Un demi-million de personnes ont été déplacées depuis mars par le conflit au Yémen, où la coalition dirigée par l'Arabie saoudite a repris mardi ses frappes aériennes sur la capitale Sanaa, aux mains des rebelles chiites Houthis.

Il s'agit des premières frappes sur Sanaa depuis la fin dimanche d'une pause de cinq jours décrétée par la coalition, durant laquelle la population avait espéré une trêve durable et le retour à la table des négociations des protagonistes du conflit.

La coalition avait lancé le 26 mars des frappes aériennes contre les Houthis, accusés de recevoir une aide militaire de Téhéran et qui se sont emparés depuis septembre de régions entières, forçant le président Abd Rabbo Mansour Hadi à se réfugier en Arabie saoudite.

Le conflit a poussé plus de 545 000 personnes à quitter leur foyer, a indiqué mardi le porte-parole du Haut-commissariat pour les réfugiés (HCR) Adrian Edwards.

Selon un responsable de l'ONU, la Somalie a accueilli près de 7000 personnes, pour la plupart des Somaliens qui étaient réfugiés au Yémen et sont retournés dans leur pays, qui compte lui-même un million de déplacés.

Le conflit yéménite a fait en outre quelque 1850 morts et 7394 blessés depuis mars, selon un dernier bilan de l'organisme de l'ONU gérant les situations d'urgence (Ocha).

La coalition a repris ses bombardements juste après l'expiration de la trêve, accusant les rebelles d'avoir violé le cessez-le-feu et d'en avoir profité pour se renforcer.

Un porte-parole de l'ONU a affirmé que la reprise des bombardements menaçait la tenue d'une conférence internationale sur le Yémen, que l'ONU pensait organiser à Genève autour du 28 mai selon des diplomates.

«Nous souhaitons que les combats cessent de manière décisive, et alors nous pourrons nous mettre à organiser et à lancer les invitations à cette conférence», a déclaré Farhan Haq.

Les Houthis ont boycotté une conférence de trois jours organisée autour du président Hadi et qui s'est terminée mardi à Ryad.

Cette conférence a annoncé l'intention du gouvernement yéménite en exil d'organiser la résistance aux Houthis et de préparer son retour.

Elle a aussi exclu tout dialogue avec les rebelles sans acceptation par ces derniers d'une résolution adoptée en avril par le Conseil de sécurité de l'ONU les exhortant à se retirer des territoires conquis.

Une quinzaine de raids à Saada

Deux jours après la fin de la trêve, qui a permis d'acheminer dans le pays des quantités substantielles de carburant, de médicaments et de vivres, des raids aériens ont eu lieu dans de nombreuses régions.

Tôt mardi, des dépôts d'armes à Fajj Attane, au sud de Sanaa, et à Jebel al-Nahdain à l'est, ainsi que le palais présidentiel proche ont été visés, selon les témoins. De nouveaux raids ont visé à la mi-journée les mêmes dépôts d'armes ainsi que la résidence de l'ex-président Ali Abdallah Saleh au sud de Sanaa, et celle de son fils aîné, Ahmed, à Fajj Attane.

Dans la région de Saada, fief des Houthis dans le nord, l'aviation de la coalition a lancé une quinzaine de raids visant des rassemblements de rebelles et des dépôts d'armes proches de la frontière avec l'Arabie saoudite, selon des habitants.

Plusieurs raids ont en outre pris pour cible des bases de la DCA des Houthis dans la région de Hodeida (ouest) et des positions rebelles à Ibb (centre), alors que des dépôts d'armes et des camps de la rébellion à Taëz (sud-ouest) ont été intensément bombardés dans l'après-midi, ont rapporté des témoins.

À Aden, dans le sud, dix quartiers tenus par les Houthis ont subi une série de raids, selon des sources militaires.

Des positions des Houthis ont également été bombardées à Dhaleh, plus au nord, faisant 13 morts et de nombreux blessés parmi les rebelles, selon un responsable local.

Dans la province proche de Lahej, une base aérienne et un centre de commandement des Houthis ont été visés. En représailles, les rebelles ont tiré des obus de mortier sur des quartiers résidentiels, tuant trois civils, selon des sources locales.

Le corps d'un pilote marocain, dont l'avion s'était écrasé au Yémen, a été retrouvé et remis à son pays, ont annoncé les autorités saoudiennes.