Une vague d'attentats coordonnés a frappé mercredi matin Bagdad et ses environs, faisant au moins 65 morts et plus de 140 blessés, alors que l'Irak s'enfonce dans une spirale de violences.

Une dizaine de voitures piégées ont explosé en différents points de la capitale, notamment dans des quartiers à majorité chiite, à une heure où de nombreux habitants se rendaient à leur travail, selon des sources policières et médicales.

Sept membres d'une famille chiite ont aussi été tués par des inconnus qui les ont abattus pendant leur sommeil. Trois enfants âgés de trois à 12 ans comptent parmi les victimes.

Le quartier de Kazimiyah, où on retrouve une mosquée chiite bien connue, a été le plus durement touché. Deux bombes ont explosé dans un terrain de stationnement, avant qu'un kamikaze ne se donne la mort parmi les curieux. La police dénombre 10 morts et 27 blessés.

L'explosion d'une voiture piégée dans un secteur commercial du quartier de Shaab a fait neuf morts et 15 blessés.

Les quartiers de Sadr City, Shula, Jisr Diyala, Bayaa, Jamila, Hurriyah, Saydiyah et Nouveau-Bagdad ont aussi été frappés.

Des attentats ont enfin été commis à Mahmoudiyah, à 30 kilomètres au sud de Bagdad, et à Madain, à 25 kilomètres au sud-est de la capitale irakienne.

L'Irak a renoué depuis quelques mois avec le niveau de violences connu en 2008 lorsque le pays sortait à grand peine d'une quasi-guerre civile opposant sunnites et chiites.

Depuis le début 2013, plus de 3700 personnes ont péri dans des attentats, selon un bilan établi par l'AFP à partir de sources médicales et de sécurité.

La dernière vague d'attaques intervient malgré le renforcement des mesures de sécurité dans la capitale.

L'attentat le plus sanglant s'est produit dans le quartier Jisr al-Diyala, dans le sud-est de Bagdad, où au moins sept personnes ont été tuées et 21 blessées.

D'autres quartiers chiites ont été visés, notamment Kadhimiyah et Sadr City.

Dans le quartier de Shaab, où deux voitures piégées ont explosé, Marwa, une jeune femme de 18 ans, dont l'immeuble a été endommagé par une des déflagrations, accusait les politiciens de ne rien faire face aux attentats.

«Notre maison est en ruines. Et les hommes politiques passent leur temps à se battre pour obtenir des sièges, plutôt que de s'intéresser à nous», a-t-elle déclaré, en pleurs, à l'AFP.

Aucun groupe n'a revendiqué ces attaques, mais des groupes extrémistes sunnites liés à Al-Qaïda sont généralement tenus pour responsables d'attentats visant les chiites.

Ces attentats, estiment les spécialistes, visent à alimenter le conflit confessionnel et à déstabiliser le pays qui peine à retrouver une stabilité politique et sécuritaire, dix ans après l'invasion américaine qui a renversé Saddam Hussein.

La spirale de violences coïncide avec un mécontentement croissant de la minorité sunnite, au pouvoir sous Saddam Hussein, à l'encontre du gouvernement accusé notamment de pratiquer des arrestations arbitraires.

L'ONU et nombre de diplomates ont appelé le gouvernement du Premier ministre chiite Nouri al-Maliki à adopter des réformes pour éviter de marginaliser plus avant les sunnites, au risque de favoriser leur recrutement par les extrémistes.

Mais, en réponse aux violences, le gouvernement a intensifié une campagne contre les insurgés sunnites, procédant à de nombreuses arrestations.

La paralysie de l'appareil politique, associée à une corruption rampante et à une défaillance des services publics, ajoutent par ailleurs à l'exaspération et à la colère des Irakiens.

-Avec Associated Press