Un comité parlementaire a commencé à discuter, jeudi, de l'amendement constitutionnel, qui a été soumis après que le président Recep Tayyip Erdogan eut accusé le Parti démocratique du peuple (HDP), une formation kurde, d'être la branche politique des rebelles kurdes et réclamé à plusieurs reprises que certains de ses leaders soient traduits en justice.

Les députés turcs en sont venus aux mains, jeudi, lors d'un débat sur un projet de loi controversé présenté par le parti au pouvoir qui priverait les membres du Parlement de leur immunité, ce qui pourrait ouvrir la voie au dépôt d'accusations liées au terrorisme contre des politiciens prokurdes. Cinq personnes ont été blessées dans la mêlée, selon une agence de presse turque.

Cette proposition survient alors que la violence fait de nouveau rage dans le sud-est de la Turquie à la suite de l'échec de fragiles pourparlers de paix avec les rebelles kurdes amorcés il y a deux ans. Des centaines de personnes, dont 400 membres des forces de sécurité turques, ont péri dans les plus récents affrontements, qui ont aussi forcé le déplacement de dizaines de milliers d'habitants et détruit plusieurs villes et districts.

Le HDP, qui défend les droits des Kurdes et d'autres minorités, nie les allégations selon lesquelles il serait le pendant politique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui est interdit en Turquie. La formation politique a exhorté le gouvernement à mettre fin à l'intervention militaire dans le sud-est du pays et à relancer le processus de paix. Le PKK est considéré comme une organisation terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux.

Chasser le HDP ?

Même si l'amendement dépouillait de leur immunité tous les députés susceptibles d'être accusés devant les tribunaux, les détracteurs du projet de loi estiment qu'il servirait surtout à chasser les députés du HDP du Parlement. Les deux chefs de la formation politique, Selahattin Demirtas et Figen Yuksekdag, pourraient faire l'objet d'accusations pour avoir plaidé l'an dernier en faveur de la création d'une région kurde autonome dans le sud-est de la Turquie.

Jeudi, la réunion du comité a démarré avec des engueulades et des empoignades dans une salle de conférence qui s'est rapidement avérée trop petite pour contenir la foule de journalistes, députés et autres employés du Parlement qui souhaitaient assister à l'événement.

La tension a monté d'un cran en après-midi, une vidéo de l'agence de presse turque Dogan montrant des parlementaires échanger des coups de poing et d'autres tenter de stopper la bagarre. Le chaos a forcé le comité à suspendre ses travaux jusqu'à lundi.

Selon l'agence Dogan, trois membres du parti au pouvoir et deux députés du HDP ont dû recevoir des soins médicaux après l'incident.