Le chef de l'opposition israélienne Isaac Herzog a déclaré mercredi qu'un accord de paix était impossible en ce moment et que son pays devait commencer à prendre des mesures unilatérales pour séparer Israéliens et Palestiniens à Jérusalem et en Cisjordanie occupée.

M. Herzog, chef travailliste de l'Union sioniste, principale force d'opposition au gouvernement de droite de Benjamin Nétanyahou, présentait ses nouvelles propositions à la presse étrangère à Jérusalem alors que les Territoires palestiniens et Israël sont secoués depuis plus de quatre mois par une vague de violences.

Les tentatives pour résoudre un conflit vieux de plusieurs décennies sont à l'arrêt depuis avril 2014, avec des perspectives très sombres d'une prochaine reprise.

M. Herzog a assimilé les violences actuelles à une nouvelle « intifada ».

Il a affirmé son attachement à une solution à deux États (la création d'un État palestinien coexistant en paix avec Israël), objectif des principaux plans de paix internationaux.

Mais il a déclaré en substance que les deux dirigeants concernés au premier chef, M. Nétanyahou et le président palestinien Mahmoud Abbas, étaient incapables de faire la paix.

« Le réalisme commande que nous comprenions que la paix n'est pas pour demain », a-t-il déclaré.

« Nous devons nous séparer des Palestiniens autant que possible. Il s'agit de prendre notre destin en mains », a-t-il dit.

L'intrication des populations israélienne et palestinienne et la poursuite de la colonisation israélienne à Jérusalem et en Cisjordanie occupée sont deux des casse-tête à résoudre pour régler le conflit.

M. Herzog propose de séparer d'Israël les secteurs palestiniens à la périphérie de Jérusalem, d'achever la construction de la barrière érigée en Cisjordanie pour séparer Israël du territoire palestinien, et d'inclure du côté israélien de la barrière les principaux blocs de colonies juives construits en Cisjordanie.

Des terres pourraient plus tard être échangées avec les Palestiniens lors de futures négociations, a-t-il dit.

« Aucun autre parti ou responsable n'a présenté de plan réaliste », a-t-il dit.

Ces propositions, déjà rendues publiques récemment, ont attiré à M. Herzog des critiques venues de son propre parti et de la gauche lui reprochant de pencher trop à droite et de renoncer aux négociations. Elles ont cependant reçu l'approbation du parti travailliste dimanche.

M. Herzog a prôné des mesures qui restaureraient la confiance avec l'Autorité palestinienne et l'octroi à cette dernière de plus de pouvoirs en Cisjordanie, même si l'armée israélienne pourrait continuer à opérer là où elle le jugerait nécessaire.

M. Herzog a aussi attaqué M. Nétanyahou sur des propos tenus la veille par ce dernier.

Le premier ministre a déclaré mardi que son gouvernement préparait un plan sur plusieurs années pour entourer tout Israël d'une barrière et un autre plan pour achever la barrière avec la Cisjordanie.

« On me dira (...) : "Est-ce que vous allez entourer tout l'État d'Israël de clôtures et de barrières ?" La réponse est : oui. Dans la région où nous vivons, nous devons nous protéger contre les prédateurs », a dit M. Nétanyahou.

« Soit Nétanyahou veut devenir Herzog », a dit ce dernier mercredi, « soit il veut construire une barrière dans un secteur particulier, sans définir les frontières finales d'Israël ».

Quelques heures plus tard, M. Nétanyahou rétorquait aux propos de M. Herzog, accusant au Parlement le leader de l'opposition d'avoir lui-même adopté, tardivement, les positions du premier ministre.

« Comment peut-on avoir confiance dans votre jugement sur la façon de répondre aux menaces autour de nous quand vous venez juste de comprendre ce qui se passe ici avec des années de retard? »

« Décidez ce que vous voulez, mais pour l'amour de Dieu respectez vos décisions au moins une semaine », a dit M. Nétanyahou.