Benyamin Nétanyahou, qui doit être officiellement chargé cette semaine de former le prochain gouvernement en Israël, a présenté lundi ses excuses pour avoir dénoncé le «danger» de la mobilisation massive des Arabes israéliens aux élections du 17 mars.

Soixante-sept parlementaires sur un total de 120 ont soutenu le premier ministre sortant auprès du président israélien Reuven Rivlin pour qu'il le charge de former le nouveau cabinet, selon la présidence.

M. Rivlin devrait inviter cette semaine M. Nétanyahou à cette fin. Cela pourrait être dès mercredi, après la publication officielle des résultats des élections législatives.

Mais avant de se préparer à former son prochain gouvernement, M. Nétanyahou a tenté d'atténuer les critiques de ses déclarations contre les Arabes israéliens, quelques heures avant la fermeture des bureaux de vote le jour du scrutin.

Pour inciter les partisans du Likoud, son parti, à aller voter, il avait lancé: «Le pouvoir de la droite est en danger. Les électeurs arabes arrivent en masse aux urnes. Les associations de gauche les amènent avec des autobus».

«Je sais que mes déclarations la semaine dernière ont offensé certains citoyens israéliens et des membres de la communauté des Arabes israéliens. Cela n'a jamais été mon intention. Je présente mes excuses pour cela», a-t-il dit.

Le président américain Barack Obama avait critiqué les déclarations de M. Nétanyahou sur le vote arabe comme «un genre de rhétorique contraire à la plus pure tradition israélienne». Il avait aussi dénoncé les propos de M. Nétanyahou qui avait, durant la campagne, enterré l'idée d'un État palestinien s'il était réélu.

Mettre fin à «50 ans d'occupation»

Revenant à la charge lundi, la Maison-Blanche a appelé à mettre fin à une «occupation qui dure depuis près de 50 ans», martelant son attachement à une solution à deux États, israélien et palestinien.

Après sa victoire aux élections, M. Nétanyahou avait assuré qu'il n'était en réalité pas opposé à l'idée d'un État palestinien, mais qu'il fallait «que les conditions changent». Cela n'a pas convaincu l'allié américain.

Déjouant tous les sondages, M. Nétanyahou, 65 ans, a triomphé de son adversaire travailliste Isaac Herzog aux élections. Dans le système israélien, le président consulte les différents partis représentés à la Knesset puis décide lequel ou laquelle des 120 députés est le mieux à même de former une coalition de gouvernement.

A partir de sa désignation par le président, M. Nétanyahou aura 28 jours éventuellement renouvelables une fois pendant 14 jours pour former un gouvernement. La course aux portefeuilles a été lancée quasiment au lendemain des élections.

Si, comme c'est probable, le gouvernement est conforme à la majorité parlementaire qui soutient M. Nétanyahou, il devrait pencher nettement plus à droite que le précédent.

M. Nétanyahou a rallié le soutien des députés du Likoud, des partis nationalistes Foyer juif et Israël Beiteinou, des formations ultra-orthodoxes Shass et Liste Unifiée de la Torah et du parti de centre droit Koulanou.

Les ultra-orthodoxes devraient revenir au gouvernement mais les formations centristes de Tzipi Livni et Yaïr Lapid devraient en sortir.

Pressions américaines 

M. Rivlin passait pour soutenir un gouvernement d'unité nationale pour faire face aux pressions extérieures et aux défis intérieurs et en finir avec une instabilité gouvernementale chronique. Mais les résultats des élections ont contrarié un tel projet.

Premier ministre depuis 2009, M. Nétanyahou formera son gouvernement dans un contexte compliqué.

Avant ses déclarations sur le vote arabe et l'État palestinien, M. Nétanyahou avait provoqué la colère de l'administration Obama en se rendant le 3 mars prononcer devant le Congrès un discours contre l'accord en cours de négociations sur le nucléaire iranien.

Washington dit à présent être forcée de réévaluer le soutien qu'elle apporte à Israël à l'ONU.

La direction palestinienne, quant à elle, compte déposer le 1er avril à la Cour pénale internationale ses premières plaintes pour crimes de guerre contre des dirigeants israéliens, alors que le processus de paix est au point mort depuis près d'un an.

Selon des experts, les pressions exercées actuellement par l'administration américaine viseraient précisément à peser sur la formation du nouveau gouvernement israélien.