Le gouvernement yéménite s'est prononcé jeudi contre le renouvellement du mandat d'une commission d'enquête de l'ONU sur de possibles crimes de guerre commis par les protagonistes du conflit.

Ce gouvernement, reconnu par la communauté internationale, a souligné dans un communiqué son «rejet des outils qui lui sont imposés en violation de sa souveraineté» dans une référence à la mission d'experts jusqu'ici mandatés par l'ONU.

Les experts désignés par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU pour enquêter sur les crimes de guerre présumés au Yémen ont demandé mercredi aux États de renouveler leur mandat face à une situation «extrêmement alarmante».

Ce conseil a décidé il y a un an - après des négociations de plusieurs années ayant permis d'obtenir le soutien du Yémen et des pays arabes - d'envoyer des experts internationaux chargés d'enquêter sur les allégations de crimes de guerre au Yémen.

Dans leur rapport publié fin août, ces experts, dont le renouvellement du mandat doit être débattu jeudi ou vendredi à Genève, ont conclu que toutes les parties prenantes au conflit ont potentiellement commis des «crimes de guerre».

S'exprimant mercredi devant le Conseil des droits de l'Homme, Kamel Jendoubi, chef du groupe d'experts, a expliqué qu'«au vu de la gravité de la situation et compte tenu du temps limité accordé au mandat, des enquêtes supplémentaires sont nécessaires».

Le gouvernement yéménite, qui se trouve en exil à Aden, a réitéré ses critiques contre le rapport de la commission pour justifier son rejet du prolongement de son mandat.

Il a notamment reproché aux experts de «ne pas avoir exposé le crime des milices [rebelles des Houthis] d'avoir mis la main par la force sur les institutions de l'État».

Ces derniers sont entrés dans la capitale Sanaa en septembre 2014 avant de chasser le président Abd Rabbo Mansour Hadi, qui s'est personnellement réfugié en Arabie saoudite.

Une coalition militaire dirigée par l'Arabie saoudite est intervenue en mars 2015 au Yémen et la guerre se poursuit depuis, les rebelles contrôlant toujours Sanaa, ainsi que de vastes régions du nord et de l'ouest.

La coalition menée par Riyad a déjà rejeté le rapport de la commission de l'ONU, lui reprochant d'être favorable aux Houthis.

Depuis mars 2015, le conflit a fait selon l'ONU quelque 10 000 morts, en majorité des civils, mais le bilan réel est certainement supérieur. La guerre a provoqué la pire crise humanitaire du monde, selon les Nations unies.