La coalition sous commandement saoudien a mené une série de frappes aériennes au Yémen visant des écoles, en violation du droit humanitaire international, et entravant ainsi l'accès à l'éducation de milliers d'enfants, a affirmé vendredi Amnesty International.

L'organisation de défense des droits de l'homme rappelle que les forces de la coalition sont armées par des pays comme les États-Unis et la Grande-Bretagne et demande à tous les États de « suspendre tous les transferts d'armements » utilisés pour commettre des « crimes de guerre ».

D'une manière générale, la coalition arabe, qui intervient depuis mars au Yémen, affirme que ses opérations sont uniquement dirigées contre les rebelles et elle dément à intervalles réguliers viser des civils.

Dans un rapport intitulé « Nos enfants sont bombardés », Amnesty affirme avoir enquêté sur cinq frappes aériennes contre des écoles, entre août et octobre 2015, qui ont tué 5 civils et en ont blessé 14, dont 4 enfants.

Dans certains cas, les écoles ont été touchées plus d'une fois, ce qui donne à penser qu'elles étaient délibérément visées, ajoute l'organisation basée à Londres.

Même si des écoliers n'étaient pas présents au moment des attaques, les raids ont provoqué de sérieux dégâts ou des destructions qui auront des conséquences à long terme pour les enfants, déplore Amnesty.

Les dégâts ont en effet perturbé l'enseignement pour plus de 6500 enfants dans les provinces de Hajjah, Hodeida et de Sanaa. Aucune preuve n'a été trouvée dans les cinq cas, indiquant que les écoles étaient utilisées à des fins militaires.

Le commerce des armes pointé du doigt

« Les écoles jouent un rôle central dans la vie civile, elles sont là pour offrir un espace aux enfants », a rappelé Lama Fakih, conseillère à Amnesty International.

Elle a qualifié de « consternante » la poursuite de transferts d'armements par les États-Unis et d'autres alliés de l'Arabie saoudite.

En novembre, Washington a annoncé une commande saoudienne comprenant 12 000 bombes de 200 à 900 kg, 1500 « bunker busters » qui peuvent pénétrer des cibles fortifiées ou souterraines, et 6300 bombes guidées de type Paveway II et Paveway III. Le contrat est évalué à près de 1,3 milliard de dollars.

Le conflit au Yémen a fait depuis mars plus de 5700 morts, dont près de la moitié de civils, et quelque 25 000 blessés, selon des estimations de l'ONU.

Il oppose le gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi, soutenu par Ryad et d'autres pays arabes, à des rebelles chiites Houthis soutenus par l'Iran.