Le procès d'une journaliste de la chaîne de télévision France 24 et de la radio Monte Carlo Doualiya s'est ouvert lundi à Bahreïn sur fond de troubles dans ce royaume où le pouvoir est déterminé à contrôler strictement les médias.

Nazeeha Saeed est accusée d'avoir travaillé pour la presse internationale sans les autorisations nécessaires, a indiqué une source judiciaire.

Egalement lundi, le ministère de l'Information a interdit la version électronique d'Al-Wasat, un quotidien accusé de «semer la sédition».

Nazeeha Saeed n'était pas présente à l'audience de lundi, qui a été ajournée jusqu'au 28 février pour permettre «un examen complémentaire» du dossier, a ajouté cette source.

Elle a été inculpée en juillet dernier pour avoir poursuivi son travail de correspondante en dépit de l'expiration de son accréditation l'année dernière.

Vendredi, Reporters sans frontières (RSF) a réitéré son soutien à la journaliste. «Nous exhortons les autorités à abandonner immédiatement les charges qui pèsent contre elle afin qu'elle puisse à nouveau exercer librement son métier», a déclaré Christophe Deloire, secrétaire général de RSF.

Selon cette organisation, Nazeeha Saeed est passible d'une amende de 1000 dinars (3350 $ CAN).

Son employeur, le groupe France Médias Monde (FMM), auquel appartiennent France 24 et Monte Carlo Doualiya, s'est dit «profondément inquiet» devant la convocation au tribunal de la journaliste, dont l'accréditation n'a pas été renouvelée par les autorités en juin dernier.

FMM «soutient totalement» Nazeeha Saeed et a demandé aux autorités de la laisser travailler «légalement», comme elle l'a fait pendant 12 ans, a indiqué un communiqué du groupe.

Nazeeha Saeed avait déjà eu des problèmes avec les autorités bahreïnies en liaison avec la répression en 2011 d'un mouvement de contestation de la majorité chiite.

En octobre 2012, un tribunal avait acquitté une policière accusée par la journaliste de l'avoir torturée alors qu'elle s'était retrouvée brièvement en détention.

La première audience du procès de Nazeeha Saeed s'est tenue alors que Bahreïn, siège de la Ve Flotte des États-Unis dans le Golfe, est en proie à de nouveaux troubles depuis l'exécution dimanche de trois chiites, condamnés à mort pour un attentat à la bombe qui avait coûté la vie à trois policiers en 2014.

Des violences ont éclaté après l'exécution dans plusieurs villages chiites. Lundi soir, l'agence officielle BNA a annoncé que le ministère de l'Information avait interdit la version électronique du quotidien Al-Wasat pour avoir diffusé à plusieurs reprises des informations qui «sèment la sédition et portent atteinte à l'unité nationale».