L'Arabie saoudite a intercepté mardi au-dessus de Riyad, pour la deuxième fois en deux mois, un missile balistique tiré par les rebelles yéménites Houthis, et a mis en cause l'Iran, dont l'influence a également été pointée du doigt par Washington.

Dans un communiqué condamnant le tir de missile, le département d'État américain a en effet accusé mardi soir les Gardiens de la révolution (l'armée d'élite iranienne) «d'armer et rendre possibles les violentes attaques des Houthis».

«Nous sommes profondément concernés par les agissements violents des Houthis, soutenus par l'approvisionnement d'armes sophistiquées par l'Iran, qui menacent la stabilité régionale et prolongent le conflit yéménite», a écrit le département d'État.

Les États-Unis n'ont cependant pas explicitement accusé l'Iran d'avoir fourni aux rebelles yéménites le missile qui a été tiré mardi.

Le royaume saoudien s'est pour sa part empressé de qualifier ce nouveau tir d'«Irano-Houthi», quelques jours après les affirmations de Washington selon lesquelles un missile tiré le 4 novembre sur Riyad était de «fabrication iranienne».

«Un missile balistique tiré depuis le Yémen a été intercepté et détruit dans le sud de Riyad, sans faire de victimes», a ainsi déclaré Turki al-Malki, le porte-parole de la coalition militaire dirigée par l'Arabie saoudite qui intervient au Yémen contre les Houthis.

«Il visait des zones résidentielles très peuplées à Riyad», a-t-il souligné.

Alors que le tir effectué par les Houthis le 4 novembre ciblait l'aéroport international, celui de mardi visait le palais Yamama, une résidence officielle du roi Salmane, a avancé sur Twitter la chaîne de télévision Al-Masirah, contrôlée par la rébellion yéménite.

«Le palais du régime saoudo-américano-sioniste et toutes ses installations militaires et pétrolières sont à la portée de nos missiles», ont menacé les Houthis, affirmant avoir eu recours à un missile Burkan («volcan», en arabe) H-2.

«Agression directe»

Un correspondant de l'AFP à Riyad a fait état d'une puissante explosion à 10 h 50 GMT (5 h 50, heure de l'Est), peu avant l'annonce prévue du budget saoudien pour 2018, d'ordinaire faite par le roi depuis son palais.

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane avait accusé début novembre Téhéran, le grand rival de Riyad au Moyen-Orient, d'«agression directe» contre son pays, en armant les Houthis. L'Iran avait rejeté ces accusations.

Répétant les accusations de leur allié saoudien, les États-Unis ont présenté la semaine dernière des «preuves irréfutables» de ventes de missiles par l'Iran aux Houthis.

Le missile tiré le mois dernier a été «fabriqué en Iran», avait déclaré l'ambassadrice américaine à l'ONU, Nikki Haley, alors que l'administration de Donald Trump hausse le ton face à Téhéran, qu'elle accuse de violer l'esprit de l'accord sur le nucléaire iranien de 2015.

Mme Haley a persisté mardi en renouvelant ses accusations. «Nous pourrions étudier des sanctions contre l'Iran en réponse à ses violations de l'embargo sur les armes au Yémen», a-t-elle déclaré à ses quatorze homologues du Conseil de sécurité.

«1 000 jours»

Les Houthis sont issus de l'importante minorité zaïdite (une branche du chiisme), qui se dit marginalisée depuis de longues années au Yémen.

L'Iran les soutient, mais dément leur fournir des armes. Selon Téhéran, les affirmations de Washington constituent «une accusation (...) infondée, irresponsable, provocatrice et destructive».

L'une des premières réactions de l'Arabie saoudite après le tir de missile des Houthis sur Riyad début novembre avait été de renforcer le blocus sur le Yémen, aggravant encore la situation humanitaire.

Le conflit au Yémen oppose des forces progouvernementales, appuyées par la coalition sous commandement saoudien, aux Houthis, qui se sont emparés en septembre 2014 de la capitale Sanaa puis de vastes régions du pays.

Il a fait plus de 8750 morts, dont de nombreux civils, et provoqué «la pire crise humanitaire de la planète», selon les Nations unies. En outre, plus de 2000 personnes sont mortes de choléra.

Le blocus a été allégé à la suite de fortes pressions internationales sur le royaume saoudien, mais l'ONU estime que la coalition doit aller plus loin.

Le missile de mardi a été tiré «1000 jours» après le lancement de l'offensive de la coalition arabe au Yémen en mars 2015, ont affirmé les Houthis.

Mais selon le porte-parole de la coalition arabe, «la poursuite des tirs de missiles balistiques» en direction de l'Arabie saoudite est «la preuve évidente de l'utilisation par les Houthis des ports destinés à accueillir de l'aide pour introduire clandestinement des missiles iraniens au Yémen».