Soixante-huit civils ont été tués au Yémen mardi dans deux raids aériens de la coalition dirigée par l'Arabie saoudite qui intervient militairement dans ce pays contre les rebelles, a indiqué jeudi un responsable de l'ONU Jamie McGoldrick.

Dans un communiqué publié par l'agence saoudienne Spa, la coalition militaire a accusé M. McGoldrick de partialité en faveur des insurgés yéménites, sans toutefois nier la mort de civils.

Selon Jamie McGoldrick,le coordinateur humanitaire de l'ONU au Yémen, une première frappe a touché mardi «un marché populaire très fréquenté» dans la province de Taëz (sud-ouest) tuant 54 civils dont huit enfants. La  seconde a tué 14 personnes de la même famille dans la province de Hodeida sur la mer Rouge, a-t-il précisé dans un communiqué.

Les deux secteurs touchés sont contrôlés par les rebelles Houthis, en guerre contre le pouvoir depuis 2014.

«Je suis profondément dérangé par le nombre croissant de victimes civiles dans des attaques menées sans distinction» contre des objectifs civils au Yémen, a souligné le coordinateur de l'ONU.

Outre les 68 civils tués mardi, 41 autres ont péri ces dix derniers jours dans d'intenses combats, selon lui. «Ces incidents montrent le manque total de considération pour la vie humaine de tous les belligérants, y compris la coalition menée par l'Arabie saoudite, dans cette guerre absurde qui a pour unique résultat de détruire le pays et de faire endurer des souffrances incommensurables à ses habitants».

Dans son communiqué, la coalition dirigée par Riyad a accusé M. McGoldrick «de partialité en faveur des milices Houthis soutenues par l'Iran» et de ne pas entrer en contact avec elle pour s'assurer de la véracité des informations.

Cette coalition a intensifié ses bombardements aériens contre les rebelles yéménites depuis l'interception le 19 décembre d'un missile tiré par les Houthis en direction de la capitale saoudienne Riyad.

Elle intervient au Yémen depuis mars 2015 en soutien au président Abd Rabbo Mansour Hadi. Ce dernier avait été chassé de Sanaa quand les rebelles Houthis s'étaient emparés de la capitale yéménite en septembre 2014 ainsi que de vastes portions de territoires.

L'ONU répète que le conflit au Yémen ne peut pas être résolu par les armes, mais seulement par la négociation. Toutes les discussions ont cependant échoué jusqu'à présent.

Plus de 8750 personnes ont été tuées depuis l'intervention de la coalition saoudienne, selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). Le pays souffre aussi d'une épidémie de choléra et des dizaines de milliers de personnes ont besoin d'aide humanitaire pour survivre dans un des États les plus pauvres de la péninsule arabique.