L'armée irakienne a intensifié samedi ses opérations contre les rebelles liés à Al-Qaïda, qui contrôlent des secteurs de l'ouest du pays, tuant 50 d'entre eux, selon la police et le ministère de la Défense.

Depuis début janvier, des insurgés de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL, lié à Al-Qaïda) contrôlent entièrement la ville de Fallouja, où ils imposent désormais leur loi, et ont installé un tribunal islamique. Des secteurs de la ville proche de Ramadi, et des zones rurales entre ces deux villes à l'ouest de Bagdad, sont également aux mains d'insurgés.

Soldats et policiers, appuyés par des combattants tribaux, ont lancé samedi un nouvel assaut contre trois quartiers de Ramadi. Au moins 35 rebelles ont été tués, et de nombreuses armes saisies, selon l'officier de police et commandant d'une milice tribale Mohammed Khamis Abou Risha.

Selon un journaliste de l'AFP sur place, les combats à Ramadi sont les plus violents depuis plusieurs semaines, et tous les téléphones portables et les connexions internet ont été coupés.

À Fallouja, l'armée a mené des raids aériens sur un quartier du nord de la ville, tuant 15 insurgés, selon le ministère de la Défense. Les soldats restent déployés autour de Fallouja et évitent d'y pénétrer par crainte d'un bain de sang.

Fallouja, à 60 km à l'ouest de Bagdad, était un bastion de l'insurrection après l'invasion américaine de 2003.

En 2004, l'armée américaine elle-même avait eu énormément de mal à reprendre Fallouja, et les deux assauts menés contre la ville pour en déloger les insurgés avaient donné lieu aux combats parmi les plus violents depuis la guerre du Vietnam.

Les combats opposent des membres de l'EIIL, alliés à d'autres insurgés et à des groupes antigouvernementaux, à l'armée et la police, soutenues par des tribus locales. Ils ont fait des centaines de morts depuis début janvier, selon des chiffres officiels.

Ramadi et Fallouja sont situées dans la province d'Al-Anbar, une région désertique à majorité sunnite qui partage une frontière avec la Syrie.

Selon l'ONU, plus de 140 000 personnes ont fui ces violences, le plus vaste déplacement de population en cinq ans en Irak.

Ailleurs en Irak, au moins huit personnes ont été tuées dans des attaques alors que les violences ont fait plus de 1000 morts en janvier dans le pays, ce qui en fait le mois le plus meurtrier depuis avril 2008, selon un bilan établi à partir de sources officielles irakiennes.

L'ONU a de son côté fait état de 733 morts pour le moi de janvier, mais elle a souligné que ce bilan ne tenait pas compte des victimes dans la province d'Al-Anbar.

«Les opérations de sécurité doivent s'accompagner de politiques d'insertion, fondées sur le respect des droits de l'Homme, de la loi et du développement social», a déclaré l'envoyé spécial de l'ONU dans le pays, Nickolay Mladenov, dans un communiqué.