Un commando taliban retranché dans un immeuble a attaqué samedi pendant plusieurs heures le siège de la Commission électorale indépendante (IEC), avant d'être abattu, à Kaboul où la violence devient quasi-quotidienne à une semaine du premier tour de la présidentielle.

Les rebelles islamistes ont promis de multiplier les attaques et de mobiliser tous leurs moyens pour «perturber» ce scrutin clé pour la transition démocratique en Afghanistan, pays miné par trois décennies de guerre.

L'opération lancée contre le siège de l'IEC, instance chargée de veiller au bon déroulement de l'élection, n'a toutefois fait aucune victime, hormis les cinq assaillants, a assuré le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Sediq Sediqqi.

Le porte-parole de l'IEC, Noor Mohammad Noor, avait indiqué que les employés de la commission avaient réussi à se «réfugier dans des pièces bunkerisées» dès les premiers signes de l'attaque.

L'opération a été lancée vers 12 h (3 h 30 à Montréal) par un groupe de combattants talibans «revêtus des burqas», a expliqué Sediq Sediqqi. Ce subterfuge est régulièrement utilisé par les rebelles pour tromper la vigilance des forces de sécurité afghanes.

Le commando est parvenu à prendre position dans un immeuble depuis lequel il a pu tirer à l'arme automatique et au lance-roquettes contre le siège de l'IEC, endommageant un entrepôt, selon les autorités afghanes et des témoins.

Déployées rapidement sur place, les forces de sécurité afghanes ont encerclé les rebelles, avant de les éliminer après six heures de combats.

«Ils ont tous été abattus. Quatre cadavres ont retrouvés, le cinquième attaquant s'étant apparemment fait exploser», a dit le porte-parole du ministère de l'Intérieur, en précisant que deux membres de l'unité d'élite de la police afghane avaient été «légèrement blessés».

Situé dans l'est de Kaboul, le siège de la Commission électorale indépendante, un bâtiment ultra-protégé aux airs de petite forteresse, constituait, en raison même de sa nature, une cible évidente pour les talibans.

Les rebelles, artisans d'une violente insurrection depuis leur éviction du pouvoir en 2001, avaient rapidement revendiqué l'attaque, qui a également touché des locaux de la mission de l'ONU en Afghanistan (Unama).

«Les employés de l'ONU sont sains et saufs», a néanmoins indiqué dans un communiqué l'Unama, en «condamnant» cette attaque.

De plus en plus d'attaques 

Cette nouvelle opération des talibans intervient à une semaine seulement du premier tour de la présidentielle afghane, le 5 avril, qui désignera le successeur de Hamid Karzaï, seul homme à avoir dirigé le pays depuis la chute des talibans et à qui la Constitution interdit de briguer un troisième mandat.

La campagne électorale a déjà été marquée par de nombreuses violences des insurgés, dont la fréquence des attaques augmente à l'approche du premier tour.

Vendredi, deux Afghans, dont une fillette, ont été tués dans la capitale afghane lors d'un assaut des insurgés contre une résidence d'ONG. Mardi, les violences ont fait quinze morts dans le pays, dont cinq lors d'une opération talibane contre un bureau régional de l'IEC à Kaboul.

Le 20 mars, neuf personnes, dont le journaliste afghan de l'AFP Sardar Ahmad, sa femme et deux de ses enfants, ont péri dans l'attaque de l'Hôtel Serena, l'établissement le plus prestigieux de la capitale afghane.

La rébellion semble cibler aussi bien les lieux fréquentés par les étrangers (quatre attaques depuis le début de l'année) que des institutions chargées d'organiser l'élection.

Les favoris du scrutin sont Zalmai Rassoul, un ancien ministre des Affaires étrangères proche du pouvoir sortant, Ashraf Ghani, un économiste réputé, et Abdullah Abdullah, un ténor de l'opposition arrivé en 2e position lors de la présidentielle de 2009.

M. Ghani arrive en tête des intentions de vote du premier tour (27,1%), indique un rare sondage sur la présidentielle publié samedi par un bureau international d'étude spécialisé sur l'Afghanistan, ATR Consulting.

Il est talonné par M. Abdullah (24,6%), alors que M. Rassoul n'obtient que 8%, selon cette enquête réalisée auprès de 3222 personnes et qui montre que 28,8% des électeurs sont encore indécis.

Les Afghans se rendront aux urnes alors que le pays traverse une période d'incertitude à l'approche du retrait des quelque 50 000 soldats de la force internationale de l'OTAN (Isaf), d'ici à la fin de l'année.