Les forces loyalistes ont conforté jeudi leur emprise sur le sud du Yémen où un premier avion civil a pu atterrir à Aden, et procédé à un échange de prisonniers de guerre avec les rebelles houthis.

Des renforts militaires, dont des chars et des blindés, ainsi que des centaines de soldats yéménites formés en Arabie saoudite sont en outre arrivés dans le pays pour soutenir les forces loyales au président Abd Rabbo Mansour Hadi, en exil à Riyad, selon des sources militaires et tribales.

Un avion de la compagnie aérienne Yemenia a atterri dans l'après-midi à l'aéroport international d'Aden, le premier appareil civil à se poser sur ce tarmac en plus de quatre mois de guerre, a annoncé le directeur de l'aéroport, Tarek Abdo.

L'appareil, qui venait de Djibouti, a rapatrié «158 réfugiés yéménites», a précisé à l'AFP M. Abdo.

Mais l'aéroport, dont la tour de contrôle et les principaux bâtiments ont été endommagés par la guerre, «ne peut pas pour le moment accueillir de vols commerciaux» réguliers, a-t-il tenu à préciser.

L'aéroport d'Aden a rouvert le 22 juillet et plusieurs avions militaires, notamment saoudiens, ont pu s'y poser pour délivrer des cargaisons d'aides humanitaires, mais c'est la première fois qu'un avion civil y a atterri.

Sa réouverture était intervenue une semaine après la reconquête d'Aden, la deuxième grande ville du Yémen, par les forces loyalistes avec l'aide de la coalition arabe conduite par l'Arabie saoudite.

Échange de prisonniers

Les forces loyalistes ont par ailleurs procédé à un échange de prisonniers de guerre avec les rebelles chiites houthis sous la supervision du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), le premier annoncé publiquement depuis le début de la campagne de la coalition arabe le 26 mars.

L'opération a consisté à échanger sept Houthis, qui ont embarqué jeudi à bord d'un avion du CICR de l'aéroport d'Aden vers Sanaa, contre «plus de 20 membres de la résistance (forces loyalistes) dans la province de Chabwa (sud-est), a déclaré à l'AFP le chef de la sécurité à l'aéroport d'Aden, le colonel Ahmed al-Doulahi.

Le CICR a confirmé dans un communiqué avoir «facilité le transfert de détenus» au Yémen, et indiqué être «prêt à faciliter d'autres libérations et de futurs transferts de morts et de blessés des deux camps».

Son président, Peter Maurer, a annoncé jeudi qu'il se rendrait du 8 au 10 août au Yémen où, a-t-il dit dans un communiqué, la situation humanitaire est «catastrophique».

La guerre au Yémen, pays le plus pauvre de la péninsule arabique, a fait près de 4000 morts depuis mars selon l'ONU

Fuite collective des rebelles

Sur le front, les troupes loyalistes ont réussi à progresser au nord d'Aden pour entrer dans la province voisine de Lahj où ils ont délogé cette semaine les rebelles notamment de la base aérienne d'Al-Anad, la plus grande du pays.

Durant les dernières 24 heures, 23 rebelles et 19 combattants pro-Hadi ont été tués dans des accrochages ayant émaillé des opérations de ratissage dans la province, selon des sources militaires et médicales.

Les forces loyales au président Hadi ont repris l'initiative sur le terrain depuis qu'elles ont commencé en juillet à recevoir du matériel militaire moderne fourni, selon des sources militaires, par la coalition arabe menée par l'Arabie saoudite.

Des affrontements ont également éclaté dans la province de Dhaleh ainsi que dans celle de Taëz (sud-ouest) où 17 rebelles ont été tués, selon des responsables locaux et des témoins.

Dans la province d'Abyane, à l'est d'Aden, les positions de la 15e brigade, dont le commandement s'était rallié aux rebelles, ont été intensément bombardées dans la nuit et au petit matin par l'aviation de la coalition, selon une source militaire.

Selon elle, ces raids ont provoqué une fuite collective des rebelles de Zinjibar, chef-lieu d'Abyane, vers la ville de Chaqra, située 40 km plus loin.

Des avions de combat de la coalition sont par ailleurs intervenus contre des positions rebelles à Mareb, à l'est de la capitale Sanaa, où ont également éclaté de violents combats au sol, selon des témoins et des sources tribales.