L'Arabie saoudite a amorcé des frappes aériennes, mercredi, contre des positions de rebelles houthis au Yémen, faisant valoir que le pays ferait tout en son possible pour protéger son voisin des rebelles chiites soutenus par l'Iran.

La campagne de frappes aériennes a été annoncée à l'ambassade saoudienne à Washington par l'ambassadeur Adel al-Jubeir dans une rare conférence de presse. Une telle offensive militaire par l'Arabie saoudite est aussi inusitée, bien que le pays soit un partenaire de la coalition menée par les États-Unis contre le groupe extrémiste État islamique en Syrie.

L'ambassadeur saoudien a refusé de dire les Saoudiens avaient obtenu l'aide des services de renseignements américains.

Des informations ont circulé sur une possible aide régionale au Yémen en plus de l'offensive de l'Arabie saoudite.

Dans une déclaration publiée par l'agence de presse saoudienne, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Koweït, le Qatar et le Bahreïn ont dit qu'ils répondraient à une requête du président du Yémen Abed Rabbo Mansour Hadi «pour protéger le Yémen et sa population de l'agression des milices houthis qui étaient et sont encore un outil entre les mains de puissances étrangères qui ne cessent de s'ingérer dans la sécurité et la stabilité» du pays. Oman, le sixième membre du Conseil de coopération du Golfe (CCG), n'a pas signé la déclaration.

Dans une dépêche de l'agence de presse nationale, l'Égypte a annoncé qu'elle offrait un soutien politique et naval à l'opération. L'Égypte se dit même prête à envoyer des appareils et des troupes terrestres si cela est nécessaire.

Le CCG doit se réunir en fin de semaine en Arabie saoudite, et M. Hadi devrait y être.

De bruyantes explosions ébranlant les édifices pouvaient être entendues dans la capitale, Sanaa, et des flammes et de la fumée pouvaient être aperçues dans le ciel nocturne, selon un correspondant de l'Associated Press dont la maison est située près de la base militaire aérienne dans la capitale.

Le président yéménite a fui le pays mercredi pour échapper aux rebelles chiites et à leurs alliés qui avancent inexorablement vers le sud du pays.

Des responsables ont indiqué, sous le couvert de l'anonymat, que le président Abed Rabbo Mansour Hadi et son entourage ont quitté en milieu d'après-midi à bord de deux navires qui ont appareillé sous haute sécurité depuis la ville portuaire d'Aden, où il avait trouvé refuge.

Les responsables n'ont pas voulu dire quelle direction M. Hadi a pris.

Plus tôt pendant la journée, les rebelles chiites qui déferlent sur son pays avaient mis sa tête à prix et annoncé l'arrestation du ministre de la Défense. La station de télévision des rebelles a aussi annoncé la capture d'une base aérienne où des militaires américains et européens agissaient comme conseillers dans la lutte aux militants d'Al-Qaïda.

La base aérienne se trouve à seulement 60 kilomètres d'Aden, où M. Hadi avait installé une capitale temporaire après que les rebelles houthis eurent pris le contrôle de la capitale officielle, Sanaa.

Des témoins ont raconté avoir vu un convoi de véhicules présidentiels quitter mercredi le palais de M. Hadi, au sommet d'une colline d'Aden qui surplombe la mer d'Oman. Un autre convoi a plutôt pris la direction de l'aéroport, où tous les vols sont suspendus. Les rebelles se sont emparés de l'aéroport quelques heures plus tard.

Le ministre yéménite des Affaires étrangères, Riad Yassin, a révélé à la chaîne Al-Arabiya avoir officiellement demandé l'intervention militaire de la Ligue arabe. M. Yassin sera présent au Sommet arabe qui doit avoir lieu en Égypte dans quelques jours.

M. Yassin affirme que les houthis sont à la solde de l'Iran chiite, une rivale des pays sunnites de la région, et prévient que l'Iran pourrait bientôt prendre le contrôle du Yémen. Les houthis nient être appuyés par l'Iran.

La plupart des écoles, commerces et bureaux gouvernementaux d'Aden étaient fermés mercredi. Des actes de pillage sont aussi rapportés.

M. Hadi avait appelé cette semaine à une intervention militaire des pays voisins pour contrer les rebelles. Il avait aussi demandé à l'ONU d'imposer une zone d'exclusion aérienne au-dessus du Yémen.

La télévision officielle yéménite, qui est contrôlée par les insurgés, a offert une récompense de 100 000 $ US pour la capture du président Hadi, que la communauté internationale reconnaît toujours comme le leader légitime du Yémen.

D'autres responsables ont annoncé la capture du ministre de la Défense, le major-général Mahmoud al-Subaihi, et de plusieurs de ses lieutenants dans la ville de Lahj, dans le sud du pays, où les combats contre les houthis se poursuivent. Les captifs ont ensuite été transférés vers Sanaa.

Les rebelles ont lancé trois frappes aériennes contre le palais présidentiel d'Aden, sans faire de victimes. M. Yassin affirme qu'ils tentaient d'assassiner M. Hadi.

Des responsables militaires affirment que la résistance des forces loyales à M. Hadi et des milices affiliées a réussi à «fragmenter» la progression des houthis vers le sud. Des combats auraient maintenant lieu sur cinq fronts.

Un porte-parole des rebelles, Mohammed Abdel-Salam, a nié que leur objectif soit «d'occuper» le sud du pays.

«Ils seront à Aden dans quelques heures», a-t-il dit à la chaîne Al-Masirah, qui est contrôlée par les houthis.

Al-Masirah rapportait, quelques heures plus tôt, que les rebelles s'étaient emparés de la base aérienne d'Al-Annad, la plus grande du pays, après plusieurs heures de combats.

Archives AFP

Abed Rabbo Mansour Hadi