Le président américain Barack Obama et son homologue afghan Ashraf Ghani devaient évoquer mardi à la Maison-Blanche, lors d'une visite placée sous le signe de l'apaisement, le rythme du retrait des troupes américaines d'ici fin 2016.

À l'issue d'un intervention militaire de 13 ans déclenchée après les attentats du 11 septembre 2001 et qui s'est achevée fin 2014, il reste aujourd'hui environ 10 000 soldats américains en Afghanistan. Ces derniers se concentrent essentiellement sur des opérations d'anti-terrorisme et l'entraînement des forces de sécurité afghanes.

M. Ghani, dont c'est la première visite aux États-Unis depuis son arrivée au pouvoir il y a six mois, a longuement remercié lundi Washington pour son engagement, mais est resté évasif - lors d'une conférence de presse à Camp David - sur ce sujet sensible. Le secrétaire d'État John Kerry a de son côté salué des «discussions fructueuses».

Selon le calendrier initial, le Pentagone devait diviser par deux le nombre de soldats d'ici fin 2015 pour n'en laisser plus qu'un millier environ un an plus tard, essentiellement pour protéger les installations diplomatiques américaines. Mais des aménagements ont été évoqués ces dernières semaines par des responsables américains.

«La question est celle de la flexibilité dont nous disposons dans le rythme de retrait entre aujourd'hui et début 2017», a résumé lundi Josh Earnest, porte-parole de M. Obama, tout en soulignant que le président avait été «clair et ferme» sur l'échéance finale.

Le président afghan débute sa journée par une visite chargée en symboles du cimetière national d'Arlington, près de Washington. A l'issue de réunions et d'un déjeuner de travail à la Maison-Blanche, MM. Obama et Ghani s'exprimeront lors d'une conférence de presse commune.

Soucieux de marquer la différence avec son prédécesseur Hamid Karzaï, qui entretenait des relations orageuses avec l'exécutif américain, le président afghan a assuré lundi que son pays ne serait pas un «fardeau» pour les États-Unis.

Il a expliqué être venu «pour dire merci» au nom d'une «nation reconnaissante» pour les sacrifices des centaines de milliers de soldats américains qui ont été déployés en Afghanistan. Au plus fort de l'intervention occidentale menée par les Américains, environ 130.000 soldats étaient présents dans le pays.

Comme en écho, le secrétaire à la Défense Ashton Carter a assuré lundi que les États-Unis gardaient «un engagement inébranlable dans un partenariat stratégique et fort avec l'Afghanistan».

M. Carter a annoncé que son département allait solliciter auprès du Congrès américain des financements jusqu'en 2017 pour s'assurer que l'armée afghane conserve le même nombre de soldats, soit 352 000.

Discours devant le Congrès 

M. Ghani doit s'exprimer mercredi devant le Congrès américain réuni au grand complet, puis rejoindre New York jeudi pour des rencontres aux Nations unies.

Sa visite comprend aussi un important volet économique, mais «il ne faut pas s'attendre à l'annonce du déblocage de nouveaux fonds pour l'Afghanistan», assure Dan Feldman, représentant spécial américain pour l'Afghanistan et le Pakistan.

Sur le plan politique, l'exécutif américain évoque des progrès «lents mais quantifiables» à Kaboul.

Soucieux de montrer sa détermination à avancer, M. Ghani a publié juste avant le début de sa visite américaine une nouvelle liste de 16 noms pour compléter son gouvernement.

Mais la tâche est loin d'être achevée. A l'approche de la «saison des combats» entre les forces de sécurité afghanes et les insurgés talibans, le portefeuille crucial de la Défense n'a toujours pas été attribué. Et M. Ghani a reconnu que le printemps serait «difficile».

Les talibans afghans continuent de poser leurs propres conditions à la paix, avec pour préalable le retrait total des soldats étrangers toujours présents dans le pays.

Les djihadistes du groupe État islamique devraient également s'inviter au menu des discussions. Nombre d'observateurs redoutent que l'EI ne profite du départ des soldats occidentaux et de l'instabilité persistante dans de nombreuse zones du pays pour y prendre pied.