La Turquie a condamné avec force mercredi les incidents dans la ville sainte de Jérusalem, dénonçant un «véritable acte de barbarie» de la part d'Israël et appelant le monde musulman à réagir.

«Je condamne de la manière la plus forte l'agression visant l'esplanade des Mosquées. L'entrée des soldats israéliens sur ce site est un véritable acte de barbarie», a déclaré le Premier ministre Ahmet Davutoglu devant la presse.

«Tous les musulmans doivent soutenir (les Palestiniens). Nous allons lancer un appel à la communauté internationale (...) Il appartient au monde musulman de réagir à cette agression inacceptable», a-t-il ajouté.

Plusieurs centaines de manifestants arborant le drapeau palestinien ont manifesté mercredi soir à Istanbul sur la grande rue piétonne d'Istiklal, sur la rive européenne de la mégapole, conspuant l'État hébreu et son «terrorisme d'État», a rapporté l'agence de presse Dogan.

A l'appel d'une organisation caritative islamiste, quelque 200 personnes se sont rassemblées devant la résidence de l'ambassadeur d'Israël dans la capitale turque Ankara, provoquant une intervention des forces de l'ordre, déployées en nombre, a ajouté l'agence.

L'esplanade des mosquées de Jérusalem est un site très sensible et mercredi de violents incidents ont opposé Palestiniens et policiers israéliens.

Un policier israélien a été tué et une dizaine de personnes blessées quand un Palestinien a percuté volontairement des piétons sur une artère séparant Jérusalem-Ouest et Jérusalem-Est, la partie palestinienne de la Ville sainte occupée et annexée par Israël. L'auteur de l'attaque a été abattu par les policiers.

Les Palestiniens dénoncent les visites de plus en plus fréquentes de juifs sur le site comme des provocations, tandis que la frange ultra-nationaliste et religieuse israélienne multiplie les appels à autoriser les juifs à prier sur l'esplanade, également sacrée dans le judaïsme.

La Turquie, dirigée depuis 2002 par un gouvernement islamo-conservateur, soutient la cause palestinienne, et elle est en froid avec Israël en raison d'un incident survenu en 2010 au large de Gaza, sous blocus israélien, qui a coûté la vie à neuf militants Turcs.

Les deux pays, autrefois alliés régionaux, ont rappelé leurs ambassadeurs après cet incident.

John Kerry condamne l'attentat

Le secrétaire d'État américain John Kerry a condamné mercredi l'attentat «terroriste» à la voiture bélier commis par un Palestinien qui a fait un mort à Jérusalem, affirmant que ce genre d'action attisait les tensions.

«Nous appelons tout le monde à la retenue (...) et je condamne l'action terroriste menée aujourd'hui», a-t-il déclaré avant un entretien à Paris avec son homologue jordanien, Nasser Joudeh.

«Il ne s'agit pas seulement d'un acte terroriste, il envenime la situation et attise les tensions», a-t-il ajouté.

La Jordanie, liée à Israël par un traité de paix, a rappelé son ambassadeur à Tel-Aviv et annoncé son intention de porter plainte à l'ONU contre les «violations israéliennes répétées» sur l'esplanade des Mosquées à Jérusalem.

Interrogé par les journalistes, le ministre jordanien a précisé que l'ambassadeur avait été rappelé «pour consultations», sans préciser quand il regagnerait son poste.

Le secrétaire d'État a également eu mercredi un déjeuner avec son homologue français Laurent Fabius. Il fait une courte halte à Paris avant de se rendre à Pékin, afin de préparer la visite en début de semaine prochaine du président Barack Obama.

Photo: AP