Au moins 15 personnes ont péri dans des violences en Irak samedi à quatre jours des premières élections générales depuis le départ des troupes américaines en 2011, selon des sources médicales et de sécurité.

Au nord de Bagdad, dans la province de Salaheddine, des assaillants ont abattu quatre policiers et fait exploser des bombes dans deux bureaux de vote.

Un conseiller provincial et trois de ses gardes ont été tués par des insurgés dans la même province.

Dans le centre de Bagdad, trois personnes ont péri dans un attentat à la bombe contre un café et quatre ont été abattues dans des attaques séparées aux alentours de la capitale.

Selon un officier de police, au moins deux de ces assassinats semblent être des actes de vengeance au lendemain d'un attentat contre réunion électorale d'une formation chiite dans lequel 36 personnes ont péri à Bagdad.

Cet attentat, le plus meurtrier visant une réunion électorale depuis le début de la campagne pour les législatives du 30 avril, a été revendiqué par l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL), un groupe sunnite ultra-radical.

Vers 17H30 vendredi (10H30 à Montréal), une voiture piégée a explosé puis un kamikaze a fait détoner sa charge lors d'un rassemblement de la branche politique de la milice Assaïb Ahel al-Haq, selon le ministère de l'Intérieur.

D'après un responsable du ministère, le chef du parti des Citoyens, organisation considérée comme proche du régime iranien, participait à la réunion, de même que le leader de la milice chiite visée, Qaïs al-Khazali.

Cette milice, «La Ligue des Vertueux», accusée de l'enlèvement d'un Britannique et du meurtre de cinq soldats américains en 2007, est aussi soupçonnée d'être liée à des groupes combattant la rébellion en Syrie.

L'EIIL, qui lutte de son côté contre le régime de Bachar al-Assad, a affirmé dans un communiqué que l'attentat visait à venger «ce que les milices (chiites) font en Irak et en Syrie: tuer et torturer les sunnites».

Dans la ville sainte chiite de Najaf, au sud de Bagdad, «La Ligue des Vertueux» a organisé les funérailles de plusieurs victimes de l'attentat de Bagdad, a constaté un journaliste de l'AFP.

«Le fait que nous défendions les lieux saints (chiites) en Syrie et notre soutien à l'État (irakien) et aux forces de sécurité dans la lutte antiterroriste ont poussé ces criminels à nous prendre pour cible», a lancé un des participants aux funérailles, en référence au sanctuaire chiite de Sayyeda Zeinab, près de Damas, où des Irakiens chiites sont partis combattre.

Les élections législatives, premier scrutin national organisé depuis le départ des troupes américaines fin 2011, interviennent sur fond d'une escalade des violences qui ont atteint des niveaux jamais vus depuis 2008, lorsque le pays sortait tout juste d'un conflit confessionnel particulièrement meurtrier, après l'invasion américaine de 2003.

Depuis le début 2014, près de 3000 personnes ont péri dans des attaques, que ni l'armée ni la police, elles-mêmes régulièrement visées, ne parviennent à juguler.

Les candidats aux législatives jouent eux-mêmes sur les divisions confessionnelles, alimentées par la crise syrienne.

Au pouvoir depuis 2006, le premier ministre Nouri al-Maliki, un chiite, espère remporter un troisième mandat, bien qu'il soit contesté par la minorité sunnite et accusé par ses détracteurs de se comporter comme un «dictateur».