Le secrétaire d'État américain John Kerry a annoncé une nouvelle initiative de paix pour le Yémen impliquant un cessez-le-feu à partir de jeudi et un «nouveau gouvernement d'union nationale» avant la fin de l'année, une proposition aussitôt rejetée par le gouvernement.

Les rebelles chiites Houthis pro-iraniens se «sont déclarés favorables» au cessez-le-feu, «à condition que les autres parties le respectent», a déclaré M. Kerry à quelques journalistes lors d'une brève visite mardi à Abou Dhabi.

Les Émiratis et les Saoudiens, les deux piliers de la coalition arabe qui intervient au Yémen en soutien au gouvernement, «ont donné leur accord pour tenter d'avancer» dans cette direction, a-t-il assuré.

Le chef de la diplomatie américaine a indiqué avoir longuement rencontré à Oman, où il a séjourné lundi, des négociateurs Houthis «venus spécialement» pour le voir.

Un document a été élaboré à la fin de la rencontre avec «un court programme pour faire avancer les négociations de paix», a-t-il dit.

Cette initiative a ensuite fait l'objet de consultations mardi entre M. Kerry et des dirigeants saoudiens et émiratis, en l'occurrence le puissant vice-prince héritier et ministre de la Défense Mohammed ben Salmane et l'homme fort d'Abou Dhabi, le prince Mohammed Ben Zayed.

M. Kerry a également évoqué la mise en place d'un «nouveau gouvernement d'union nationale dans (la capitale yéménite) Sanaa sécurisée avant la fin de l'année».

Il a expliqué qu'il fallait, pour y arriver, mettre en oeuvre la «feuille de route» de l'émissaire de l'ONU Ismaïl Ould cheikh Ahmed, qui prévoit également la mise en place d'un gouvernement d'union nationale au Yémen.

Le gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi, avec lequel M. Kerry ne semble pas avoir pris de contact, a vivement réagi à la proposition du chef du département d'État qui quittera ses fonctions avec l'administration Obama en janvier.

«Le gouvernement yéménite n'est pas au courant des déclarations de M. Kerry et ne s'estime pas tenu par ces déclarations», a affirmé à plusieurs médias le ministre des Affaires étrangères Abdel Malek al-Mekhlafi.

Ces déclarations sont une «tentative de faire dérailler les efforts de paix et une tentative de parvenir à un accord avec les Houthis sans le gouvernement», a ajouté M. Mekhlafi.

M. Kerry a toutefois espéré «associer tout le monde» à son initiative, y voyant «un possible tournant dans le conflit» qui a entraîné un «désastre humanitaire au Yémen».

La guerre dans ce pays a débuté lorsque les Houthis, aidés par des forces loyales à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, sont entrés dans Sanaa en septembre 2014.

Les rebelles se sont ensuite emparés de vastes régions, poussant à l'exil le président Hadi qui s'est réfugié en Arabie saoudite.

En mars 2015, l'Arabie saoudite a pris la tête d'une coalition militaire arabo-sunnite pour tenter de repousser les rebelles, mais le conflit, qui a fait plus de 7000 morts et près de 37 000 blessés, s'est enlisé depuis.

Six tentatives de cessez-le-feu ont échoué. La dernière en date le 20 octobre, sous l'impulsion de Washington, de Londres et de l'ONU, a volé en éclats dès son entrée en vigueur.