Les autorités irakiennes recherchaient activement mardi les centaines de prisonniers, dont certains hauts responsables d'Al-Qaïda, libérés la veille lors d'attaques contre deux prisons revendiquées par le réseau extrémiste.

Un groupe lié à Al-Qaïda, l'État islamique en Irak et au Levant, a affirmé mardi avoir mené ces attaques, indiquant dans un communiqué diffusé sur l'internet que «plus de 500 moudjahidin ont été libérés» lors de cette opération «planifiée depuis des mois».

«De hauts responsables d'Al-Qaïda font partie de ceux qui se sont évadés et l'opération (des groupes armés) a été montée dans ce but précis», a déclaré à l'AFP un haut responsable de la sécurité irakienne, ajoutant qu'ils étaient activement recherchés.

Des experts ont souligné que ces évasions de cadres du réseau ajoutaient à la défiance à l'égard du gouvernement, déjà accusé d'incurie face à la recrudescence des violences ces derniers mois.

«Selon nos premières informations, des émeutes ont d'abord éclaté dans les prisons puis des détenus ont pris des armes aux gardes et donné le signal aux groupes armés qui attendaient à l'extérieur» pour passer à l'attaque, a ajouté le haut responsable.

De son côté, le ministère de l'Intérieur a indiqué que les attaques concertées avaient débuté à la nuit tombée dimanche soir par une pluie d'obus de mortiers tirés sur les prisons de Taji, au nord de Bagdad, et Abou Ghraib, dans l'ouest de la capitale.

Les assaillants ont ensuite donné l'assaut aux prisons à l'aide de voitures piégées et de kamikazes portant des ceintures d'explosifs, selon le ministère.

«La plupart des détenus qui se sont évadés d'Abou Ghraib sont des hauts responsables d'Al-Qaïda qui ont été condamnés à mort», a déclaré à l'AFP Hakim al-Zamili, un membre de la commission de Sécurité et de Défense au Parlement.

Selon ce député, 500 détenus se sont évadés d'Abou Ghraib, prison rendue tristement célèbre par les sévices commis par les Américains sur des détenus irakiens en 2004.

Aucun n'aurait pu s'échapper de Taji.

Ces deux prisons, les plus grandes du pays, hébergeaient quelque 10 000 détenus.

«Ces terroristes vont chercher à gagner la Syrie pour rejoindre leur organisation avant de revenir en Irak pour se livrer à de nouveaux attentats», a estimé M. Zamili.

Le porte-parole du ministère de la Justice, Wassam al-Fraiji, s'est refusé à préciser combien de prisonniers s'étaient évadés, mais a affirmé mardi matin que 108 avaient été repris.

Selon les autorités, une vingtaine de membres des forces de sécurité et une vingtaine de prisonniers ont été tués pendant les accrochages qui ont duré près de 10 heures.

Le ministère de la Justice avait affirmé lundi que «des gardes ont collaboré avec les gangs terroristes», sans donner plus de précisions.

Un cordon de sécurité a été mis en place tout autour des prisons où des renforts ont été déployés, et un couvre-feu complet a été décrété dans les quartiers limitrophes pour faciliter la recherche des prisonniers, a indiqué mardi M. Fraiji.

Une cellule de crise a été mise en place au sein du bureau du premier ministre pour coordonner les opérations, a-t-il ajouté.

«Tout ceci met le gouvernement dans une situation des plus embarrassantes», a estimé Ali al-Haidari, un expert irakien en matière de sécurité.

«Cela va porter un coup à la confiance qu'ont les gens dans les services de sécurité et dans le gouvernement» à un moment où les attentats reprennent de plus belle, a-t-il ajouté.

«De telles évasions touchant les plus grandes prisons du pays donnent encore un signe de la dégradation de la situation sécuritaire, dans le pays en général et à Bagdad en particulier», a estimé pour sa part Hamid Fadhel, politologue à l'Université de Bagdad.