrêmement choqués », a déclaré samedi le ministre néerlandais du Commerce et du Développement, Geoffrey van Leeuwen, en annonçant le gel de tout financement à l’UNRWA.

« L’accusation consiste à dire que l’attaque perpétrée le 7 octobre a été commise avec l’argent de l’ONU, avec notre argent », a-t-il commenté.

Allemagne

« Tant que ce ne sera pas éclairci, l’Allemagne, en accord avec les autres pays donateurs, ne va pas donner temporairement son aval pour de nouveaux moyens pour l’UNRWA à Gaza », ont annoncé samedi soir les ministères allemands des Affaires étrangères et du Développement.

« Pour le moment, de toute façon, il n’y avait aucun engagement en attente », ont-ils précisé.

Autriche

Dans l’attente de « clarifications », l’Autriche a décidé lundi de « suspendre provisoirement tout nouveau versement à l’UNRWA », tout en poursuivant son aide humanitaire pour la population civile à Gaza et dans la région.

Le ministère autrichien des Affaires étrangères a réclamé lundi « une enquête complète, rapide et sans faille ».

Roumanie

« Il n’y aura aucune autre contribution volontaire de la Roumanie à l’Unrwa avant la fin de l’enquête », a écrit lundi le ministère roumain des Affaires étrangères sur X.