Au moins 22 personnes ont été tuées dans une fusillade à la suite d'une dispute au cours d'un mariage dans le nord de l'Afghanistan, ont annoncé lundi les autorités, un fait divers sanglant qui souligne la situation sécuritaire toujours fragile dans ce pays.

L'affrontement a eu lieu dimanche soir dans la province de Baghlan, a déclaré à l'AFP Gulistan Qusani, chef de la police du district.

«Une dispute a éclaté entre des hommes armés pendant une cérémonie de mariage dans le district de Deh Salah. Lorsque le ton est monté, un responsable local a tiré en l'air» pour calmer les esprits, a-t-il expliqué. Mais cela a eu l'effet inverse : «Les deux camps ont commencé à échanger des coups de feu».

«Vingt-deux personnes ont été tuées et 10 autres blessées», a déclaré le porte-parole de la police provinciale Jawed Basharat, revoyant légèrement à la hausse un premier bilan officiel de 21 morts.

Toutes les victimes sont des adolescents ou des hommes qui étaient invités au mariage, âgés entre 14 et 60 ans, a ajouté M. Qusani.

Les enquêteurs étudient la piste d'une dispute à propos d'un «garçon danseur» qui aurait été amené au mariage pour «divertir» l'assemblée et a été tué pendant la fusillade, a indiqué le gouverneur de la province de Baghlan Sultan Mohammad Ebadi.

Bien qu'illégale, la pratique ancienne du «bacha bazi» («jouer avec les garçons», en dialecte Dari), qui consiste à vendre des garçons prépubères pour en faire des danseurs et des esclaves sexuels, est répandue dans les campagnes afghanes.

M. Basharat a insisté sur le fait qu'il s'agissait d'une dispute locale, soulignant que les rebelles antigouvernementaux talibans, très actifs dans la province ces derniers mois, ne sont pas présents dans ce district.

Une délégation officielle a été envoyée sur place pour enquêter sur les circonstances exactes de l'affrontement, a ajouté le gouverneur de Baghlan, Sultan Mohammad Ebadi.

Les mariages afghans, qui peuvent rassembler des milliers de personnes, donnent de temps à autre lieu à des incidents ou règlements de comptes mortels, fruit de disputes entre factions locales ou de tirs de célébrations mal dirigés, ou parfois d'attaques de rebelles contre les autorités locales.

Ils interviennent notamment dans les régions les plus reculées de ce pays secoué par près de 40 ans de conflit où le pouvoir se partage encore souvent entre milices locales, et où la possession d'armes est habituelle dans les familles.

Conflit national et rivalités locales

En décembre dernier, des soldats afghans avaient tué 17 femmes et enfants en tirant par erreur des obus de mortier sur une fête de mariage dans le sud. Selon des témoins, la bavure de l'armée a eu lieu lorsque des invités ont tiré en l'air au moment où la mariée était amenée dans la maison de son promis.

En juillet 2012 dans le nord, un kamikaze bardé d'explosifs a tué un influent parlementaire afghan, ancien chef de milice, et 16 autres personnes au cours du mariage de la fille de celui-ci. Les attentats-suicides sont l'une des armes de prédilection des talibans dans leur lutte contre Kaboul et ses alliés de l'OTAN.

Déchiré par le conflit entre autorités et talibans, l'Afghanistan l'est aussi par des affrontements réguliers entre groupes armés et autres mafias locales, notamment dans les campagnes, traditionnellement peu contrôlées par le gouvernement.

Un espoir de paix entre Kaboul et les talibans est né ce mois-ci avec une première prise de contact officielle entre les deux parties. Selon Kaboul, un nouveau cycle de discussions est prévu pour cette semaine, peut-être en Chine, influente puissance régionale qui se pose de plus en plus en médiatrice dans ce conflit.

Ces contacts n'empêchent pas les talibans, chassés du pouvoir à la fin 2001, d'intensifier leurs opérations sur le terrain, après plus de 13 ans d'un conflit dont les civils restent les premières victimes, comme mercredi dernier dans le nord-ouest, où un attentat-suicide a fait 19 morts, dont des femmes et enfants.