Le maire d'Ashkélon, dans le sud d'Israël, a suscité une levée de boucliers en décidant de bannir provisoirement les ouvriers arabes des chantiers dans les écoles maternelles après l'attentat meurtrier de mardi dans une synagogue de Jérusalem.

Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a condamné toute «discrimination» et toute «généralisation» dans l'incrimination des violences récentes.

La décision du maire d'Ashkélon illustre la détérioration des relations entre Israéliens et Palestiniens vivant ou travaillant en Israël dans le contexte de violences qui agitent quotidiennement Jérusalem et qui se sont étendues au reste du pays. La presse israélienne a fait état d'une récente multiplication des licenciements d'employés palestiniens et arabes israéliens.

«Dans les écoles dans lesquelles des travailleurs arabes construisent actuellement des abris, les travaux seront suspendus», a indiqué mercredi soir le maire d'Ashkélon Itamar Shimoni sur sa page Facebook, en faisant référence aux abris protégeant la population contre les tirs de roquettes ou de mortiers.

«Bien que le déploiement de gardes de sécurité soit de la responsabilité du ministère de la Sécurité intérieure, j'ai décidé de placer à partir de demain (ce jeudi) matin des gardes armés près de toutes les écoles maternelles adjacentes à des chantiers sur lesquels travaillent des ouvriers arabes», a-t-il par ailleurs indiqué.

Le déploiement des gardes sera financé par un donateur privé, a précisé le maire de cette ville méditerranéenne de 110 000 habitants, située tout près de la bande de Gaza.

Cette décision, que le maire justifie par la pression des parents, peut théoriquement s'appliquer aussi bien aux Arabes israéliens qu'aux Palestiniens. Des centaines de Palestiniens munis d'un permis de travail vont chaque jour travailler en Israël, principalement sur les chantiers de construction.

Les Arabes israéliens sont les descendants des Palestiniens restés sur leur terre après la création d'Israël en 1948. Ils représentent un Israélien sur cinq, mais ont le sentiment d'être considérés comme des «citoyens de seconde zone».

Les tensions ont redoublé avec l'attentat de mardi dans une synagogue d'un quartier ultra-orthodoxe de Jérusalem, où quatre juifs en prière et un policier ont été tués, en plus des deux auteurs palestiniens de l'attentat, originaires de Jérusalem-Est.

«Il n'y a pas de place pour la discrimination contre les Arabes israéliens. Nous ne pouvons faire de généralité sur l'ensemble d'une population en raison d'une petite minorité violente», a dit le premier ministre dans un communiqué, sans évoquer spécifiquement la décision d'Ashkélon.

«La grande majorité des citoyens arabes d'Israël sont respectueux de la loi et nous agirons de manière vigoureuse et déterminée contre celui qui enfreint la loi», a-t-il ajouté.

«Je comprends les inquiétudes des citoyens face à la vague de terrorisme actuelle, mais cela ne doit pas rejaillir sur des pans entiers de la population», a déclaré de son côté à la radio publique le ministre de l'Intérieur Gilad Erdan.

Le député arabe israélien Ahmed Tibi a quant à lui dénoncé sur la même radio une «décision raciste» et une «infraction à la loi». «Comme d'habitude, les considérations de sécurité servent de feuilles de vigne au racisme», a-t-il ajouté.