Des jeunes Yéménites ont entamé mercredi une marche entre Sanaa, la capitale contrôlée par des rebelles, et le port de Hodeida, sur la mer Rouge, pour protester contre la guerre et la crise humanitaire dans leur pays, a rapporté un journaliste de l'AFP.

Des dizaines de personnes se sont rassemblées devant le bureau de l'ONU à Sanaa pour saluer le départ des protestataires - une trentaine - qui marcheront pendant cinq à six jours pour atteindre la ville portuaire de Hodeida, située à quelque 225 kilomètres, ont annoncé les organisateurs.

Sur des banderoles, les organisateurs ont indiqué qu'ils cherchaient, par cette marche, à faire de Hodeida, contrôlée par les rebelles chiites Houthis, «une zone humanitaire», réclamer «les salaires (impayés) de fonctionnaires», «accélérer les secours aux déplacés», former «une commission d'enquête internationale sur les crimes de guerre» et obtenir la réouverture de l'aéroport de Sanaa, fermé au trafic aérien.

«Cette marche n'est pas politique, mais humanitaire», a déclaré à l'AFP le président du Comité d'organisation, Ezzedine Essoufi.

Un participant, Mahioub Houssam, a abondé dans le même sens. «Nous organisons cette marche pour ne pas être privés de nos moyens de survie et pour prévenir la prise du port de Hodeida» par les forces progouvernementales.

Soutenues par une coalition arabe menée par l'Arabie saoudite, les forces progouvernementales ont lancé plus tôt cette année une offensive pour tenter de reconquérir toute la côte ouest, y compris Hodeida.

Ces forces et la coalition accusent les rebelles et leurs alliés, les unités de l'armée restées fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, d'utiliser le port de Hodeida pour des trafics d'armes impliquant selon elles l'Iran, soupçonné de soutenir les Houthis.

Les Houthis, issus de l'importante minorité zaïdite concentrée dans le nord du Yémen, occupent toujours de larges parties du territoire yéménite depuis leur coup de force contre le gouvernement, qui leur a permis de s'emparer de Sanaa en 2014.

Le Yémen subit «la pire crise humanitaire au monde», selon l'ONU qui s'inquiète notamment des risques de famine dans ce pays, le plus pauvre du monde arabe.

Depuis l'intervention de la coalition en mars 2015, plus de 7700 personnes, en majorité des civils, ont été tuées et 42 500 blessées dans le conflit au Yémen. Toutes les médiations de l'ONU et sept accords de cessez-le-feu ont échoué.