L'Arabie saoudite a annoncé avoir intercepté et détruit jeudi un missile tiré sur son territoire à partir du Yémen, les rebelles Houthis assurant de leur côté que l'engin a «touché une cible militaire» sur le territoire saoudien.

«Les forces de défense aérienne saoudiennes ont intercepté le missile qui se dirigeait vers Khamis Mushait», une ville du sud-ouest, a écrit l'agence de presse officielle Saudi Press Agency, citant le porte-parole de la coalition militaire arabe engagée dans le conflit yéménite et dirigée par Riyad, Turki al-Maliki.

«Le missile a été détruit et il n'y a eu aucune victime», a-t-elle ajouté.

De leur côté, les rebelles houthis du Yémen ont affirmé avoir tiré un missile balistique qui a «touché une cible militaire» en Arabie saoudite, selon la chaîne de télévision Al-Massira contrôlée par les rebelles.

Plus tôt dans la journée, le chef rebelle Abdelmalek Al-Houthi avait menacé de représailles en cas de maintien du blocus imposé à son pays.

«Nous mettons en garde les forces de l'agression contre la poursuite du blocus», avait-il dit, dans une claire allusion à la coalition menée par Riyad.

«Si le blocus se poursuit, nous savons très bien (quelles cibles) causeront une grande souffrance et comment les viser», avait-il ajouté dans un discours retransmis par Al-Massira.

L'Arabie saoudite a renforcé son blocus autour du Yémen après le tir par les Houthis d'un missile balistique qui avait été intercepté le 4 novembre au-dessus de l'aéroport de Riyad.

Le blocus a été allégé la semaine dernière à la suite de fortes pressions internationales sur le royaume saoudien, mais l'ONU a estimé lundi que la coalition devait aller plus loin.

La guerre au Yémen oppose des forces progouvernementales, appuyées par la coalition sous commandement saoudien, aux Houthis qui se sont emparés en septembre 2014 de la capitale Sanaa et de vastes régions du pays avec l'aide des partisans de l'ex-président Ali Abdallah Saleh.

Le conflit au Yémen, pays déjà considéré comme le plus pauvre de la péninsule arabique, a fait plus de 8750 morts dont de nombreux civils et provoqué «la pire crise humanitaire de la planète», selon les Nations unies. En outre plus de 2000 personnes sont mortes de choléra.

Tensions au sein du camp rebelle

Après le tir du missile intercepté au-dessus de l'aéroport de Riyad, le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane avait accusé Téhéran, le grand rival de Riyad au Moyen-Orient, d'«agression directe» contre son pays.

L'Iran, accusé de soutenir les Houthis, avait rejeté l'affirmation du prince héritier saoudien et les rebelles yéménites avaient affirmé n'avoir reçu aucun missile iranien, disant avoir mis au point ces engins par leur propres moyens.

Ils avaient menacé d'en tirer sur les «ports, les aéroports, les postes-frontières et les installations vitales» en Arabie saoudite et aux Émirats arabes en cas de maintien du blocus.

Le chaos provoqué par la guerre a permis à Al-Qaïda de renforcer son influence au Yémen et aux jihadistes du groupe État islamique (EI) de commettre plusieurs attentats.

Ce pays risque de s'enfoncer encore davantage dans la violence avec les nouvelles tensions au sein du camp Houthis-Saleh, alliés pourtant depuis 2014.

Les Houthis sont issus de l'importante minorité zaïdite qui se dit marginalisée depuis de longues années et sont accusés de liens avec l'Iran.

M. Saleh a dû quitter le pouvoir en 2012 à la suite d'importantes manifestations. Il a été remplacé par Abd Rabbo Mansour Hadi, mais celui-ci a été chassé de Sanaa il y a trois ans par l'alliance Houthis-Saleh.

Mercredi, des combattants houthis avaient voulu pénétrer dans la grande mosquée Saleh, située à proximité de la grande place Sabyine, dans le centre de Sanaa, ce qui a provoqué des affrontements avec des partisans de M. Saleh qui la contrôlaient. Les heurts ont fait cinq morts dans le camp de M. Saleh et neuf chez les Houthis, selon des sources hospitalières.

Jeudi, de nouveaux heurts ont opposé les deux camps à Sanaa.

En août, des heurts au sein du camp rebelle avaient fait trois morts.