Trois jeunes Israéliens sont portés disparus depuis que leur trace a été perdue jeudi soir près d'un bloc de colonies en Cisjordanie, faisant craindre un enlèvement par un groupe palestinien, selon les médias israéliens.

L'armée israélienne s'est refusée vendredi à confirmer officiellement qu'il s'agissait d'un kidnapping.

«Nous ne donnons pas de détails qui pourraient gêner l'enquête», a déclaré un porte-parole militaire, en se bornant à indiquer que des opérations de recherches de «grande ampleur» étaient en cours pour retrouver les disparus, sans donner d'autres détails.

Selon les médias, les trois jeunes Israéliens, qui étudiaient dans une yéchiva (séminaire talmudique), pourraient avoir été enlevés par des Palestiniens. L'un d'eux est aussi de nationalité américaine et l'ambassade des États-Unis a été prévenue, a précisé la radio publique.

Ils ont disparu jeudi soir alors qu'ils faisaient de l'auto-stop près du Gush Etzion, un bloc de colonisation situé entre les villes palestiniennes de Bethléem et de Hébron (sud de la Cisjordanie) pour se rendre à Jérusalem.

Selon un journaliste de l'AFP, l'armée a établi des barrages dans la région du Gush Etzion et de Hébron bloquant les routes et contrôlant les véhicules.

Les télévisions israéliennes ont diffusé des images d'une voiture calcinée près d'Hébron, qui aurait pu être utilisée par les ravisseurs.

Selon un photographe de l'AFP, l'armée israélienne a envoyé des renforts dans la région et procédé à des perquisitions dans un quartier de l'agglomération palestinienne de Dura, au sud-ouest de Hébron.

Les deux principaux points de passage entre Israël et la bande de Gaza ont été fermés, l'armée redoutant que les trois jeunes ne soient transférés vers ce territoire contrôlé par le mouvement islamiste Hamas.

Netanyahu accuse Abbas

M. Netanyahu a organisé une réunion de «consultations» à Tel-Aviv avec notamment le ministre de la Défense Moshé Yaalon, le chef d'état-major, le général Benny Gantz et des responsables du Shin Bet, le service de sécurité intérieure.

Dans la soirée, son bureau a fait savoir qu'il s'était entretenu avec le secrétaire d'État américain John Kerry. Durant cette conversation téléphonique, M. Netanyahu a répété qu'il tenait Mahmoud Abbas, le président de l'Autorité palestinienne, pour «responsable» du sort des trois disparus.

«Ce qui se passe sur le terrain depuis que le Hamas est entré dans le gouvernement palestinien est destructeur. Tout cela résulte de l'entrée d'une organisation terroriste meurtrière dans ce gouvernement», a déploré M. Netanyahu.

M. Kerry a également téléphoné au président Abbas, selon une source officielle palestinienne.

Le porte-parole des services de sécurité de l'Autorité palestinienne, le général Adnane al-Damiri, a qualifié de «folles» les accusations de M. Netanyahu en soulignant que «l'Autorité palestinienne ne dispose d'aucun pouvoir» dans la région du Gush Etzion, qui se trouve en «Zone C», entièrement sous le contrôle civil et militaire d'Israël.

Selon un autre responsable palestinien, les services de sécurité de l'Autorité «coopèrent» néanmoins avec les agences israéliennes «pour collecter des renseignements» sur la disparition des trois Israéliens.

M. Netanyahu n'a cessé de dénoncer l'alliance entre le Hamas et l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) qui ont signé un accord de réconciliation le 23 avril. Cet accord a débouché sur un gouvernement d'union palestinien, soutenu par le Hamas mais composé de personnalités indépendantes, qui a déclenché la colère d'Israël.

Sans se référer spécifiquement à la disparition des trois jeunes Israéliens, la branche armée du Hamas a affirmé sur son site que «tant qu'il y aura une résistance palestinienne en Cisjordanie, l'occupant (israélien) ne se sentira jamais en sécurité».

«Les sionistes seront brûlés par le feu de leurs crimes contre les prisonniers», a affirmé Abou Obeida, le porte-parole des Brigades Ezzedine al-Qassam, en faisant allusion à la longue grève de la faim des prisonniers palestiniens en détention préventive en Israël.

Cette grève de la faim observée depuis le 24 avril par quelque 250 détenus palestiniens, dont 80 ont été hospitalisés, a provoqué des manifestations de solidarité ces derniers jours en Cisjordanie, à Gaza et à Jérusalem-Est.

Le dernier enlèvement d'un Israélien remonte à 2006 lorsque le soldat Gilad Shalit avait été fait prisonnier et détenu dans la bande de Gaza par le Hamas avant d'être libéré en 2011 en échange de 1027 prisonniers palestiniens.