(Beyrouth) Un haut responsable militaire du Hezbollah pro-iranien a été tué dans une frappe israélienne lundi dans le sud du Liban, sur fond de crainte d’un embrasement régional, a indiqué un responsable de sécurité libanais à l’AFP.

L’homme « jouait un rôle de premier plan dans la direction des opérations militaires dans le Sud », d’où le Hezbollah libanais mène depuis trois mois des attaques quasi quotidiennes contre Israël, a précisé ce responsable qui a requis l’anonymat.

Il a été tué « dans une frappe israélienne qui a visé sa voiture dans le village de Kherbet Selm », à une dizaine de kilomètres de la frontière avec Israël, a-t-il ajouté.

Dans l’après-midi, le Hezbollah a annoncé la mort du « commandant Wissam Hassan Tawil », tué au combat.

Il s’agit du plus haut responsable militaire du Hezbollah tué depuis que cette puissante formation a ouvert le front avec Israël pour soutenir le Hamas palestinien, son allié.

La formation a diffusé en ligne plusieurs photos de Wissam Tawil, dont une au côté de Qassem Soleimani, ex-architecte des opérations militaires iraniennes au Moyen-Orient tué en janvier 2020 par une frappe américaine en Irak.

Il apparaît également auprès de Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah, et Imad Moghnieh, haut responsable militaire tué en 2008 à Damas.

Le Hezbollah a entre autres salué sa participation à la capture de soldats israéliens ayant déclenché la guerre à l’été 2006 contre Israël, mais aussi les « opérations spécifiques qu’il a menées en Syrie ». Le groupe a également précisé qu’il a « dirigé de nombreuses opérations » contre les soldats israéliens à la frontière israélo-libanaise depuis le 7 octobre 2023.

Réactions du Hamas

« Nous présentons au peuple libanais, aux frères de la résistance islamique et aux dirigeants du Hezbollah nos plus sincères condoléances pour le martyre du commandant Wissam Tawil, tué […] en accomplissant son devoir djihadiste en soutien à Gaza », a pour sa part déclaré le Hamas dans un communiqué.

Le raid intervient après la mort du numéro deux du Hamas, Saleh al-Arouri, et six autres responsables et cadres du mouvement islamiste palestinien dans une frappe attribuée à Israël le 2 janvier.

La frappe avait visé un bureau du mouvement dans la banlieue sud de Beyrouth, fief du Hezbollah, qui a annoncé avoir lancé samedi en représailles 62 roquettes sur une base militaire dans le nord d’Israël.

« L’escalade de l’agression de l’ennemi sioniste et le ciblage des dirigeants de la résistance dans diverses arènes ne dissuaderont pas les forces de la résistance », a ajouté le Hamas lundi soir.

Dans un communiqué, le porte-parole de la diplomatie iranienne, Nasser Kanani, a lui fermement condamné l’attaque contre le responsable militaire du parti pro-iranien et mis en garde contre « les efforts […] du régime sioniste visant à élargir la portée du conflit dans la région ».

M. Kanani a dénoncé le recours par Israël à des « opérations terroristes flagrantes », qui selon lui, sont dues « aux coups durs qui lui sont infligés sur le terrain, y compris à Gaza et en Cisjordanie » occupée.

Pressions diplomatiques

La frappe sur le bureau du Hamas, la première au-delà du sud du Liban, a alimenté les craintes d’une escalade de la guerre entre le Hamas et Israël dans la bande de Gaza.

Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, poursuivait lundi une tournée régionale dont l’un des objectifs est d’éviter une escalade et notamment que les tensions entre Israël et le Hezbollah ne deviennent « hors de contrôle », selon des responsables américains.

Samedi à Beyrouth, le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell, avait de son côté déclaré que le Liban ne devrait pas être « entraîné dans un conflit régional ». M. Borrell a rencontré un responsable du Hezbollah.

Il est impératif d’éviter une escalade régionale au Moyen-Orient.

Josep Borrell, chef de la diplomatie de l’Union européenne

Le Hezbollah affirme agir pour soutenir le Hamas, qui a pris le pouvoir dans la bande de Gaza en 2007, où la guerre est entrée dans son quatrième mois.

Israël a juré de détruire le Hamas après son attaque sans précédent sur son territoire le 7 octobre, qui a tué environ 1140 personnes. L’offensive israélienne a fait 23 084 morts à Gaza.

Depuis le début des violences, le Hezbollah a perdu plus de 135 combattants dans des frappes israéliennes dans le sud du Liban. Plus de 20 civils ont également péri, dont trois journalistes, selon un décompte de l’AFP.