Le président afghan Hamid Karzaï s'est engagé lundi à rester «neutre» dans la présidentielle d'avril, bien que plusieurs de ses proches, dont son propre frère et son ancien ministre des Affaires étrangères, figurent parmi les candidats.

«Je resterai, de même que mes deux vice-présidents, neutre», a assuré M. Karzaï lors d'une conférence de presse au palais présidentiel de Kaboul.

«Bien entendu, en tant qu'individus, nous aurons nos préférences. Mais je peux vous promettre que nous ne laisserons pas le gouvernement être utilisé au profit de l'un ou l'autre (des candidats)», a insisté le président afghan.

Le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Sediq Sediqqi, a également affirmé dimanche que les forces de police afghanes, qui joueront un rôle déterminant pour assurer le bon déroulement du scrutin, «resteront neutres» pendant l'élection.

M. Karzaï, 55 ans, ne peut briguer un troisième mandat selon la Constitution, et n'a adoubé jusqu'à présent aucun candidat à la présidentielle.

Mais selon les observateurs, il pourrait être tenté de peser sur le scrutin pour préparer un retour en politique, ou pour préserver le réseau d'influence qu'il a construit ces dernières années en plaçant ses proches à des postes clefs de l'administration.

Hamid Karzaï est le seul homme à avoir dirigé le pays depuis la chute en 2001 des talibans, qui mènent depuis une violente insurrection contre les forces nationales afghanes et leurs alliés de l'OTAN.

La phase de dépôt des candidatures à la présidentielle s'est achevée dimanche. Parmi les prétendants à la succession de M. Karzaï figurent plusieurs de ses proches, comme son ancien ministre des Affaires étrangères, Zalmai Rassoul, ou son frère aîné, Qayum Karzaï.

L'opposant Abdullah Abdullah, qui avait talonné Hamid Karzaï lors de la présidentielle de 2009, l'ex-chef de guerre Abdul Rasul Sayyaf et l'économiste de renom Ashraf Ghani sont aussi candidats.

La présidentielle aura lieu le 5 avril dans un contexte d'incertitudes alimenté par les violences persistantes dans le pays et le départ prévu fin 2014 des 87 000 soldats de l'OTAN.

Le président Karzaï a indiqué qu'il userait de «toute son autorité» pour s'opposer à d'éventuelles tentatives «d'ingérence» des puissances étrangères dans le scrutin.

«En 2009 (lors de la précédente élection, NDLR) je me suis tu quand des puissances étrangères sont intervenues», a-t-il poursuivi. «Notre gouvernement fera en sorte que cela n'arrive pas» en 2014, a-t-il dit.

Le président Karzaï avait accusé les Occidentaux d'avoir orchestré les fraudes massives lors de l'élection de 2009, scrutin qu'il a pourtant remporté après avoir lui-même fait l'objet d'accusations similaires.