Les autorités iraniennes ont procédé mercredi à l'arrestation d'une éminente avocate des droits de la personne qui a récemment défendu des femmes pour avoir manifesté contre l'obligation de porter le voile islamique.

Nasrin Sotoudeh a été arrêtée chez elle, d'après son mari Reza Khandan, qui a pu lui parler au téléphone après son arrestation. Sa femme aurait été informée qu'elle allait purger une peine d'emprisonnement de cinq ans à la sinistre prison d'Evin, à Téhéran, après avoir été condamnée par contumace.

Reza Khandan assure n'avoir aucune idée de la raison pour laquelle sa femme a été condamnée ni à quoi fait référence la peine d'emprisonnement.

Les autorités iraniennes n'ont pas donné de détails concernant l'affaire.

Reza Khandan raconte que leur fille de 18 ans était à la maison au moment de l'arrestation de sa mère.

«Ma fille se prépare pour ses examens d'admission à l'université qui doivent avoir lieu dans deux semaines, a commenté le père de famille. Je ne sais pas comment elle va y arriver dans de telles conditions.»

Amnistie internationale a dénoncé l'arrestation de l'avocate bien en vue, qualifiant l'opération d'«attaque scandaleuse contre une brave et prolifique défenseure des droits de la personne». L'organisme réclame sa libération «immédiate et sans condition».

Nasrin Sotoudeh est une critique volubile du système judiciaire de l'Iran dominé par des partisans de la ligne dure. Elle s'est récemment opposée à une décision visant à limiter le nombre d'avocats autorisés à défendre les accusés de crimes liés à la sécurité. Elle a qualifié cette décision d'«adieu au droit d'être défendu».

Le système de justice iranien a publié une liste de 20 avocats, sur les 60 000 détenteurs de permis de pratique, qui seraient désormais autorisés à défendre des accusés de crimes liés à la sécurité. L'État a finalement accepté d'allonger la liste à la suite d'un vent de contestation.

Nasrin Sotoudeh, mère de deux enfants, a aussi défendu des femmes arrêtées pour avoir refusé de couvrir leurs cheveux en public.

L'avocate, qui a déjà représenté d'importants opposants au régime, a déjà purgé une peine d'emprisonnement de trois ans, de 2010 à 2013, pour une condamnation liée à la sécurité.

Nasrin Sotoudeh a reçu en 2012 le prestigieux prix Sakharov remis par l'Union européenne qui récompense la défense de la liberté d'opinion.