Cinq membres présumés d'Al-Qaïda, dont un chef local originaire de Tchétchénie, et deux soldats ont été tués dans des combats samedi dans le sud du Yémen où l'armée mène une offensive contre le réseau extrémiste, selon des sources officielle et militaire.

«Quatre combattants d'Al-Qaïda ont été tués et neuf autres blessés» dans de violents affrontements avec l'armée dans la province d'Abyane, a déclaré à l'AFP une source militaire sur le terrain.

Au cours des combats, qui ont eu lieu dans la région de Sanaj, située entre Maajala et Wadi Dheiqa, un fief d'Al-Qaïda, «deux soldats ont été tués et quatre autres blessés», a-t-on ajouté de même source.

Un peu plus tôt, le ministère de la Défense a annoncé la mort à Maajala d'un jihadiste tchétchène, présenté comme un chef local.

L'homme, identifié comme Abou Islam al-Chicheni, a été abattu lors «des opérations militaires (...) menées contre les éléments terroristes à Abyane», a ajouté le ministère sur son site 26sep.net.

Il s'agit du deuxième jihadiste étranger du groupe Al-Qaïda dans la Péninsule arabique (Aqpa), dont la mort est annoncée par les autorités depuis le lancement mardi de l'opération visant à déloger les membres du réseau de leurs repaires à Abyane et dans la province voisine de Chabwa.

Le ministère de la Défense avait annoncé jeudi la mort d'Abou Moslem al-Ouzbéki, un chef local d'Aqpa à Abyane, dans un accrochage avec l'armée.

Simultanément, l'armée a arrêté un deuxième jihadiste originaire d'Ouzbékistan, a indiqué samedi à l'AFP une autre source militaire, sans donner plus de détails.

Ces révélations confirment la présence de jihadistes de différentes nationalités dans les rangs d'Aqpa.

Le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi a affirmé cette semaine que «70% des membres d'Aqpa» étaient des étrangers, faisant état de la présence dans les morgues au Yémen de cadavres de jihadistes originaires notamment du «Brésil, des Pays-Bas, d'Australie, de France et d'Allemagne».

Il n'a pas été possible d'obtenir plus de détails sur ces jihadistes tués au Yémen.

Samedi, les forces gouvernementales, soutenues par des avions de combat, ont intensifié les opérations contre les positions des insurgés, poussant des habitants à fuir par centaines les zones de combat à Abyane et Chabwa, selon des témoins.

Un responsable militaire, cité par l'agence officielle Saba, a appelé les habitants à rester chez eux «jusqu'à nouvel ordre» en raison de la poursuite des opérations.

Dans une nouvelle vidéo mise en ligne samedi, le responsable d'Aqpa dans le sud du Yémen, Jalal Belaïd al-Marqachi, a qualifié de «croisade» l'offensive de l'armée, décidée selon lui, lors d'une récente visite du ministre yéménite de la Défense aux États-Unis.

«Nous combattons l'ennemi avec les hommes des tribus qui ont dénoncé les raids américains et cette offensive sauvage de l'armée», a-t-il dit.

Tout en appelant les militaires à renoncer à «cette guerre perdue (d'avance)», il affirme que ses combattants «ne déposeront pas les armes jusqu'à l'établissement de la charia» au Yémen.

À Moukalla, chef-lieu de la province du Hadramout (sud-est), un kamikaze a fait exploser une voiture piégée à l'entrée d'une antenne des services de renseignement blessant deux gardes militaires, a indiqué une source de sécurité.

L'assaillant est «un kamikaze d'Al-Qaïda», a-t-elle ajouté, en précisant que les gardes blessés avaient ouvert le feu sur la voiture piégée au moment où elle fonçait en direction de l'entrée des locaux.

Dans la capitale du sud, Aden, un officier de l'armée a été tué par balles vendredi soir par des inconnus dans le quartier Mansoura, selon une source de sécurité.

Aden a été le théâtre ces derniers mois de plusieurs attaques armées contre des officiers de l'armée et de la police.

Les villes d'Aden et de Moukalla ne sont pas visées par l'actuelle offensive militaire anti-Qaïda.

Le chef militaire d'Aqpa, Qassem al-Rimi, a menacé vendredi les autorités de représailles après les attaques meurtrières menées par des drones américains contre le réseau au Yémen.

Aqpa, considérée par les États-Unis comme l'émanation la plus dangereuse du réseau, avait profité de l'affaiblissement du pouvoir central au Yémen en 2011, à la faveur de l'insurrection populaire contre l'ancien président Ali Abdallah Saleh, pour renforcer sa présence notamment dans le sud et l'est du pays.