(Jérusalem) Quelques milliers d’Israéliens favorables à la réinstallation de colonies dans la bande de Gaza, parmi lesquels des ministres, se sont réunis dimanche soir à Jérusalem, exhortant le premier ministre à faire aboutir le projet.

Des membres du Likoud, parti de Benyamin Nétanyahou, et d’autres ministres, d’extrême droite, ont participé au rassemblement, alors que les combats redoublaient de violence entre l’armée israélienne et le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza.

« Le temps est venu de revenir à Gush Katif et d’encourager l’émigration volontaire », a déclaré le ministre de la sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, évoquant un groupe de colonies israéliennes jadis installées à Gaza.

« La retraite amène la guerre et si nous ne voulons plus de 7 octobre, nous devons rentrer chez nous, contrôler le territoire et […] encourager » le départ « volontaire » des Gazaouis, a-t-il ajouté.

Onze autres ministres étaient présents à la réunion, tenue dans un centre de conférence bondé de Jérusalem, selon les organisateurs.

PHOTO RONEN ZVULUN, REUTERS

Le ministre de la sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir

Des intervenants ont réclamé l’expulsion des Palestiniens de Gaza, jugeant que la réimplantation de colonies était la seule issue pour assurer la sécurité d’Israël.

D’autres chantaient « les accords d’Oslo sont morts, le peuple d’Israël vit », en référence aux accords censés déboucher sur la cohabitation pacifique des deux peuples, entérinés en 1993 par le chef de l’OLP Yasser Arafat et le premier ministre israélien Yitzhak Rabin, à la Maison-Blanche, devant le président américain Bill Clinton.

Le rassemblement témoigne de ce qu’une frange extrémiste, longtemps minoritaire en Israël, y gagne actuellement du terrain, au risque d’approfondir encore les différends entre Israël et son allié américain.

Israël a occupé la bande de Gaza ainsi que la Cisjordanie et Jérusalem-Est depuis la guerre de 1967. Quelque 400 000 Israéliens vivent aujourd’hui en Cisjordanie dans des colonies considérées comme illégales par la majorité de la communauté internationale, aux côtés de trois millions de Palestiniens.

Israël a en revanche retiré ses ressortissants de 21 colonies installées dans la bande de Gaza en 2005. Le territoire abrite 2,4 millions de Palestiniens, dont une grande majorité a été déplacée depuis le début des combats en octobre.

« Pas un objectif réaliste »

Le premier ministre israélien n’a jusqu’à présent jamais soutenu le projet de relancer des colonies à Gaza, déclarant que le projet n’était « pas un objectif réaliste ». Il n’a encore jamais organisé de réunion de son gouvernement consacrée au « jour d’après » la guerre.  

Celle-ci a été déclenchée par l’attaque sans précédent menée le 7 octobre par le Hamas, qui a entraîné la mort d’environ 1140 personnes en Israël, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.

En riposte, Israël a juré d’« anéantir » le mouvement islamiste – qu’il classe terroriste comme les États-Unis et l’Union européenne – et lancé une vaste opération militaire à Gaza, qui a fait 26 422 morts, en grande majorité des femmes, enfants et adolescents, selon le dernier bilan dimanche du ministère de la Santé du Hamas.

Le gouvernement Nétanyahou est le plus religieux et ultranationaliste de l’histoire du pays. Il a érigé en priorité l’expansion des colonies en Cisjordanie occupée depuis son arrivée au pouvoir fin 2022.

Mais sa politique est en contradiction ouverte avec l’approche des États-Unis, allié indéfectible d’Israël.  

En début d’année, M. Ben Gvir, qui est aussi le chef du parti d’extrême droite pro-colons Force juive, avait appelé à un retour des colons à Gaza après la guerre, au lendemain d’un appel similaire d’un autre ministre d’extrême droite, celui des Finances, Bezalel Smotrich.

Le porte-parole du département d’État, Matthew Miller, avait qualifié leurs propos d’« irresponsables ».