Le secrétaire à la Défense américain Jim Mattis a annoncé jeudi avoir ordonné l'envoi de soldats supplémentaires en Afghanistan, dix jours après l'annonce par le président Donald Trump d'un renforcement des effectifs militaires américains pour aider Kaboul à vaincre les talibans.

«Oui, j'ai signé des ordres», a déclaré Jim Mattis à des journalistes, sans préciser aucun chiffre. «Cela permettra aux forces afghanes de combattre plus efficacement», a-t-il dit.

«Je viens de signer les ordres, cela va prendre quelques jours», a ajouté le ministre.

Il y a actuellement environ 11 000 militaires américains en Afghanistan, selon un nouveau décompte révélé mercredi par le Pentagone. Auparavant, le chiffre officiel était de 8400, selon un plafond fixé sous la présidence Obama et auquel s'étaient ajoutées des troupes clandestines ou dont la présence était de court-terme, et qui n'étaient pas décomptées officiellement.

Reste à savoir combien de nouveaux militaires arriveront. Jim Mattis a refusé de dévoiler le chiffre fixé par les stratèges américains, disant vouloir en informer le Congrès en premier, la semaine prochaine après la rentrée parlementaire.

Selon le Washington Post mercredi, le gros des nouvelles troupes proviendront d'unités parachutistes de la 25e division d'infanterie et de la prestigieuse 82e division aéroportée.

Des chasseurs F-16 et des avions A-10 seront ajoutés et la flotte de bombardiers B52, basée au Qatar, augmentera son soutien.

Le Pentagone tâchera cependant de ne pas donner trop de détails sur les contingents américains, afin de garder un effet de surprise face aux talibans, a expliqué mercredi le général Kenneth McKenzie.

M. Trump avait, dans un discours solennel le 21 août, ouvert la porte à ces envois, mais il s'était gardé de chiffrer le renforcement américain. Il pourrait atteindre 4000 soldats, selon plusieurs sources.

Bien que ce niveau soit loin du pic de la guerre --les États-Unis comptaient 100 000 soldats sur place il y a sept ans--, il marque une inversion de tendance par rapport aux dernières années.

«Mon instinct initial était de se retirer», avait déclaré Donald Trump dans son discours. «Mais les décisions sont très différentes lorsque vous êtes dans le Bureau ovale».

«Un retrait précipité créerait un vide que les terroristes, notamment (l'organisation État islamique) et Al-Qaïda, remplirait instantanément, comme cela s'est produit avant le 11-Septembre», avait-il justifié.

Les militaires américains se répartissent entre une opération de l'OTAN pour la formation et l'entraînement des troupes afghanes et une opération américaine ciblant principalement Al-Qaïda et le groupe État islamique.

La nouvelle stratégie américaine s'inspirera de l'expérience des deux dernières années en Irak. Les Américains ont apporté un soutien logistique et en artillerie indispensable aux forces irakiennes dans leur combat contre le groupe État islamique.

La différence principale est que les opérations contre les talibans se déroulent principalement dans des zones rurales ou montagneuses, contrairement à l'Irak, où les batailles se sont concentrées dans les villes. Le général Mattis a comparé le terrain afghan à celui du Vietnam.