Quatre agents des services secrets ont été tués et des dizaines de civils blessés dimanche en Afghanistan dans l'attaque par des talibans d'un bureau du renseignement afghan (NDS), au lendemain d'une frappe aérienne de l'OTAN qui pourrait avoir causé la mort d'une dizaine de civils.

Dimanche après-midi, un groupe de six rebelles armés a réussi à pénétrer dans la cour des bureaux des services secrets afghans à Maidan Shar, capitale de la province du Wardak (sud-ouest de Kaboul), après avoir fait exploser une voiture piégée devant le portail du bâtiment, a déclaré à l'AFP le porte-parole du gouvernement local, Attaullah Khogyani.

«Cinq assaillants et quatre agents du NDS ont été tués dans les affrontements qui ont suivi», pendant près d'une heure, le sixième ayant perdu la vie dans l'explosion du véhicule piégé, a ajouté le responsable.

Sur place, un photographe de l'AFP a vu les corps de cinq insurgés tués par les forces afghanes et un cratère de plusieurs mètres de diamètre causé par l'explosion de la voiture piégée.

Le porte-parole a indiqué qu'une «trentaine de civils» avaient été blessés au cours de l'attaque. Mais un responsable d'un hôpital local, le Dr Ghulam Farooq Wardak, a fait état d'un bilan beaucoup plus lourd: quelque «153» personnes, dont 23 femmes et deux enfants, ont été hospitalisées, a-t-il dit, évoquant 12 personnes dans un état critique.

Cette attaque, revendiquée par les talibans, intervient au lendemain d'une frappe aérienne de la Force internationale de l'OTAN en Afghanistan (Isaf) contre un véhicule dans lequel se trouvaient des insurgés, mais aussi, selon des responsables locaux, des civils.

«Un véhicule civil (...) a été frappé par un tir de drone des forces internationales» dans la province de Kunar, le long de la frontière pakistanaise, une zone où les insurgés islamistes sont très présents, a indiqué à l'AFP le chef de la police locale, Abdul Habib Sayedkhil.

Dix civils ont été tués, a-t-il ajouté, précisant que l'attaque avait aussi causé la mort de «quatre insurgés armés». Ces derniers seraient montés avant la frappe aérienne dans le véhicule, un pick-up où se trouvaient les civils, dans des circonstances qui restent à déterminer.

Le gouverneur de la province, Shujaul Mulk Jalala, a fait part d'un bilan sensiblement plus élevé, évoquant la mort «d'au moins douze civils».

«Nous pouvons confirmer que les forces de la coalition ont mené une frappe de précision hier (samedi) dans la province de Kunar», a réagi la Force internationale de l'OTAN en Afghanistan (Isaf), dans un communiqué.

Cette attaque «a causé la mort de dix membres des forces ennemies», a ajouté la coalition. «À ce stade, nous n'avons pas d'informations sur l'existence de victimes civiles».

Les victimes civiles causées par les frappes aériennes de l'OTAN sont un motif de colère récurrent du président afghan Hamid Karzaï à l'égard de la force internationale. Début février, le président afghan avait interdit à ses forces armées de solliciter l'appui aérien de l'OTAN, après que dix femmes et enfants ont trouvé la mort, également dans la province de Kunar.

Ces tirs et bombardements sont également particulièrement impopulaires auprès de la population afghane.

«C'était une attaque brutale», a déclaré à l'AFP Ziarat Gul, un habitant de la zone où a lieu la frappe. «Même si des insurgés étaient dans le véhicule, ils n'auraient pas dû attaquer (...). La vie des civils est plus précieuse et plus importante que celles des insurgés».

Malgré près de douze ans de guerre, les talibans, chassés du pouvoir en 2001, n'ont toujours pas été mis hors de combat, et poursuivent une violente guérilla contre les forces internationales et gouvernementales afghanes.

L'attaque menée dimanche contre les services secrets afghans montre que le chemin vers la paix sera long et difficile, malgré la libération samedi par le Pakistan voisin de sept responsables talibans afghans, un geste destiné à «faciliter le processus afghan de réconciliation nationale», selon Islamabad.