Israël a donné son feu vert à plus de 1100 nouveaux logements de colons en Cisjordanie occupée, obscurcissant aux yeux de l'ONU et des Palestiniens un horizon très sombre dans un climat de tensions qui a fait deux morts jeudi.

Un organe relevant du ministère israélien de la Défense a approuvé mercredi 1122 unités d'habitation à différents stades de la procédure, a indiqué jeudi l'organisation israélienne anticolonisation la Paix maintenant.

Le gouvernement de Benyamin Nétanyahou, considéré comme le plus à droite de l'histoire du pays et faisant la part belle aux avocats de la colonisation, maintient ainsi l'impulsion donnée à la construction après l'accession de Donald Trump à la présidence américaine.

En 2017, Israël a avalisé 6742 logements, chiffre le plus élevé depuis 2013, selon la Paix maintenant.

Les Palestiniens, les Nations Unies et la France ont exprimé leur réprobation.

«Le gouvernement israélien continue à oeuvrer pour enterrer toute chance d'un règlement politique», s'est ému le secrétaire général de l'Organisation de libération de la Palestine, Saëb Erakat.

L'envoyé de l'ONU pour le processus de paix Nickolay Mladenov et Paris ont pressé Israël de cesser la colonisation. Ils ont rappelé que la construction de ces habitations civiles en territoire palestinien occupé était illégale au regard du droit international et qu'elle sapait les chances d'une solution dite à deux États.

Apparemment de plus en plus lointaine, la solution à deux États, c'est-à-dire la création d'un État palestinien indépendant coexistant avec Israël, demeure la référence de l'ONU pour résoudre l'un des plus vieux conflits de la planète.

«Obstacle majeur»

La colonisation fait partie des «obstacles majeurs à la paix» et «enracine la réalité d'un État unique», a dit M. Mladenov.

Elle «contribue également à attiser les tensions sur le terrain», a affirmé le porte-parole adjoint du ministre français des Affaires étrangères, deux jours après l'assassinat d'un colon en Cisjordanie.

Deux adolescents palestiniens ont été tués jeudi en Cisjordanie et dans la bande de Gaza lors de heurts avec les soldats israéliens.

Toute la politique de l'administration Trump face au conflit a «encouragé» le gouvernement israélien non seulement à poursuivre la colonisation, mais à agir encore plus à sa guise à l'encontre du peuple palestinien, a accusé M. Erakat.

Après l'administration Obama, ouvertement critique à l'encontre de la colonisation, celle de Donald Trump commencée en janvier 2017 s'est signalée par sa discrétion sur le sujet, en même temps que par son non-engagement en faveur de la solution à deux États.

Le 6 décembre, M. Trump a rompu avec des années de diplomatie américaine et internationale en reconnaissant unilatéralement Jérusalem comme capitale d'Israël, provoquant la fureur des autorités palestiniennes, des manifestations quasiment quotidiennes et des tensions persistantes à ce jour.

Seize Palestiniens et un Israélien ont été tués dans des violences depuis cette date.

Non seulement la colonisation rogne les terres sur lesquelles les Palestiniens aspirent à former un État, mais en fragmentant la continuité des territoires, elle menace de rendre impossible la création d'un tel État, disent ses détracteurs.

Effet d'aubaine

La plupart des 1122 logements approuvés mercredi par Israël sont censés être construits dans des colonies existantes situées en Cisjordanie, a souligné Hagit Ofran, une responsable de la Paix maintenant.

Cela reflète la politique du gouvernement israélien, «qui consiste à construire dans toute la Cisjordanie, surtout à des endroits qu'Israël devrait évacuer (en cas d'accord avec les Palestiniens), pour torpiller la solution à deux États», s'est émue Hagit Ofran.

Plus de 600 000 colons israéliens vivent une coexistence souvent conflictuelle avec près de trois millions de Palestiniens en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est annexée.

Un rabbin de 35 ans a été assassiné par balles mardi soir dans le nord de la Cisjordanie.

Sa mort a suscité des appels à la vengeance et à une accélération de la colonisation, jusqu'au sein du gouvernement de Benyamin Nétanyahou.

Plusieurs membres du gouvernement israélien hostiles à la création d'un État palestinien et favorables à une annexion au moins partielle de la Cisjordanie ont vu une aubaine dans l'accession au pouvoir de M. Trump.

M. Nétanyahou assure que ce n'est pas la colonisation, mais le refus palestinien de reconnaître un État juif dans quelques frontières que ce soit et les incitations palestiniennes à la violence qui font obstacle à la paix.