Le Conseil de sécurité des Nations unies a approuvé la mise sur pied d'un organe d'enquête international qui sera autorisé, pour la première fois, à établir qui est responsable pour les attaques chimiques menées en Syrie, a révélé un diplomate jeudi.

Jusqu'à maintenant, l'ONU et l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) étaient uniquement mandatées à enquêter sur les attaques sans chercher à attribuer le blâme à quiconque, que ce soit au gouvernement syrien ou aux rebelles.

Mais grâce à un rare moment d'entente entre les États-Unis et la Russie au sujet du conflit syrien - qui entame sa cinquième année de combats armés -, ce nouvel organe d'enquête aura les pouvoirs nécessaires pour éclairer certaines zones d'ombre du conflit.

Selon le diplomate - qui souhaite conserver son anonymat puisqu'il n'est pas autorisé à parler publiquement de cet enjeu -, aucun membre du Conseil de sécurité ne s'est opposé jeudi à adresser une lettre au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon en faveur de la mise sur pied du mécanisme d'enquête conjoint de l'ONU et de l'OIAC.

La lettre, dont l'Associated Press a obtenu une copie, est signée par l'ambassadeur russe et président du Conseil de sécurité Vitaly Churkin et autorise, tel que le recommandait M. Ban, la création d'un comité indépendant de trois membres secondé par un groupe d'experts qui aura le loisir de circuler là où il le voudra en Syrie pour identifier les responsables des attaques chimiques.

Le gouvernement de Bachar el-Assad nie avoir utilisé des armes chimiques, mais les États-Unis et d'autres pays occidentaux soutiennent que Damas est à blâmer, particulièrement pour des barils d'explosifs contenant du chlore et d'autres agents toxiques qui ont été largués par hélicoptères. L'opposition ne détient aucun aéronef.

Mais des rapports laissent entendre que le groupe armé État islamique a également fait usage d'armes chimiques.

Le mois dernier, le Conseil de sécurité a approuvé à l'unanimité une résolution permettant l'établissement de cet organe international pour une période d'un an avec la possibilité de prolonger son mandat.

Le Haut-Représentant pour les affaires de désarmement Kim Won-soo a convenu mercredi que «l'accès aux sites sera un enjeu de taille», spécialement dans les zones du pays contrôlées par le groupe armé État islamique.

M. Kim a précisé que l'organe d'enquête débutera son travail d'ici quelques semaines. L'une des prochaines étapes sera de mettre à jour un accord de coopération avec le gouvernement syrien, mais «je ne m'attends pas à ce que cela soit problématique», a-t-il dit.

L'organe d'enquête devrait déposer son premier rapport 90 jours après le début de son mandat.