L'Arabie saoudite souhaite convertir des centaines de milliers de ses citoyens aux transports en commun et a pris les grands moyens pour y parvenir : d'ici 2019, la capitale du royaume, Riyad, disposera d'un réseau de métro de six lignes totalisant 176 kilomètres, qui comptera 85 stations et qui sera complètement construit en... cinq ans!

L'ambitieux projet de transport sera complété par un réseau d'autobus de 24 lignes, couvrant presque 2000 kilomètres de route, dont trois lignes de type «service rapide par bus» (SRB). À lui seul, ce réseau de bus pourrait transporter un total de 900 000 usagers par jour dès sa mise en service, prévue dans un peu plus de deux ans.

Le coût pour l'ensemble de ce projet : 27 milliards. Il s'agit du plus vaste projet d'infrastructure en construction dans le monde.

La Haute Commission pour le développement de Riyad a choisi Montréal pour faire connaître ce gigantesque projet dans le cadre du Sommet bisannuel de l'Union internationale des transports publics (UITP).

Peu de transport en commun

C'est la première fois que l'Arabie saoudite se présente à un événement de l'UITP, qui regroupe plus de 1400 opérateurs de transports publics dans 96 pays. Forcément, puisqu'à ce jour, le transport collectif est virtuellement inexistant dans ce pays où tout le monde, littéralement, se déplace en automobile. Avec des conséquences inévitables : une circulation de plus en plus lente, une pollution atmosphérique importante et une capitale de plus en plus congestionnée.

«On compte présentement environ 6,5 millions d'habitants à Riyad, et le nombre de déplacements quotidiens en automobile a été estimé à environ 9 millions par jour», affirme Fathi Hadaya, conseiller principal aux affaires publiques de la Haute Commission pour le développement de Riyad.

«La vitesse de croisière moyenne de chaque voiture est de 45 km/h, a ajouté M. Hadaya. Si on ne faisait rien, a-t-il ajouté, on comptera en 2030 une population de 8,3 millions d'habitants qui continuera de se déplacer uniquement en automobile, sauf que la vitesse moyenne de la circulation ne sera plus que de 18 km/h.»

Au départ, ce premier projet de transport collectif en Arabie saoudite devait compter deux lignes de métro, et prendre sept ans à construire, avec la possibilité d'ajouter d'autres tronçons par la suite. La décision a toutefois été prise de «mettre le paquet» d'un seul coup - «parce que nous sentions que plus le réseau sera complet, plus il desservira une grande partie de la ville, plus la population sera encouragée à le prendre».

Le pari

Mais c'est aussi, beaucoup, une question de culture, a dit M. Hadaya. Les Saoudiens ne connaissent pas les transports en commun. À part quelques circuits d'autobus intervilles, il n'y a aucune expérience du transport collectif dans le pays, «sauf chez les gens qui ont voyagé dans d'autres pays».

«Le pari qu'on fait, c'est que la flexibilité que l'on va offrir en ayant un réseau étalé à travers toute la ville va encourager les gens à convertir leurs déplacements quotidiens de la voiture vers les transports en commun. Moins les gens auront d'excuses pour ne pas l'utiliser, mieux ce sera pour les convertir.»

La Haute Commission a aussi estimé qu'il serait plus facile d'obtenir l'adhésion de la population en lui imposant un seul chantier, pour une période donnée, plutôt qu'une série d'opérations visant à faire grandir progressivement le réseau.

«Un changement de vie»

Selon M. Hadaya, «il faudra un peu de temps pour que les gens s'habituent à cette nouvelle façon de se déplacer. Ce sera un véritable changement de vie. Il y aura toute une phase d'éducation à travers laquelle on va devoir passer pour que la population accepte de changer ses habitudes».

Il y a encore plus de 200 chantiers en activité à Riyad, où 54% du projet est terminé. Pas moins de 52 000 personnes travaillent actuellement à cette gigantesque réalisation. La fin des travaux est prévue pour la fin de 2018, et la mise en service des six lignes de métro, dont la longueur totalisera deux fois et demie celle du métro de Montréal, est prévue pour la seconde moitié de 2019.

Selon les prévisions, environ 1,2 million de personnes devraient prendre le métro chaque jour quand il sera mis en service - soit un peu plus que toute la clientèle régulière du métro de Montréal, en service depuis 50 ans.