Les forces de sécurité irakiennes ont lancé de vastes recherches pour retrouver trois Américains enlevés dans un appartement de Bagdad, la capitale de l'Irak où le dernier rapt d'un Occidental remonte à plusieurs années.

Alors qu'aucune information n'était disponible sur leur sort ou leur identité, un porte-parole de la sécurité irakienne a affirmé que les Américains avaient «été enlevés dans un appartement suspect dans le quartier de Doura».

L'utilisation du terme «suspect» fait allusion à un lieu de prostitution.

Un colonel de la police s'exprimant sous le couvert de l'anonymat a expliqué que le traducteur irakien qui travaille pour les trois Américains les avait invités à «boire en compagnie de femmes» dans un appartement à Doura.

Ensuite, des miliciens ont attaqué l'appartement et les ont kidnappés, a-t-il dit. Les Américains enlevés semblent avoir été sortis du quartier Doura, où les forces de sécurité ne les ont pas retrouvés, selon lui.

Le rapt s'est déroulé dimanche selon ce colonel et le chef du Parlement irakien Salim Al-Joubouri mais des médias affirment qu'il a eu lieu auparavant.

Les lieux de prostitution et les magasins d'alcool sont souvent la cible d'attaques des forces paramilitaires chiites formées de miliciens, qui jouent aujourd'hui un rôle majeur dans la lutte contre le groupe jihadiste État islamique (EI) en Irak.

«Le rapt de trois Américains hier (dimanche) et avant eux celui de Qataris témoigne de la multiplication des opérations de bandes organisées en Irak», a déclaré M. Joubouri, en condamnant l'enlèvement des Américains.

Le département d'État à Washington avait annoncé dimanche la disparition d'Américains en Irak sans fournir d'autres précisions, notamment s'il s'agissait de militaires ou de civils contractuels travaillant pour l'immense ambassade des États-Unis à Bagdad.

«Nous travaillons en pleine coopération avec les autorités irakiennes pour localiser et retrouver ces individus», avait précisé la diplomatie américaine.

Qataris et Turcs enlevés 

Le dernier rapt connu d'un Occidental remonte à janvier 2010. Un Américain d'origine irakienne, Issa T. Salomi, avait alors été porté disparu à Bagdad en 2010 avant d'être relâché par le puissant groupe chiite Asaib Ahl al-Haq, qui est aujourd'hui l'un des principaux groupes des forces paramilitaires chiites.

D'autres rapts d'Irakiens, de Turcs ou d'Arabes ont eu lieu ces dernières années. Des Irakiens se font notamment enlever pour des rançons ou des règlements de comptes.

Vingt-six chasseurs qataris ont été enlevés en décembre dans le sud de l'Irak, une zone où les milices chiites sont très présentes. On ignore depuis où ils se trouvent ainsi que l'identité de leurs ravisseurs.

En septembre, 18 Turcs avaient été enlevés à Bagdad avant d'être relâchés. Leur rapt avait été revendiqué par un groupe armé vraisemblablement chiite se présentant sous le nom de «Furaq al-Mot» (Escadrons de la mort).

Des milliers d'Irakiens ont en outre été enlevés par l'EI, alors que les forces paramilitaires chiites, dominées par des milices soutenues par l'Iran, sont elles aussi responsables d'enlèvements et de meurtres.

Les autorités se sont tournées vers les forces paramilitaires, intégrées au sein du Hachd al-Chaabi (Unités de mobilisation populaire), pour les aider dans leur lutte contre l'EI qui s'est emparé en 2014 de vastes pans du territoire.

Les États-Unis sont à la tête d'une coalition militaire composée de nombreux pays qui bombarde depuis plus d'un an les positions de l'EI en Irak et en Syrie voisine et forme par ailleurs les forces de sécurité irakiennes. Washington a aussi dépêché des forces spéciales en Irak.

L'EI n'est pas très présent à Bagdad même s'il y mène souvent des attaques meurtrières.